Programme d’entrainement de Daniel Munoz


J’avais déjà évoqué la « Méthode zugwang » de Daniel Munoz. Le titre donne l’impression qu’il s’agit d’un enseignement rigide. Au contraire, cet ouvrage est constitué d’idées concrètes que vous pouvez utiliser isolement selon votre convenance et votre niveau.

Trois étapes : les objectifs personnels, le matériel d’étude, et le planning lui même.

Avant de se lancer dans un programme d’entrainement, il est utile de se demander ce qu’on veut :

  • Améliorer son elo, même si ce n’est que de 100 points ?
  • Gagner plus de parties mais sans faire de compétition ?
  • Combler des lacunes ?
  • Obtenir la considération des partenaires de club en devenant un meilleur joueur ?
  • Obtenir plus de compétences pour pouvoir enseigner ?

De ces objectifs, qui indiqueront la direction à prendre, naitront les motivations qui mettront automatiquement une discipline en place le plus facilement du monde. Vous saurez que cette discipline est en route quand quelque chose aura changé de façon durable dans vos routines quotidiennes. Le progrès ne se fera pas en alignant des parties amicales dans l’espoir qu’un déclic fera passer dans une catégorie supérieure. Si vous avez choisi la bonne voie, les résultats ne seront pas toujours au rendez-vous aussi rapidement que vous le souhaitez. Mais ce qui différencie le succès de l’échec est la persistance. Alors si les objectifs sont bien définis, que la discipline de travail est bien établie, quelle que soit la courbe de progression, les résultats arriveront un jour ou l’autre. Nous sommes le reflet des personnes que nous côtoyons et, à ce titre, les réseaux sociaux et les clubs sont essentiels pour apprendre avec humilité des joueurs de niveau supérieur. Inversement, il conviendra d’écarter les personnes qui tentent de vous dissuader, ou qui n’ont pas les mêmes objectifs que vous.

Il est recommandé de tenir à jour un journal d’entrainement :

  • accomplissement de la session d’entrainement
  • taux de réussite aux exercices
  • les éléments remarquable de la session
  • le ressenti

Le programme proposé par Daniel est progressif de façon à atteindre sa pleine intensité en 3 semaines. On trouvera plus loin celui qui est plutôt destiné à des joueurs avec un elo supérieur à 1200-1300.

Le programme tactique : pour les exercices tactiques simples, il faudra avoir des exercices avec un but clair aboutissant soit sur un mat soit sur un gain grâce à un thème tactique défini. Ensuite, on peut aborder les exercices tactiques dont les thèmes sont aléatoires. Le travail sur la solution quand elle n’est pas trouvée se fera après la session et non pas au fur et à mesure. Les outils d’exercices en ligne sont adaptés à ce travail ; CT-Art est également une très bonne option.

Le programme positionnel : peu de pistes en français ou en anglais pour ce qui est des exercices. Peut-être se rabattre sur ces recommandations (stratégie). Chess Tempo possède un catalogue des thèmes positionnels (mais sans exercices). Des cours de stratégie avec exercices existent aussi sur ChessOK (peut-être plus facile à trouver pour Androïd que pour Windows). On peut aussi y associer les leçons consacrées au jeu positionnel des livres d’Artur Yusupov : « Build up your chess » et les autres. A moins de travailler « Winning Chess Strategy » de Seirawan, et de pratiquer avec les exercices du Reassess Your Chess Workbook de Jeremy. Reste le « Positionnal Chess Handbook » d’Israel Gelfer ou le « Mastering Chess Strategy » de Hellsten (exemples et exercices) ! Le choix est assez large selon le niveau et les objectifs.

Le programme de calcul : également peu de pistes à part le « Perfect your chess » de Volokitin, probablement assez dur, mais le but ici est clairement de réfléchir sur une position. D’autres livres existent probablement. La méthode Stoyko pourra être tentée.

Le programme d’ouverture : un chapitre entier y est consacré. En gros : retenir les ouvertures classiques en oubliant les derniers coups à la mode issu des réflexions que seuls les GMI peuvent exploiter, comprendre les principales manœuvres. Et utiliser les divers idées compilées ici ou .

Analyse : Daniel développe tout ça sur un chapitre. C’est aussi développé ici.

Les finales théoriques : probablement un domaine où il y a le plus de choix et d’exercices. C’est peut-être le moment de piocher dans ce qui a déjà été exposé ici ou de chercher un livre . Les exercices tactiques de Lichess sont incontournables.

Les finales non théoriques : mêmes remarque que les finales théoriques !

SEMAINE 1 et 2

LUNDI 55-75 mn

  • Exercices tactiques simples sur des motifs de base : 10 mn
  • Travail positionnel : 25 mn
  • Exercices positionnels : 20-40 mn

MERCREDI 55-65 mn

  • Travail du calcul : 55 minutes
  • Exercices positionnels : 0-10 minutes

VENDREDI 55-75 mn

  • Correction des exercices de calcul de mercredi : 25 mn
  • Travail des ouvertures : 30 mn
  • Finales théoriques : 0-20 mn

SAMEDI : Partie longue et annotation

SEMAINE 3 ET 4

LUNDI 55-75mn

  • Exercices tactiques simples sur des motifs de base : 10 mn
  • Travail positionnel : 25 mn
  • Exercices positionnels : 20-40 mn

MARDI 75 mn

  • Exercices tactiques simples sur des motifs de base : 10 mn
  • Travail positionnel : 25 mn
  • Exercices positionnels : 20 mn
  • Exercices de finales théoriques et non théoriques mélangées : 20 mn

JEUDI 55-75 mn

  • Travail du calcul : 55 minutes
  • Travail du calcul : 0-20 minutes

VENDREDI 80 mn

  • Correction des exercices de calcul de jeudi : 25 mn
  • Travail des ouvertures : 35 mn
  • Travail des finales théoriques : 10 mn
  • Exercices de finales théoriques ; 10 mn

SAMEDI : Partie longue et analyse

SEMAINES 5 à 10

LUNDI 75 mn

  • Exercices tactiques simples sur des motifs de base : 10 mn
  • Analyse de vos parties : 25 mn
  • Travail positionnel : 20 mn
  • Exercices de calcul : 20 mn (correction à faire le lendemain)

MARDI 75 mn

  • Exercices tactiques simples sur des motifs de base : 10 mn
  • correction des exercices de calcul : 25 mn
  • Exercices positionnel : 20 mn
  • Exercices toutes finales confondues : 20 mn (correction à faire plus tard)

JEUDI 80-100 mn

  • Exercices de calcul (correction à faire plus tard) : 35 mn
  • correction des exercices de calcul : 25 mn
  • exercices de calcul et de tactique (alterner chaque semaine) : 20 mn
  • Exercices de calcul : 0-20mn (correction à faire plus tard)

VENDREDI 75 mn

  • correction des exercices de calcul : 20 mn
  • travail des ouvertures : 35 mn
  • travail des finales théoriques : 10 mn
  • Exercices finales théoriques : 10mn

SAMEDI : partie longue et analyse

Ce programme (comme tout autre programme d’entraînement) reste un modèle que chacun est libre d’adapter quant à l’ordre du contenu, de la répartition dans la journée, etc. Daniel monte un entrainement sur presque trois mois qui gagne en puissance. On peut éventuellement reprocher de prévoir des modules de 10 minutes (oups, c’est drôlement court !) et de délaisser la théorie stratégique au profit du calcul lors des semaines 5 et 10. Mais pourquoi pas. Une certains souplesse est donnée quand il s’agit de travailler 20 à 40 minutes par exemple. Cette souplesse est moins évidente au cour des semaines 5 à 10. On peut aussi ne considérer que le programme des semaines 1 et 2 comme programme adapté à son mode de vie, en fonction de ses disponibilités : 3 jours de travail par semaine (environ 1 heure à chaque fois). Pour les plus acharnés, il reste encore des trous dans ce planning pour y caser des révisions des semaines précédentes ou des lectures de parties commentées. Le temps d’étude ne comprend pas la mise en place de l’échiquier, ni la recherche du livre perché sur une étagère ! Il convient donc d’avoir défini son matériel d’étude et d’utiliser des marque-pages. Si la première semaine, les parties peuvent simplement être annotées, il s’agira probablement ensuite d’approfondir l’analyse dans les semaines 5 à 10. Ne pas oublier d’inclure les 5 minutes d’écriture dans le cahier d’entraînement. Un tournoi de 3 jours (par exemple) décalerait ce planning. Pourquoi pas s’aider du programme de livres tels que ceux de Yusupov, de Susan Polgar, ou de la Stappenmethod. D’ici la rentrée, il y a le temps de reprendre les idées regroupées ici, celles d’Igor Smirnov et de Robert Ramirez, pour vous concocter un programme personnalisé. Tenez-nous au courant !

D’après « The Zugzwang Method » de D. Munoz, chapitre Get to work : my plan of training.

Le planificateur d’entrainement


Avoir des traces de nos objectifs et faire le point, voila ce que Noël Studer nous recommande dans son Chess Training Planner.

planifier la semaine.

Plutôt que se dire : « Mardi, je bosse les échecs ! »  , il est plus efficace d’écrire : « Mardi, dès 20h30, pendant 1h30, je travaille l’Écossaise grâce aux 10 parties de Garry Kasparov avec cette ouverture, afin d’avoir une idée des finales que cela peut engendrer.» Bien sûr, les 10 parties qui vont en finale avec cette ouverture seront sélectionnées avant mardi. En outre, il faudra aussi définir 1 objectif pour la semaine à venir.

bilan de la journée : ce que j’ai appris, quel a été mon degré de concentration sur une échelle de 1 à 10, ce que je dois revoir/améliorer, etc.

bilan de la semaine : ce qui a été positif (se tenir à ce plan d’entrainement est déjà un point positif !), ce qui a été appris durant la semaine (pas grave si cela reprend ce qui a été déjà été noté dans le bilan quotidien), noter tout ce qui peut aider à s’améliorer (pas terrible de s’entrainer le matin, toujours des erreurs tactiques, je dors mal, etc.)

TRAVAIL DE LA SEMAINE (en début de semaine, à remplir le dimanche soir ou le lundi matin par exemple)

  • Détailler le travail quotidien
  • But de la semaine

BILAN QUOTIDIEN (pour chaque jour d’entrainement, de 1 à 6 jours selon la ténacité et la capacité de travail)

  1. La chose essentielle qui a été retenue/apprise
  2. Temps consacré à l’étude
  3. Noter sa concentration
  4. Ce qui pourra améliorer la concentration de la prochaine session

BILAN HEBDOMADAIRE (en fin de semaine, le samedi)

  1. Les points positifs
  2. Ce qui a été appris
  3. Ce qui devra être amélioré pour les prochaines sessions
  4. Divers

Vous pouvez vous procurer son fascicule, ou en créer un à votre gout (cahier, ou 52 feuilles reliées format A4 par exemple, à vous de voir). Remplir tout ça ne prends pas beaucoup de temps mais cela demande une certaine constance.

Vacances, j’oublie tout, plus rien à faire du tout.


Certains en profiteront peut-être pour participer aux tournois avec des allures de vacances à la Plagne, en Corse ou à Aix en Provence. D’autres feront un réel break avant de reprendre une vie associative et le rythme trépidant de la compétition interclub.

Ce sera peut-être le moment de se lancer dans une ouverture en particulier pendant 2 mois, de lire (ou relire) My Great Predecessors de Garry (ou tout autre recueil de partie commentées), reprendre vos parties officielles jamais analysées de l’année écoulée, ou travailler un problème par jour du Reassess your chess Workbook de Jeremy (1 par jour, soit une soixantaine d’ici la rentrée). A moins que vous préfériez peaufiner votre programme d’entrainement de la rentrée. Ce ne sont pas des romans de plage, mais pourquoi pas vous lancer dans un livre de développement personnel qui vous aidera dans votre pratique quotidienne. Sinon, il vous reste à délaisser le jeu en ligne pour profiter du plein air : travailler à l’ombre d’un parasol, ou en profitant de la fraicheur matinale devant une fenêtre ouverte quand personne n’est encore levé le matin.

Dites nous comment vous profitez de cette période estivale, avec ou sans votre jeu d’échecs !

Réflexions post-tournoi : et après ?


Voila, 6 parties en 2-3 jours, ou 9 en une semaine, avec des gains et des pertes, des ouvertures maitrisées ou pas, des finales au top ou pas…

Que faire, quoi faire avec tout ça ?

Première démarche : est-ce qu’on est content de soi ? Est-ce que les objectifs ont été atteints ? est-ce que mon elo va changer significativement ?

Ensuite, avec l’analyse approfondie (1 partie analysée en 1 à 2 jours, cela devrait donc prendre au moins une semaine), on peut tirer divers enseignements sur les secteurs à travailler : la tactique, les ouvertures, la stratégie, les finales.

En outre, on a rencontré des positions qui ont posé problème : on a fait un mauvais choix en gardant un mauvais fou par exemple, on a roqué du mauvais coté, on a hésité à avoir des pions doublés malgré l’ouverture d’un colonne, on a découvert un coup révélé par le moteur d’analyse et jamais envisagé au cours de la partie, on a réfléchi trop longtemps sur une position. On peut aussi se demander pourquoi une partie facile contre un adversaire avec un déficit de 200 elo a duré plus de 2h et de 45 coups alors que l’avantage était acquis à la fin de l’ouverture.

Il serait alors intéressant de faire la liste de tout ce qui n’a pas tourné rond dans ces parties en conditions réelles ! Les soumettre soit à un coach ou à un partenaire de club est utile.

Il faut être honnête : ne pas se dire que si on a raté des échanges, c’est parce qu’on était dans une ouverture mal négociée, ou qu’on a voulu (mal) jouer a tempo pour déstabiliser l’adversaire. Pourquoi cette ouverture a-t-elle été mal négociée ? Pourquoi avoir voulu jouer a tempo ? Comprendre comment on a pu laisser une pièce en prise, comprendre pourquoi ses pièces n’avaient aucune activité à la sortie de l’ouverture ? Est-ce vraiment parce que l’adversaire a réussi à vous étouffer ou parce que vous avez négligé certains principes ?

Bref, quelques idées :

  • Chercher l’erreur théorique de l’ouverture censée être connue, travaillez à partir de là contre des partenaires d’entrainement ou des moteurs de force croissante et l’incorporer dans un système de répétitions espacées. Pourquoi pas travailler contre des ouvertures atypiques qui sortent rapidement du répertoire usuel.
  • Revoir Echec-capture-menace dans des parties « faciles » (adversaires moins forts) : si cela ne permet pas de gagner systématiquement, cela évite certainement de faire des erreurs grossières en perdant une pièce.
  • Travailler les positions qui ont stagné pendant plusieurs coups alors que vous étiez censé avoir un avantage net (genre +3 à +6 selon les moteurs). Envisager tous les coups candidats sans se cantonner aux plus évidents, rechercher les coups agressifs, les pièces adverses non protégée, les cases non contrôlées.
  • Si des thèmes positionnels ou stratégiques ont été pris à la légère, s’investir dans Stratégies Gagnantes aux Échecs de Seirawan ou pour les joueurs les plus avancés dans le How To Reassess Your Chess Workbook de Silman.
  • il est peut-être temps de se mettre enfin aux structures simples de pions : pion isolé, pions doublés, pion arriéré, pion passé avant d’aborder les structures plus complexes : Panov, Karlsbad et les quelques douzaines d’autres (bon courage).

Faut-il revoir le planning et le contenu de l’entrainement : trop de tactique au détriment d’une bonne compréhension de la position ? finales de pions négligées depuis ces trois derniers mois ? difficulté à rester concentré sur des parties de 3 à 4 heures ? charge de travail mal répartie ?

On peut être tenté de prendre de bonnes résolution (1 heure de tactique entre 6h30 et 7h30), comme celles qu’on prend le 1er janvier. Je ne suis pas persuadé qu’elle tiendront plus dans le temps, mais au moins elles auront été prises en connaissance de cause sur des bases solides.

Trop dégouté par une performance médiocre, on peut aussi avoir envie de tout abandonner pour se consacrer au modélisme ferroviaire ou à l’apiculture bio. Il est alors temps de se plonger dans les « Sept péchés capitaux aux échecs » de Jonathan Rowson ou de faire un peu d’introspection.

Vous aussi, faites nous partager vos bilans post-tournoi !

Le programme d’Igor Smirnov


Igor nous dit que cela nous permettra d’atteindre 2000 elo plus rapidement : 30 minutes quotidiennement.

TACTIQUE : 5 minutes d’échauffement

L’objectif essentiel est surtout de ne pas faire d’erreur grossière lors de ces exercices. Ensuite, cela aidera à rencontrer un maximum de positions. Enfin, avant de commencer votre séance d’entrainement, cela vous aidera à vous concentrer.

La méthode reste toujours à peu près la même : envisager les échecs, les captures et les menaces. Votre processus de réflexion est alors sollicité.

JOUET ET ANALYSER : 10-15 minutes

Oui, partie rapide à revoir ensuite avec les données d’ouverture (Lichess ou Chessbase, ou tout autre source). Exploiter les meilleurs coups suggérés par votre moteur d’analyse : repérer quand vous jouez mal, et vérifiez comment vous pouvez punir l’adversaire quand il fait des erreurs.

APPRENTISSAGE : 10-15 minutes.

Igor reconnait qu’il est un peu à contre-courant quand il préconise de travailler les ouvertures… mais sans ouverture, pas de finale !

Il module toutefois ses propos en admettant qu’une fois qu’on a une bonne connaissance de 3-4 ouvertures, il est temps de s’intéresser aux finales, au jeu positionnel, etc. En outre, plus on aura de connaissances stratégiques, plus les coups préconisés par l’ordi auront un sens.

BILAN : tout dépend du temps dont vous disposez. Que 10 minutes : tactique. 15-20 minutes : tactique et une partie rapide avec son analyse sommaire.

Vous avez une heure ? Dans ce cas gardez 5 minutes de tactique, et passer 20-30 minutes pour le jeu et l’analyse, et autant pour l’acquisition des connaissances.

Difficile de faire plus simple dans une vidéo de 10 minutes, même si Igor nous incite à suivre ses cours payants !

Le contenu du programme et sa répartition sont ignorés.

Mais nul doute qu’avec les quelques idées déjà évoquées sur les « Echecs sans peine » par ChessDojo, Noël Studer, Dan Heisman et les autres, vous arriverez certainement à trouver le bon équilibre !