Ouvertures, statistiques et database


Avant de choisir une ouverture, il conviendrait de vérifier 4 éléments :

  1. Est-ce que cette ouverture est facile à comprendre ? Seriez vous capable de l’expliquer à un joueur débutant ? Pouvez-vous développer les 4 à 5 différents plans selon les réponses de l’adversaire ?
  2. Est-ce que cette ouverture est pratique ? Existe-t-il une ligne principale à apprendre, ou au contraire, face à une réponse de l’adversaire, existe-t-il plusieurs options possibles toutes avec leurs avantages et leurs inconvénients ? Quelle liberté laisse cette ouverture à votre adversaire ?
  3. Le corollaire de ces deux derniers points : combien de temps pouvez vous consacrer au travail d’une ouverture ? Si on admet (selon l’avis de divers entraineurs et coaches) que le travail d’une ouverture ne devrait pas dépasser 10-20% du travail total quand on est dans les 1200-1500 elo, cela limite le choix lorsque les variantes sont nombreuses.
  4. Est-ce que cette ouverture est fréquemment rencontrée à votre niveau ? Avez vous souvent affronté la défense Petrov, ou le gambit de Budapest ?

Avec ces critères comme préambule, voici 4 ouvertures pour lesquelles il faudra être sûr de ce qu’on fait quand on les pratique.

L’OUVERTURE ESPAGNOLE

1.e4 e5 2. Cf3 Cc6 3. Fb5

Après 3. Fb5, on est sur une position qui est archi travaillée, et plus que complexe. Face aux traditionnelles réponses 3. … a6 et 3. … Cf6, il faut également tenir compte des réponses usuelles telles que f5, g6 et la solide défense Steinitz d6 ! Chacune engendrant plusieurs variantes possibles. L’idée de l’espagnole, c’est que si Cc6 est capturé par le fou après 3. … a6 alors Cf3xe5 est possible, mais les noirs répondent avec Dd4… même pas peur !

Ensuite, avec chacune de ces variantes, le joueur blanc affrontera d’autres lignes, sous-variantes, coups inattendus hors répertoire ou diverses réponses agressives au cours de 5-10 prochains coups.

Bref, après 1. e4 e5 2. Cf3 Cc6, il existe d’autres options plus abordables.

La défense écossaise (3. d4 : les suites, souvent forcées, tombent à peu près toutes dans le même schéma ou ne mettent pas sérieusement les blancs dans l’embarras), la Ponziani (3. c3), la partie italienne (3. Fc4), toutes faciles à comprendre.

Et pourquoi pas se lancer dans la défense viennoise : 2. Cc3 qui donne une probabilité de gain acceptable pour les Blancs ? Sans oublier les gambits 2. f4 ou 2. d4 avec leurs suites souvent forcées

L’OUVERTURE ANGLAISE

1. c4

La réponse usuelle 1. … e5 est la meilleure (même si on admet que Stockfish n’est pas le conseiller idéal pour évaluer une position d’ouverture). Mais certaines lignes souvent jouées à haut niveau ne donnent pas nécessairement un avantage aux blancs. D’autant plus que les noirs ont le moyen de se retrouver avec 2 dangereux pions au centre. Les joueurs passionnés de l’ouverture anglaise auront peut-être intérêt à jouer cette ouverture telle un système avec 1. Cf3 suivi de 2. c4 quand la réponse noire le permet.

Vous voulez contrer l’anglaise ? Il faut occuper le centre d’abord avec e5, et d5 sera une poussée libératrice.

LA SICILIENNE

1. e4 c5

A petit niveau : NON !!!

Les blancs vont pouvoir vous répondre : Cf3, Cc3, c3, d4… ou tout autre coup hors répertoire. S’il existe de nombreux cours et vidéos sur cette ouverture, les connaissances théoriques sont trop complexes en dessous de 2000 elo.

Admettons que vous vous prépariez à contrer la défense Alapin avec cette suite : 1.e4 c5 2.c3 Cf6 3.e5 Cd5

Les blancs ont deux réponses possibles : 4. Cf3 et 4. d4. Vous préparez cxd4. Les Blancs ont encore 4 coups qui leur donnent probablement des positions exploitables après Fc4, cxd4, Cf3 et Dxd4. Bon courage.

La sicilienne offre tellement d’options aux Blancs (2. c3 ou Cf3, ou Cf6 ou d4 ou d3) que la plupart des coups noirs deviennent hésitants dès le 2ème ou 3ème coup !

Les meilleurs joueurs du monde peuvent se permettre d’apprendre ces ouvertures. Mais uniquement parce que ce sont les meilleurs et qu’ils ont probablement commencé à jouer cette ouverture 20 ans auparavant !

LE GAMBIT DAME ACCEPTE

1. d4 d5 2.c4 dxc4

De toute façon, que ce gambit soit accepté ou pas, les noirs aboutissent souvent sur des structures qu’ils ne savent pas exploiter, ou qui vont nécessiter des développements stratégiques particuliers 10-15 coups plus tard.

Et s’il est accepté, les conditions 1 et 2 citées ci-dessus ne sont pas remplies.

Les noirs peuvent aussi avoir leur système tel que 1. … Cf6 puis 2. … e6 en se lançant dans des défenses indiennes, ou la défense Tchigorin ou le contre-gambit Albin, pourquoi pas le gambit de Budapest. Mais en tout cas : 2. … dxc4 : non !!

d’après « Stop playing these 4 openings » de la chaine Gotham Chess animée par Levy Rozman

A chacun de voir, mais les idées avancées par Levy sont recevables pour des joueurs de 1200 à 1500 elo. Toutes les lignes qu’il expose n’ont pas été précisées ici, mais en tout cas avant de se décider pour une ouverture il serait sage de s’en inspirer. Voir une ouverture amenant vers des positions qui se ressemblent est un avantage (les joueurs du système de Londres le savent bien). En tout cas, ces 4 exemples expliquent les critères qu’il faut retenir en dehors des statistiques de base et des évaluations de Stockfish lorsqu’on désire pratiquer une ouverture. Levy nous donne quelques idées d’ouverture selon notre niveau dans cette vidéo.

La première personne qui commente l’image aura droit à ma profonde gratitude !

Retour sur les programmes d’entrainement


La rentrée est déjà derrière nous. Les clubs sont ouverts, le covid est entré dans nos mœurs et les tournois sont repartis. Il va être temps de s’y remettre.

Si les quelques articles de ce blog sur l’entrainement et son programme sont issus de recherches ponctuelles ou de découvertes lors de lectures, qu’existe-t-il sur le net qui peut nous aider à construire tout ça ?

Il faut hélas se rendre à l »évidence : il n’y a presque rien en langue française à part les 3 ou 4 vidéos de ChessMI ! On a bien quelques sites qui proposent d’acheter leurs cours, d’autres qui évoquent le contenu, et certains qui alignent les 5 (ou les 10) meilleurs conseils pour progresser. En gros : pédale plus fort , plus vite et plus longtemps. En anglais, les propositions s’étoffent un peu (google Translate vous traduit). Pourtant, se contenter d’aligner les tactiques, les parties, et des conseils stratégiques ne suffisent pas toujours. Il faut bien organiser tout ça

On va finalement retrouver la plupart des ressources qui ont inspiré quelques articles de ce blog. Trois sites :

Les vidéos :

Avec les quelques synthèses trouvée sur les Échecs Sans Peine (tapez en haut à gauche : plan, ou entrainement, ou piochez dans les tags à droite de l’écran) et les pistes évoquées ci-dessus, personnalisez votre programme/plan d’entrainement. Aucun n’est supérieur à un autre, tous vous permettront de gagner quelques (dizaines de) points elo. Après tout, la plupart des joueurs de plus de 2700 elo, ont mis 5 à 10 ans pour parcourir les 500 derniers points, soit 50 points par an ! Si vous croisez des joueurs avec une progression impressionnante (souvent des jeunes joueurs), demandez-leur à quel age ils ont commencé, et combien de temps ils ont stagné avant de gagner quelques centaines de points !

Vous vous êtes fait un programme d’entrainement ? Vous avez une ressource à nous faire partager ? Qu’est ce qui vous a fait le plus progresser au cours des 12 derniers mois ?

Les petites structures de pions


Bon… mes connaissances techniques sont modestes. Je vous livre malgré tout quelques idées (ce ne sont pas les miennes !) sur les structures de pions.

On dénombre pas moins d’une bonne quinzaine de structures de pions. Leur apprentissage, avec les plans qui y sont rattachés, les exploitations des forces et des faiblesses de chacune d’entre elles demandent un gros travail qui n’est pas toujours à la portée de joueurs modestes. Il est probable que la prise de conscience des éléments suivants soient déjà un grand pas en avant sur la compréhension de ces structures :

  • les chaines et les ilot de pions
  • les pions faibles
  • le rôle des pions dans l’activité des pièces
  • les « mini » structures de pion (comme celles évoquée plus loin)

J’avais déjà survolé le pion isolé dame (qui mérite un développement théorique plus important), mais d’autres petites structures peuvent être rencontrées. On va essayer de résumer tout ça.

LES PIONS PENDANTS

Cela donne 3 ilots de pions pour les blancs, ce qui est censé nous donner un déséquilibre. Toutefois, bien maniés, ces deux pions peuvent devenir très puissants en milieu de partie.

Ici, les blancs auront intérêt à :

  • pousser d5 dans de bonnes conditions afin d’avoir un pion passé, en sachant toutefois que ces deux pions cote à cote contrôlent 4 cases importantes.
  • contrôler les colonnes b et e avec leurs tours
  • retarder le passage en finale en évitant les échanges

Les Noirs auront intérêt à :

  • favoriser l’avance d’un des 2 pions afin de créer un pion arriéré qu’ils pourront ensuite attaquer en ayant bloqué cette structure
  • créer des échanges faisant intervenir ces pions afin éventuellement de tomber sur une structure de pion isolé dame
  • s’opposer au jeu dynamique des blancs en bloquant la position et en recherchant les échanges.

LE PION ARRIÉRÉ

Le pion arriéré d6 protège bien e6, mais lui-même n’a aucune protection derrière son acolyte. Ces structures en diagonale créent des trous, notamment devant le pion arriéré devant lequel une pièce blanche pourra venir se placer. Il s’agit plus d’une faiblesse que d’un déséquilibre.

Le joueurs avec le pion arriéré aura intérêt à :

  • attaquer énergiquement.
  • tenter de transformer le pion le plus avancé en pion passé

Le joueur face au pion arriéré aura intérêt à :

  • Plus exploiter la case faible devant le pion arriéré que la faiblesse de ce pion, car en milieu de partie le pion arriéré peut recevoir un soutien de ses pièces et devenir quasi imprenable.
  • Avec ses pions, attaquer le pion arriéré et/ou le(s) pion(s) protégé en profitant (exploitant) les cases faibles autour de cette structure.

LES PIONS DOUBLÉS

Les pions b3 et b5 sont doublés. Un pion est derrière l’autre et il existe deux colonnes ou semi colonnes qui y sont associées. C’est une faiblesse en finale.

Le joueur avec les pions doublés :

  • sera désavantagé en finale si l’adversaire n’a pas de faiblesse dans se structure de pions
  • peut tenter de se débarrasser/avancer le premier pion
  • peut exploiter les colonnes adjacentes
  • peut profiter des cases contrôlées par les deux pions

Le joueur face à des pions doublés :

  • accélérer le passage en finale
  • envisager de bloquer le premier pion
  • évaluer la possibilité de se créer des pions passés.
  • s’opposer à l’initiative adverse
  • prendre en compte (souvent lors d’une ouverture) que dans un cas où Fb5xCc6 (partie espagnole par exemple, ou Ce5xCc6 dans le gambit Stafford), cela donne plus d’espace au possesseur des pions doublés.
  • ne devra pas procéder à un échange sous prétexte de créer des pions doublés chez un adversaire. La théorie voudrait que la possession de la paire de fous donne 0.5 points alors qu’une faiblesse stratégique ne procure que 0.33 points.

LE PION PASSÉ

Le pion b5 est un pion passé et peut donc se diriger vers sa case de promotion sans être gêné par un autre pion. Sur ce diagramme le pion passé b5 est un pion passé protégé (par a4).

Le pion passé est un élément en faveur de son possesseur non seulement en fin de partie, mais également en milieu de partie. Sa force réside dans son aptitude à pouvoir ultérieurement se transformer en dame et faire basculer la partie. Il va donc attirer les forces adverses pour le contrer. La possibilité d’obtenir un tel pion devrait pouvoir s’anticiper.

La théorie voudrait qu’une finale avec des pièces lourdes associée à un pion passé sur la 6eme ou la 7eme rangée soit en faveur du possesseur du pion passé. La connaissance des finales théoriques (cf Lucena ou Philidor ) trouve ici toute son importance.

Le possesseur du pion passé :

  • devra éviter les échanges de ses pièces lourdes
  • exploiter la ou les colonnes adjacentes
  • poser une pièce sous la protection de ce pion
  • pousser ce pion à bon escient

Le joueur qui s’oppose à ce pion :

  • devra bloquer son avance, idéalement avec un cavalier (d’autant plus efficace qu’il pourra aussi attaquer l’éventuel pion protecteur)
  • orienter les échanges selon la couleur de case du pion passé
  • échanger les pièces lourdes.

J’espère avoir résumé ces petites structures sans trop d’erreurs. Je me suis inspiré des articles complets de Simplifychess (en anglais, mais pensez à Google Translate) et de Chess Strategy for Club Players de H. Grooten. The Power of Pawns de Jorg Hikl est très abordable (en anglais) et détaille à fond ces structures de base. Par contre, pas trop le choix : j‘ai un peu peur qu’il ne faille apprendre par coeur ces condtuies à tenir selon ces structures

J’espère en tout cas que cela vous aidera dans la mise en place d’un plan avant d’aborder des structures plus complexes.

Plan d’entrainement selon le NM Robert Ramirez


Chaine vidéo découverte récemment, mais impossible de connaitre le classement elo de Robert (ce qui n’est pas grave). Maitre national nous dit-il. Il n’en reste pas moins qu’il nous propose un programme d’entrainement assez simple pour le personnaliser facilement. Robert admet qu’il est difficile de s’entrainer tous les jours. Son programme va donc du lundi au jeudi, une heure quotidienne minimum (il faut être réaliste sur son volume de travail !). Si votre emploi du temps le permet, et que vous ne saturez pas, vous pouvez y consacrer plus de temps par jour.

LUNDI tactique

  • 45mn : Tactics Pocket Book (Lev Alburt)
  • 15 mn : exercices généraux sur chess.com ou Lichess
  • 5 mn : puzzle rush

MARDI : stratégie

  • 45 mn : Travailler un livre de stratégie adapté à votre niveau
  • jouer une 15+10, ou une 30+10 si vous avez le temps

MERCREDI : finales

  • 60 mn : travailler un livre de finales (Celui de Jesus de la Villa par exemple)
  • jouer une 15+10 ou une30+10 si vous avez le temps.

JEUDI : ouvertures

  • Travailler une ouverture
  • Jouer des parties en utilisant l’ouverture en question et pourquoi pas contre un partenaire d’entrainement.

Le travail d’ouverture est facultatif selon le niveau envisagé. Ce qui est présenté est un minimum en terme de charge de travail. Il est possible pour les jours non concernés par ce programme de les utiliser par des parties longues (60+30 ou 90+30) et leurs analyses, de la tactique, des révisions ou en regardant une partie de GMI. Il faut essayer de respecter ce programme pendant plusieurs semaines, 6 par exemple.

L’utilisation de livres rebute parfois (faut lire…) : remplacer le travail avec un livre tactique par du travail tactique sur Lichess ou chess.com. L’approche est différente mais reste profitable.

Pareil pour la stratégie : choisir une bonne chaine YT et profiter des explications sur une partie de qualité (pourquoi pas celles commentées par Marc Quenehen ou Sylvain Ravot)

Tenir à jour un cahier d’entrainement (exercices ratés, progression, commentaire…) est intéressant. Les exercices tactiques ratés seront enregistrés dans Lichess (ou tout autre support) et retravaillés ultérieurement.

Vous vous rendrez compte qu’on retrouve les idées déjà synthétisées sur ce blog et présentées par Kostya : répétition des sessions (1 semaine pour faire les 4 sessions ici), très peu de travail d’ouvertures pour les petits niveaux, ne pas surestimer sa capacité de travail, s’y tenir pendant plusieurs semaines. D’autres livres peuvent être proposés : les 5334 combinaisons de Laszlo Polgar mis en avant par Jesse Kraii, Winning Strategy de Yasser Seirawan (sans doute plus simple et moins touffu que le Reassess your chess de Jeremy) et Complete Endgame Course de Jeremy qui présente l’avantage d’aborder les connaissances théoriques en fonction du niveau.

d’après « Chess Training Plan – Lesson 102« 

Le pion dame isolé.


Je suis dans ma période structure de pions ! Et comme j’ai une tendance à la simplification, cela va être court malgré toute la littérature sur ce sujet.

Le PDI (ou Isolated Queen Pawn), ou isolani est une structure qui est souvent évoquée : pion d4, privé des acolytes des colonnes c et e. Ne surtout pas se dire : « De toute façon je ne joue jamais 1.d4, donc cela ne me concerne pas ! » D’abord cette structure peut se retrouver dans l’Alapin, par exemple, mais on peut aussi se retrouver face à une telle structure. Il faudra donc savoir comment réagir.

Bien loin de toutes les grandes considérations tactiques et stratégiques (n’oublions pas que nous sommes sur les Echecs sans peine !) il faudra retenir plusieurs choses malgré tout (et probablement par coeur… désolé…).

Ce pion isolé crée un déséquilibre chez les Blancs qui ont 3 ilots de pions contre 2 seulement chez les noirs. Et ce déséquilibre en milieu de partie peut se transformer en faiblesse lors d’une finale.

Les Blancs devront :

  • Essayer de placer un cavalier en c5 ou e5
  • Éviter les échanges de pièces afin de retarder l’échéance d’une finale
  • Développer et activer leurs pièces de façon dynamique
  • Attaquer le roi le plus rapidement possible
  • Préparer solidement l’avance d5 parfois utile si la situation stagne.

Les Noirs devront :

  • S’opposer au plan des blancs
  • Échanger au maximum pour arriver en finale
  • Poser un cavalier en d5.
  • Attaquer d5 une fois celui-ci bloqué.

Le travail de fond sera ensuite de trouver des parties sur ce thème et de voir comment des très bons joueurs jouent cette position.