Apprendre et réviser les ouvertures avec les flashcards

Je me lassais un peu d’Anki ; assis à une table, devant un écran… usine à gaz si on désire optimiser les algorithmes de révision… En fait, je ne l’utilisais qu’une à deux fois par mois afin de mémoriser quelques coups d’ouverture : largement insuffisant pour en tirer profit.

Enfin, bref : je me suis mis aux fiches bristol 100×150 à petits carreaux.

Plusieurs objectifs :

  • S’affranchir d’un écran
  • Plus de souplesse dans le décalage des fiches selon la qualité de la réponse
  • Disponible sans ordi, donc a priori accessibilité améliorée
  • En conséquence : travail quotidien facilité (jour pair pour les blancs, et jour impair pour les noirs, encore que ce soit faisable avec Anki)
  • Le but n’est pas d’être incollable jusqu’à la sortie de l’ouverture, mais d’avoir aussi quelques idées sur certains variantes que l’adversaire peut proposer (piège, gambit gênant, ou simple mauvais coup)

On peut élargir un peu le contenu et ne pas se contenter du schéma du genre : « Après 6.c4, quel est le coup des noirs ? ». Par exemple :

  • fiche avec tabiya d’une variante donnée sur 5 à 10 coups (ou plus selon votre préparation)
  • fiche avec question sur la réponse à un coup de l’adversaire
  • au dos de la fiche : prolonger la réponse avec une autre question subsidiaire
  • sur une position clef, demander le premier coup adverse des suites les plus fréquentes avec la réponse à donner.
  • y intégrer des questions stratégiques et positionnelles selon l’ouverture
  • compléter la réponse avec les orientations stratégiques pour une variante donnée
  • indiquer une partie pouvant illustrer la variante
  • autant au recto qu’au verso : utiliser des surligneurs sur certains coups afin de mieux visualiser la réponse ou les coups aboutissant à des variantes. Ou surligner le titre de la fiche (titre : avec les blancs, partie écossaise avec 4. … Cxd4) en rouge pour indiquer une fiche visant à punir un mauvais coup de l’adversaire.
  • utiliser un code ECO en titre
  • indiquer si vous vous inspirez d’une bibliothèqe d’ouverture comme celle de chessbase, si c’est la réponse de Stockfish, ou celle souvent jouée sur Lichess en partie rapide par des joueurs classés entre 1600 et 1800.

S’il s’avère que Chessbase est la source de référence, on peut bien évidemment s’aider d’un livre, de Lichess, de certaines vidéos de qualité (j’aime bien Hanging Pawns) ou s’aider de Stockfish. Lorsque les coups ne sont pas répertoriés, ou en tout cas n’ont pas été joués trop souvent (je serais tenté de dire moins d’une cinquantaine de fois sur Chessbase – sur 8 millions de parties ! – ), c’est qu’on est sorti de la théorie. La méthode ne s’applique qu’aux coups théoriques. A chacun de créer ses fiches selon son répertoire.

Les ouvertures rencontrées lors de tournois ou rencontres inter-club sont intégrées afin de ne pas rejouer un coup désastreux ou d’être en mesure de « punir » celui de l’adversaire. Par contre, il faut être prudent car on a vite fait d’avoir des doublons, ou même deux fiche sur une même variante avec des réponses différents à la même question !

De parties en parties, de tests en tests, de révisions en révisions, certaines fiches pourront être actualisées (par exemple : remplacées par une meilleure suite ou écartées du stock à réviser) et d’autres ajoutées selon les problèmes rencontrés dans certaines parties.

Mise en pratique (méthode facile)

  1. Se constituer un stock d’au moins 15-20 fiches (pour une ouverture, pour quelques ouvertures, pour une variante… peu importe, cela va dépendre du programme d’entrainement) avant de commencer la séance.
  2. Il est sans doute préférable de faire un stock d’ouvertures pour les blancs, et un stock pour les ouvertures noires et de les travailler séparément. Le code ECO dans le titre permettra d’extraire des fiches particulières si on désire travailler une ouverture précise.
  3. Réviser régulièrement (au moins plusieurs fois par semaine) pour mieux mémoriser.
  4. Décider d’y consacrer soit un temps défini (15 minutes par exemple), soit un nombre de fiches (réviser 10 fiches)
  5. Déplacer les pièces sur un échiquier, sinon apprendre les coups par cœur et les visualiser.
  6. Selon la réponse :
    • Si elle est bonne, on met la fiche en dernière position.
    • Sinon, on décale d’une fiche. (il semblerait qu’il est profitable de revoir rapidement la question difficile – dans les minutes qui suivent – afin de bien ancrer la réponse).
    • S’il y a un doute, on peut décaler de 5 fiches par exemple.
  7. Il est possible de moduler : si on n’est pas bon au bout du 5ème coup d’une tabiya de 10 coups, on décale d’une fiche et si l’erreur intervient après, on décale de 5 fiches (ou tout autre chiffre selon ses convenances personnelles). Si on hésite mais qu’on donne le bonne suite, décaler de 10 fiches. A chacun de voir.
  8. Les nouvelles fiches (à ajouter régulièrement selon le niveau d’apprentissage) sont placées sur le dessus de la pile lors de la séance.
  9. Pensez à sécuriser la pile (élastique, boite) entre les séances de révision : un chat qui passe, un coup de vent, un geste maladroit et tout est mélangé par terre !
  10. L’emploi d’un surligneur permettra d’attirer l’attention (par exemple : jaune pour un coup alternatif, rouge pour désigner un mauvais coup, etc.)

Méthode complexe

  1. Se munir de cinq boîtes (ou préparer 5 tas). Le premier jour, toutes les fiches sont dans la boite 1
    • Boite 1 : révision quotidienne (le stock des mauvaises réponses fréquentes)
    • Boite 2 : révision tous les 3 jours
    • Boite 3 : révision tous les 7 jours
    • boite 4 : révision tous les 15 jours
    • Boite 5 : révision tous les mois (fiches à la réponse évidente, facile, etc)
    • On peut décider de n’utiliser que 3 boites, ou passer à 7 boites, avec des intervalles de révision adaptés à son rythme de travail et aux nombres de fiches.
    • Si la réponse donnée est bonne, la carte passe dans la boîte n+1 (ou reste dans la boite 5). Si elle est mauvaise : la revoir dans les minutes qui suivent et la mettre dans la boite n-1 (ou reste dans la boite 1).
  2. Si une majorité de fiches est dans la boite 5 : pourquoi pas créer une boite 6 (révision pour la mémoire à long terme) ou retirer les fiches du circuit. Ou ajouter d’autres boites :
    • Boite 6 : tous les 2 mois
    • Boite 7 : tous les 4 mois
    • Boite 8 : tous les 12 mois

Il y aura, au bout de quelques jours, des fiches réparties dans les 5 boites. Il est donc possible d’avoir à travailler plusieurs boites le même jour. Ces répétitions décalées nécessitent de bien noter les dates de révision (agenda, cahier de texte).

Enfin, et s’il fallait conclure : on peut réserver cette technique des flashcards aux coups rencontrés lors de parties (tournois, parties en ligne) afin d’être prêt sur des gambits (plus ou moins douteux), des pièges d’ouvertures, des ouvertures anti Caro-Kann ou anti Sicilienne, ou des réponses peu énergiques sur un mauvais coup de l’adversaire pendant une ouverture. Et réserver les lignes principales au logiciel Anki. Tout est faisable !!

Ben Finegold dit quelque part que tant qu’on n’a pas vu une tactique une vingtaine de fois, on ne s’en souvient pas ! La création de ces fiches favorise peut-être plus la mémorisation que d’écrire la même chose sur un clavier, encore qu’Anki soit assez paramétrable sur l’affichage (surlignage, couleur de la police, écriture en gras ou en italique, ajout de diagrammes, enregistrements). On ne devra pas pour autant négliger de jouer ces ouvertures avec un partenaire d’entrainement ou face à un moteur d’échecs. La façon de construire son répertoire dépasse largement le cadre de cet article consacré à l’apprentissage du répertoire qu’on décide de jouer. Kevin nous conseille dans ce domaine (Mais pourquoi pas Eric Rosen ou Stjepan Tomic). Enfin, il y a le livre de Giddins : « Comment construire son répertoire d’ouverture« .

Cette méthode des flashcards est aussi utilisable pour la tactique avec un stock de problèmes (en se servant d’un recueil,on peut se simplifier la vie en écrivant sur le recto la référence du problème – titre du livre, numéro du problème – et au verso la page de la réponse), ou pour des questions de stratégie (quand est-il préférable d’échanger les dames ? Pièce pour bloquer un pion isolé dame ? etc…).

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