Upgrader votre cerveau


Vos neurones méritent le meilleur : Noël Studer (encore lui) nous livre quelques unes de ses réflexions.

UTILISER VOTRE CORPS COMME UN CHAMPION

  • bien dormir
  • profiter du soleil et de la vie en extérieur
  • avoir une activité physique
  • manger sainement
  • avoir une vie sociale

Faites le point de vos routines quotidiennes et modifiez-en une, ne serait-ce que d’un petit rien. Puis deux…

NE SURCHARGEZ PAS VOTRE CERVEAU

Ne pas encombrer le cerveau avec des choses inutiles : il est fait pour avoir des idées, pas pour les garder !

Écrire quotidiennement ses taches de la journée (régler une facture, vérifier la pression des pneus, fêter un anniversaire) libère le cerveau pour mieux réfléchir au cours d’une partie.

APPRENDRE QUELQUE CHOSE DE NOUVEAU TOUS LES JOURS

Et pas seulement aux échecs : apprendre une nouvelle langue, une recette de cuisine, le dessin. Sans avoir peur d’échouer, et de recommencer.

Fan des ouvertures ? Travailler désormais les finales. Bon tacticien ? Négliger les problèmes, et apprendre une partie célèbre par semaine.

Ne pas oublier qu’on apprend en se trompant. Ne pas rester dans une zone de confort.

LIRE, LIRE ET ENCORE LIRE

Profiter des connaissances condensées par des experts dans des livres. En 10 heures de lecture, on a la synthèse de ce qu’ils ont mis plusieurs décades à formuler.

Que ce soit dans le développement personnel, le bien-être ou l’optimisation de nos ressources. Que ce soit la religion, la géopolitique ou la dérive des continents. Avec un livre ou un podcast.

Ne cherchez pas d’excuses (l’âge, la mémoire, le temps) : commencez tout de suite !

Travailler avec un livre


A tout hasard, se pencher sur cet article et aussi sur celui-ci.

Vous êtes tombé sur LE livre, le Graal… celui qui est adapté à votre niveau, que vous envisagez de lire en entier sur plusieurs mois (sauf s’il s’agit d’un livre d’ouverture !), et qui recueille d’excellents avis par des joueurs à la compétence reconnue. Le livre dont vous êtes persuadé qu’en tournant la dernière page, vous aurez gagné au moins 100 elo !!!

Avant de l’acheter, bien vérifier le contenu (si la table des matières est connue). Sinon ne pas hésiter à la consulter une fois le livre entre vos mains. D’abord lire les premières pages (introduction, présentation, ou parfois le 1er chapitre qui parle de notions générales), ou les quelques premiers paragraphes du chapitre abordé. Cela donne une idée de ce qui va être lu et des notions qu’il conviendrait d’acquérir au cours de ce chapitre, ou du livre. Parfois ces textes permettent d’expliquer comment utiliser au mieux les exercices quand il y en a, en évitant de se lancer « bêtement » dans la suite. Tentez la bibliothèque de votre club (mais comme un livre ne se travaille pas sur un mois et qu’il vous faudra le rendre un jour…) : vous pourrez déjà avoir une bonne idée du contenu. Tiens, récemment, j’étais curieux de voir ce que proposait Yasser Seirawan dans Winning Combinations que j’ai emprunté… à part éventuellement le premier chapitre sur les mats, les reste n’est que parties commentées sans vraiment de combinaisons. Dans le chapitre sur les tours, je m’attendais à des exemples sur des ouvertures de colonnes, sur l’exploitation de la 7eme rangée, etc. Mais non. Rien, à part quelques parties sans de réelles combinaisons. Bref… j’ai failli l’acheter pour rien.

Ce préambule est important car nos journées n’ont que 24 heures : il serait dommage de consacrer plusieurs soirées (et quelques euros aussi) à un livre qui ne nous satisfait pas. Le thème du livre serait idéalement consacré à nos faiblesses. Acheter un livre pour avoir une belle bibliothèque est une perte de temps et d’argent. En gros, une bibliothèque idéale devrait contenir approximativement autant de livres sur les ouvertures, sur le milieu de partie, les finales, la tactique, sur les techniques d’amélioration et pourquoi pas en complément un livre de développement personnel.

Premier conseil : utiliser un livre devrait se faire de façon active. Simplement le lire et éventuellement déplacer les pièces ne suffit pas. Alors oui, on peut aussi travailler la visualisation et le lire sans échiquier. Jules Moussard (champion de France 2022, 2642 elo) le faisait dès l’âge de 8 ans. Et je me suis laissé dire qu’il n’y a pas un seul échiquier chez certains grands joueurs. Mais nous sommes que de petits scarabées. On peut aussi suivre la partie en même temps sur un ordi afin de travailler une variante sans avoir à déplacer les pièces sur l’échiquier en face de soi.

Il n’est pas nécessaire d’explorer toutes les variantes. Parfois il s’agit de démontrer que tel ou tel coup est correct au bout d’une variante de 15 coups avec 4 à 5 sous-variantes (oups… oui, oui, on croit l’auteur dans ces cas là !), et après avoir démontré que les trois autres options sont des impasses. Mais il arrive que la variante aborde des idées qui nous échappent, ou une façon différente et nouvelle de réfléchir ; cela vaut peut-être le coup de développer. Inversement si le texte n’explique pas pourquoi certains coups qui nous semblent évidents ne sont pas joués : il faut explorer par soi-même puis solliciter Stockfish (par exemple). De la même façon, si une note telle que ? ou !! n’est pas expliquée, il serait intéressant de se poser la question plus précisément.

La présence de diagrammes à certains moments suggère qu’il faudrait s’y attarder. Des fois oui, mais des fois non !

Enfin, pourquoi pas calculer sans voir la suite et comparer son résultat avec le texte. (en fait : jouer en solitaire, mais dans le cadre d’un livre qui n’est pas un recueil de partie, le thème à travailler est déjà connu : structure de pions, choix des coups candidats, passage ouverture-milieu de jeu, etc)

Beaucoup de parties sont enregistrées quelques part : Chessgames, Chessbase. Il est alors pratique de lancer la partie dans un lecteur pgn ou sur Lichess (par exemple). L’écran sert à développer les variantes, et l’échiquier la partie sans avoir à replacer les pièces. Chessbase (attendez les périodes de promotion !) avec un mode d’entrainement permet de jouer la partie sans en avoir son relevé sous les yeux.

Pour les livres de tactique, pourquoi pas mémoriser la position et la reproduire sur un échiquier. Cela incite à visualiser les pièces et leurs interactions (qui défend qui, cases faibles et cases fortes, pièces menacées, etc). Au choix : on fait ou on ne fait pas ! En dessous de 50% de réussite des problèmes, on peut imaginer que le livre est trop compliqué, et au dessus de 75-80%, c’est trop facile. De façon analogue si, dans un bouquin de stratégie, on est souvent obligé de recourir à Stockfish pour comprendre pourquoi un coup anodin ne l’est pas autant que ça… c’est qu’il est destiné à un niveau supérieur.

Il y a également les livres de théorie (ceux qui permettent d’acquérir des connaissances). Selon les auteurs, il y a les premiers coups qui aboutissent sur la position à étudier, ou pas. Il peut être intéressant d’évaluer la position avant de lire tout commentaire de l’auteur. Lorsque les coups d’introduction se succèdent sans commentaires, on peut tenter de les jouer d’une traite 2 par 2 (1. e4 e5), par 4 (1. e4 e5 2. Cf3 Cc6) ou par 6 (1. e4 e5 2. Cf3 Cc6 3. Fc4 Fc5)

Des révisions ne sont pas inutiles : revoir une partie de grand maitre, le chapitre sur la suppression du défenseur, ou la position exploitant une faiblesse adverse. Cela fait réviser (La Palice), mais quelques semaines plus tard on se rend compte que les connaissances acquises depuis ont complété la compréhension du thème. Ces révisions exploiteront les techniques de répétition espacées (Anki), à condition d’avoir pris le temps d’enregistrer ces positions de travail… ah, avoir le temps !

A l’aide de votre logiciel d’échecs préféré (ou sur les études de Lichess) : faire un résumé de ce qui semble important ou pas évident. Bien sûr on peut aussi réunir ces notes dans un cahier (1 cahier=1 livre). Avec nos propre mots et exemples, l’apprentissage est souvent plus facile. Créer des variantes qui ne sont pas dans le livre et les valider avec Stockfish (à condition de comprendre un peu la position si ce n’est pas une position tactique : quel est le thème stratégique, pourquoi suis-je en retard pour le développement, règle du carré, etc.). Vérifier une menace fantôme, rechercher une position identique dans une autre partie, comme si vous vouliez en faire un cours destiné à des joueurs moins forts que vous.

Imprimer tout ça et en faire un recueil dans un classeur qui sera régulièrement amélioré, complété, révisé.

Mis bout à bout, travailler avec un livre suit plusieurs étapes et idées :

  • choisir le bon livre (mais on a le droit de les collectionner pour le plaisir)
  • le lire de façon active
  • réviser de façon plus ou moins espacée
  • tenir à jour le résumé du livre

Les geeks peuvent préférer Forward Chess ou Chessable.

Il y avait une époque où internet n’existait pas, où Amazon ou Variantes n’assurait pas de vente par internet. Passer par Paris, ou dans une grande ville, pour faire un tour dans les grandes librairies (ou les boutiques spécialisées) permettait d’en revenir avec le bouquin tant espéré. En Russie (avant la chute du mur), les joueurs n’avaient pas la possibilité d’acheter des livres selon leur bon vouloir (prix, disponibilité). Il n’était pas rare que certains grands champions de ces dernières décennies n’aient eu qu’un seul livre qu’ils ont lu et relu lors de leur adolescence et même après. On peut certainement progresser sans livre. Internet, encore une fois, est un média qui propose de plus en plus de moyens d’apprentissages. Nos plus jeunes joueurs arrivent à un niveau respectable sans avoir à dévorer l’intégrale de Dvoretsky ! A quoi bon d’ailleurs quand le simple visionnage d’une vidéo de 15 mn leur en apprend parfois autant que la lecture en 90 mn d’un chapitre de Jeremy Silman. Mais le livre reste un élément incontournable dès lors qu’on désire travailler sérieusement un domaine particulier.

Quel a été votre livre de chevet ? Quel est celui qui vous a accompagné pendant votre adolescence ? Quel est celui qui a transformé votre vision du jeu ?

Fixer l’apprentissage et les erreurs.


Notre mémoire nous joue parfois des tours. On croit se souvenir… et puis non. C’est si évident qu’on va se le rappeler… et puis non. C’est un concept qu’on rencontre souvent dans une partie, je vais bien finir par l’appliquer… et bien non !!!

ÉTAPE 1

Noter ce qu’on a appris ou retenu d’une partie ou d’une leçon, et qui semble fondamental/récurrent//important/utile. Utiliser une typographie différente dès le départ (telle que mettre en gras)

Jour après jour, la liste va s’allonger.

ÉTAPE 2

Lire cette liste avant une partie (sérieuse ou d’entrainement)

ÉTAPE 3

Faire le point après la partie de ce qui a été utilisé correctement ou pas.

ÉTAPE 4

Selon ce qui a été appliqué plus ou moins bien (ou qui n’a pas eu l’occasion d’avoir été appliqué) : on laisse en gras ce qui n’a pas été fait, et on met une typographie normale sur ce qui a été appliqué, ou on surligne (on fait comme on veut du moment que la différence se voit !)

Revenir à l’étape 1.

  • Limiter cette liste aux notions réellement essentielles, mais plus vous pouvez consacrer de temps aux échecs, plus elle pourra être longue ou éventuellement constituée de plusieurs sous-listes
  • Des diagrammes peuvent compléter les notes
  • On peut refaire au propre à intervalles réguliers. Mais garder sur la même liste ce qui a été noté depuis un certain temps permet de visualiser ce qui a été appris.
  • Ne pas hésiter à remettre en gras des notions sur lesquelles on a de nouveau buté.

Exemple de liste (en gras ce qui reste à bien surveiller lors de la prochaine partie).

  • la case f3 est la case de sortie préférée du cavalier
  • jouer h3 (avec les blancs) seulement si Fg4 est réellement dangereux
  • évaluer ma position après chaque capture ou échange
  • vérifier s’il est possible de mettre plus d’attaquants que de défenseurs pour une case ou une pièce
  • capturer les pions adverses si je suis en retard matériel
  • poser les pions sur les bonnes couleurs de case en fonction des fous encore en jeu.

On peut aussi utiliser cette technique pour ne rien oublier d’un processus de réflexion.

Peut-être un peu lourd à mettre en place quand la liste s’allonge, mais quand ça coince régulièrement lors d’un calcul, que certains principes ne sont pas appliqués de façon récurrente, ou que notre fougue prend le pas sur la réflexion, pourquoi pas tenter cette méthode donnée par le GMI Avetik Grigoryan sur son site ChessMood : « The bold-unbold technique: no more forgetting what you learn » . Notons qu’Avetik cite James Altucher dans son article.

ChessMood est souvent cité, non pas par James, mais par Noël Studer sur son site Next Level Chess. Avetik nous gratifie fréquemment de ses articles sur ChessMood, partagés sur Lichess, plus ou moins intéressants, plus ou moins pertinents, plus ou moins généralistes. Bien sûr comme la plupart de ces sites, il nous promet de progresser et des témoignages (dont on ne peut qu’en croire l’authenticité) nous le confirment.

Le programme d’Igor Smirnov


Igor nous dit que cela nous permettra d’atteindre 2000 elo plus rapidement : 30 minutes quotidiennement.

TACTIQUE : 5 minutes d’échauffement

L’objectif essentiel est surtout de ne pas faire d’erreur grossière lors de ces exercices. Ensuite, cela aidera à rencontrer un maximum de positions. Enfin, avant de commencer votre séance d’entrainement, cela vous aidera à vous concentrer.

La méthode reste toujours à peu près la même : envisager les échecs, les captures et les menaces. Votre processus de réflexion est alors sollicité.

JOUET ET ANALYSER : 10-15 minutes

Oui, partie rapide à revoir ensuite avec les données d’ouverture (Lichess ou Chessbase, ou tout autre source). Exploiter les meilleurs coups suggérés par votre moteur d’analyse : repérer quand vous jouez mal, et vérifiez comment vous pouvez punir l’adversaire quand il fait des erreurs.

APPRENTISSAGE : 10-15 minutes.

Igor reconnait qu’il est un peu à contre-courant quand il préconise de travailler les ouvertures… mais sans ouverture, pas de finale !

Il module toutefois ses propos en admettant qu’une fois qu’on a une bonne connaissance de 3-4 ouvertures, il est temps de s’intéresser aux finales, au jeu positionnel, etc. En outre, plus on aura de connaissances stratégiques, plus les coups préconisés par l’ordi auront un sens.

BILAN : tout dépend du temps dont vous disposez. Que 10 minutes : tactique. 15-20 minutes : tactique et une partie rapide avec son analyse sommaire.

Vous avez une heure ? Dans ce cas gardez 5 minutes de tactique, et passer 20-30 minutes pour le jeu et l’analyse, et autant pour l’acquisition des connaissances.

Difficile de faire plus simple dans une vidéo de 10 minutes, même si Igor nous incite à suivre ses cours payants !

Le contenu du programme et sa répartition sont ignorés.

Mais nul doute qu’avec les quelques idées déjà évoquées sur les « Echecs sans peine » par ChessDojo, Noël Studer, Dan Heisman et les autres, vous arriverez certainement à trouver le bon équilibre !

Les échecs sont un sport individuel


Botvinnik, le « père de l’école soviétique », accueillait chaque nouvelle classe d’étudiants de la même manière :

« Les garçons, souvenez-vous, les échecs ne s’enseignent pas, ils s’apprennent ! Les échecs s’apprennent ! »

Il veut dire que c’est quand il est seul qu’un élève fait le plus de progrès. Il est possible qu’il apprenne mieux avec un livre. Ou avec un ordinateur. Ou simplement avec un échiquier et un jeu. Mais dans tous les cas, c’est en apprenant de manière indépendante qu’il apprend le mieux. Botvinnik se souvient qu’au début de sa carrière d’enseignant il avait décidé que l’essentiel était de développer l’indépendance. En général, il vaut mieux ne pas enseigner aux jeunes, mais les laisser s’enseigner eux-mêmes.

Dans « Study chess made easy » d’A. Soltis.