Travailler les parties de grands maitres


  1. TROUVER DES PARTIES DE QUALITÉS AVEC DE BONS COMMENTAIRES.

Cela semble évident mais ce n’est pas si simple pour un joueur modeste. Certaines parties de haut niveau sont souvent commentées par des Grands Maitres Internationaux, mais la portée de leur remarques nous échappent parfois. A moins d’être aussi un GMI, force est d’admettre alors que tel coup est bon sans autre forme d’explication. Par contre, le coup qui nous semble évident et logique n’est même pas expliqué ou réfuté : trop évident sans doute quand on a un elo de 2700 ! Certes Stockfish va lui donner un ?! mais il faudra aller voir 5 coups plus loin pour en comprendre la raison. Parfois les annotations ne commencent qu’après la fin de l’ouverture avec sa théorie censée être connue jusqu’au 17ème coup. Connue, mais pas par des joueurs à 1305 elo ! Parfois, les variantes sont développées sur quelques coups : insuffisant pour un joueur modeste qui doit se contenter d’admettre que cela explique la position. Bref, pas utiles pour la compréhension non plus.

Plusieurs critères peuvent être pris en considération pour le choix du recueil de parties :

  • Les 2 joueurs sont d’excellents joueurs internationaux. Toutefois la précision de leurs coups ne permet pas d’erreurs à partir desquelles les amateurs peuvent apprendre. Leurs erreurs sont éventuellement punies plusieurs coups plus tard et la valeur pédagogique n’est pas trop évidente malgré tout. Paradoxalement, l’excellent « Logical chess : move by move » de Chernev contient des parties de grand maitres contre des joueurs moins forts ! Neil McDonald propose « The art of logical thinking« , similaire, avec des parties plus récentes.
  • Les annotations sont suffisamment longues. En effet, se contenter d’un  » 23. Fd2 est probablement meilleur« , sans suite, ne nous aide pas beaucoup. Quand on peut, il est utile de feuilleter le livre avant de l’acheter et de choisir celui qui contient plus de mots que de variantes !
  • Pas trop de grosses erreurs des joueurs dans les parties commentées. Là encore, à moins de feuilleter l’ouvrage à la recherche de ? ou de ??, pas facile de savoir…
  • La partie doit contenir de bons exemples positionnels, tactiques, ou des thèmes stratégiques évidents. Les joueurs doivent se rendre coup pour coup. La présence de moments critiques serait un plus. La présence de suffisamment de diagrammes est souvent un bon indicateur car l’auteur juge que ces position sont remarquables.
  • Parties pas trop longues. Étudier une partie de 102 coups risque d’être lassant ! On peut tenter « Great Short Games of the Chess Masters » de Fred Reinfeld, et « Soviet Chess Miniatures » de P.H. Clarke, si vous arrivez à les avoir à un prix raisonnable. Mais il en existe d’autres.

Travailler quelques dizaines de parties demande de la constance et de la discipline. Se choisir un joueur de référence peut aider à aller jusqu’au bout d’un recueil de 50 parties. Beaucoup de grands joueurs actuels ont lu et relu les parties de leurs joueurs préférés, quitte à faire l’école buissonnière pour certains.

La plupart des forts joueurs de la première partie du siècle dernier, avec d’autres joueurs plus contemporains, avaient plus de facilités à imposer leurs plans et leur style, ce qui rend leurs parties intéressantes d’un point de vue pédagogique. Citons Rubinstein, Capablanca, Morphy, Siegbert Tarrasch, Harry Pillsbury et Paul Keres ou plus récemment avec leur style très personnel : Fischer, Karpov, Viswanathan Anand et Michael Adams.

Parmi les bons commentateurs, nous pouvons retenir : Anand, Keres, Mikhail Tal, Viktor Korchnoi, Pal Benko, Savielly Tartakower, Bent Larsen, Mark Taimanov, David Bronstein et Yuri Averbakh.

Une liste non exhaustive de recueils recommandés par Andrew Soltis :

  • « The Most Instructive Games of Chess Ever Played » de Irving Chernev
  • « Judith Polgar « de Tibor Karolyi
  • « Breaking Through » de Susan Polgar
  • « How to Beat Bobby Fischer » de Edmar Mednis
  • « Strategic Chess » de Mednis
  • « The World’s Greatest Chess Games » de Graham Burgess, John Nunn and John Emms
  • « Reti’s Best Games of Chess » de Richard Reti et Harry Golombek
  • « Tarrasch’s Best Games of Chess » de Fred Reinfeld
  • « Dynamic Chess » de R.N. Coles
  • « How to Defend in Chess » de Colin Crouch
  • « Learn from the Grandmasters » de Raymond Keene
  • « Winning the Won Game » de Danny Kopec et Lubomir Ftacnik
  • « Best Games of a Chess Coach » de Sunil Weeramantry et Edward Eusebi
  • Pas précisé mais le tournoi des candidats de Zürich de Bronstein mérite certainement d’être cité ici.

Reste à trouver ceux qui ont été traduits en français !

2. ÉTUDIER LES PARTIES DE FAÇON EFFICACE.

Le plus simple : déplacer les pièces sur l’échiquier et s’arrêter à chaque diagramme afin de chercher le meilleur coup à suivre. Par contre si vous butez fréquemment sur un coup qui n’est pas du tout abordé dans les commentaires, il est probable que le niveau soit trop élevé pour vous (sous-entendu : les commentaires sont de qualité, tels qu’ils ont été définis un peu plus haut). Mais cette méthode est un peu restrictive : certaines tactiques ou positions sont parfois occultées par le commentateur qui ne s’attarde pas à la mise en place d’un diagramme. Il est utile de noter ses bonnes réponses au fil du temps et de noter une progression dans la fréquence des bonnes solutions, encore que cela soit plus facile de les trouver (les bonnes solutions) dans certaines parties que d’autres. Toutefois, sur plusieurs dizaines de parties, le progrès devrait être au rendez-vous.

Il ne faut pas suivre la partie en s’aidant de Stockfish qui va de toute façon proposer un autre coup (tout aussi inexplicable que certains coups sans commentaire !), ce qui va compliquer encore plus la compréhension. Dans le meilleur des cas, cela donne une interprétation tactique. Mais si l’intérêt est purement positionnel, SF ne sera d’aucune utilité. Le joueur devra comprendre par lui-même pourquoi tel ou tel coup est mystérieux.

Et puis bon… on a de temps en temps des coups parfaits que seuls les génies peuvent expliquer ! Ne pas s’attarder dessus !

3. TROIS ÉTAPES POUR LES JOUEURS AMBITIEUX.

LE PREMIER PASSAGE

Lecture rapide de la partie en déplaçant les pièces idéalement sur un échiquier, 5-20 secondes par coup, à chacun son rythme, sans se soucier des commentaires. Cela devrait prendre dans les 10-20 minutes. Malgré tout, si vous défilez le PGN sur un ordinateur, cela permet plus facilement de revenir en arrière, à chacun de choisir. On est alors vraiment dans la partie en essayant d’appréhender :

  • les moment tendus
  • le joueur ayant l’initiative
  • l’obtention d’un avantage
  • le tournant décisif de la partie

C’est la méthode préconisée par Dan Heisman pour s’imprégner au maximum des idées de ces parties. Une par jour, et cela fait dans les 365 parties en un an, environ 1000 en 3 ans (oui… 3000 si on fait 3 parties par jour !).

Une fois arrivé au bout de la partie, prendre le temps de faire une pause et attaquer le deuxième tour.

LE DEUXIÈME PASSAGE

Reprendre la partie à zéro. S’attarder plutôt sur les commentaires que sur les variantes. Cela donnera une bonne vision des idées de chaque joueur.

LE TROISIÈME PASSAGE

Il est temps de regarder la finesse de certains coups, de comprendre pourquoi le coup évident n’a pas été joué, ou d’aborder les différentes variantes du moment critique.

SYNTHÈSE

Se préparer à expliquer la partie avec ses mots, comme un professeur, sans la résumer à un échange de tactiques. Et puis, plusieurs mois plus tard, regarder de nouveau cette partie afin de consolider les connaissances et les impressions.

D’après Andrew soltis : How to learn more from a master game

dans « Study Chess made easy »

Bibliothèque 2.0


L’époque où on trouvait un avis sur un livre dans Europe Échecs et qu’on commandait chez notre libraire préféré est révolue ! Les forums, les moteurs de recherche, les commentaires en ligne élargissent le champ de nos recherches.

Voici 4 moyens de lire un livre.

Prenons Strategy for Club for Players de H. Grooten

Le vrai livre (le vrai, en papier) chez Variantes : 27,95 €

En fait, c’est la seule option d’avoir réellement le livre pour soi, sur une étagère. Sinon, pour la suite, vous n’achetez que le droit de lecture.

Version liseuse Kindle : 19.40 €

Plus économique, avec l’avantage d’avoir un dictionnaire anglais-français intégré à la liseuse. Les applications permettent de lire aussi sur une tablette (ou un portable), ou sur votre ordi.

La version Chessable : 25.99 €

Le site vous propose l’accès au livre avec la reprise des coups selon un système de répétitions afin de mieux mémoriser. Bon, là, pas de chance… l’adaptation ne semble pas terrible selon les commentaires. Probablement plus efficace avec la méthode Woodpecker ou les 100 finales de de la Villa.

La version Forward Chess : 16.99 $ (14.27 €)

Après avoir installé l’application (ordi, tablette), vous avez accès à une fenêtre indexant les principales maisons d’édition en langue anglaise. Une fois le livre acheté, vous pouvez le lire sur l’application en suivant les coups sur une fenêtre qui est adjacente au texte (avec l’essentiel des outils propres à un GUI). Le concept est séduisant et Watson en dit du bien sur TWIC. Mais il faudra bien un jour manipuler les pièces !

Dou ïou spike angliche ?


J’affronte Maïa 5 sur Lichess, j’ai les noirs. Maïa est coté 1637 et j’ai 1780. Mes deux dernières parties classique (60+10) étaient contre des bots plus forts que moi (+100 à 150) et j’avais décidé de me donner un peu de facilité (après avoir perdu une partie et arraché une nulle sur l’autre).

Je joue la partie avec un échiquier sous les yeux avec l’annonce vocale des coups. En anglais.

Sur un 1.c4, je lance une hollandaise. Une douzaine de coups plus tard, les blancs pensent probablement gagner un avantage au centre en sacrifiant un cavalier contre un pion (mais allez savoir ce que pense un bot ?!). Erreur de sa part, et visiblement, la partie s’annonce bien. Avec un avantage matériel, je propose l’échange des dames. Concentré avec l’échiquier sous mes yeux, j’entends : « rook take f8, check ». Incompréhension totale, car selon moi, aucune tour adverse était en possibilité d’effectuer ce coup surnaturel ! Un mat en trois coups s’annonce contre mon roi. Hasta la vista, baby !

L’explication ?

Quelques coups plus tôt, Maïa avait joué Ta1-b1, et j’avais cru avoir entendu « rook e1 », sauf que l’annonce vocale était « rook b1 »

b1 : bi-ouane en anglais

e1 : i-ouane en anglais.

Voilà.

L’analyse d’une partie d’échecs.


On ne va pas revenir sur les bienfaits de l’analyse. Toutefois, on trouve peu de méthodes générales sur le web et dans les livres. La plupart du temps, on tombe sur des parties déjà analysées, mais cela n’explique pas concrètement comment faire quelles étapes suivre. Si un joueur classé 2375 a des idées stratégiques et tactiques, cela devient tout de suite plus hasardeux pour un joueur classé 1338.

Je me suis aidé de l’article de Noël Studer et de celui de Carlos Pujol sur chess.com.

Les bienfaits de l’analyse sont multiples :

  • comparaisons de nos idées avec la dure réalité de la tactique et du jeu positionnel.
  • développement de notre processus de réflexion.
  • amélioration progressives de nos connaissance sur les ouvertures (et au bout du compte sur les positions et les finales qui en découlent).
  • détection des erreurs récurrentes.

Selon Yusupov, ce qu’il faut attendre d’une analyse :

  • « trouver les moments critiques » dans le jeu, ces moments où des erreurs ont été commises, la nature de la position a changé, etc.
  • « Chercher les raisons de vos propres erreurs » – pas seulement ce qui a mal tourné, mais pourquoi.
  • « Chercher de nouvelles possibilités. » Quels mouvements avez-vous manqué dans votre analyse? Quelles idées pourriez-vous avoir considérées ?
  • « Réflexion sur l’ouverture »

Étape 1 : une analyse s’anticipe.

Pendant la partie, noter votre temps de réflexion. (Bon… faut avouer que la place manque parfois sur ces feuilles et que dans le feu de l’action ce n’est pas toujours facile)

Annoter votre feuille de partie avec des signes cabalistiques afin de repérer des coups particuliers (une croix pour une tactique douteuse, un point d’exclamation pour repérer un coup de adversaire qui vous a surpris, etc.)

Juste après la partie, notez vos impressions de façon plus détaillée (utilité d’avoir un carnet sur soi)

Si possible lors d’un tournoi : analyse post mortem avec votre adversaire (en fait cela devrait être obligatoire, ne serait-ce que pour des raisons de convivialité). Notez à part les idées, ce qu’il a vu de son coté.

Étape 2 : juste après la partie

Le plus rapidement possible après en tout cas. Lors d’un tournoi, ce sera le soir si vous en avez le courage ! Lors d’une partie en ligne, juste après.

Mettre la partie dans une base de données et retranscrire vos notes de la journée. Bien sûr, sans lancer le moteur d’analyse.

C’est le moment de repérer les moments critiques. Déjà, de façon simple : repérer les transitions ouverture-milieu de jeu, et milieu de jeu-finale. Le premier moment critique est à la sortie de l’ouverture (que ce soit vous ou l’adversaire qui en est la cause ). La perte d’une pièce en est une autre. De façon plus subjective, il faut aussi rechercher ce moment lorsque les deux positions semblent en équilibre et que chaque camp est arrivé au maximum de l’exploitation de la position (point de rupture possible). Lorsque le moteur est lancé ce sera lui qui indiquera également les options importantes qui ont été ratées. Il n’est pas utile dans cette étape d’en faire un roman, mais de poser un de ces signes cabalistiques si vous n’aviez pas eu l’occasion de le faire au cours de la partie. (^^, *, # ou tout autre signe spécial)

Ensuite il faudra aussi repérer les moments où vous vous sentiez mal engagé, s’attarder sur les phases d’échange, sur les moments pendant lesquels vous n’aviez pas d’idée, sur les positions peu claires qui vous ont fait choisir un coup simple plutôt que d’approfondir votre calcul.

Ce seront les moments clefs que vous analyserez en détail ultérieurement.

Enfin, et uniquement pour l’ouverture : vérifier ce qui peut être amélioré ou évité (Moteur d’analyse, database). Plus tard, s’attarder sur les raisons pour lesquelles vous n’avez pas joué le meilleur coup pendant cette ouverture.

Au cours d’un tournoi, il n’est pas utile d’en faire plus afin de garder confiance. En tout état de cause, afin de ne pas se dévaloriser, ne jamais se dire : « Quel idiot de ne pas avoir vu ça !  » ou « La honte, avoir été battu par un joueur avec 200 elo de moins que moi !« , mais « Il a fait chaud dans la salle » ou « J’avais soif, je devrais prévoir une autre bouteille d’eau« .

Le moteur d’analyse a été utilisé uniquement pour vérifier les quelques premiers coups de l’ouverture.

Etape 3 : plusieurs jours plus tard.

« Un bon processus de réflexion qui abouti à un mauvais coup est pire qu’un bon processus de réflexion qui abouti à un mauvais coup !  »

Noël Studer

Avoir écrit les idées qui viennent à l’esprit juste après la partie est essentiel.

Bien sûr l’aide d’un joueur plus fort que vous est la meilleure solution, mais sinon, c’est le moteur d’analyse qui sera la référence. D’autant plus qu’il est quasiment impossible (avec des journées de 24 heures) de revoir la partie, coup après coup, en y consacrant autant de temps que la partie elle-même. L’analyse de Stockfish permet de recaler l’évaluation qu’on ressent lors des moments critiques (je pense qu’il est utile de donner une évaluation sur chacune de ces positions), puis de la comparer plus tard avec l’analyse d’un moteur (chaque moteur aura sa propre évaluation, il faudra donc se fier au même moteur à chaque fois).

La situation s’est décantée, vous pouvez aborder votre partie avec un œil nouveau. Il s’agit désormais, calmement et en prenant votre temps, de la revoir en envisageant les options que vous n’aviez pas développées (variantes et sous-variantes), ou de comprendre comment vous auriez pu éviter la perte d’une pièce ou le contrôle d’une case (colonne, diagonale).

Lorsqu’une position semble peu claire, il est utile de faire appel à une base de donnée et de rechercher des positions similaires jouées par des forts joueurs afin d’observer leurs décisions. Mais le plus important est malgré tout de comprendre pourquoi on est dans l’erreur. Si le calcul peut en être à l’origine, il est aussi possible que notre état d’esprit nous amène à prendre de mauvaises décisions. On pense être en retard ? on attaque à fond en prenant des risques. On pense être en avance ? On se relâche et l’adversaire reprend le dessus. Partie après partie, il est alors possible de dégager quelques défauts principaux.

Et enfin… : Stockfish, Komodo, Lc0 !! Lâchez la cavalerie. Régler la détection des erreurs en fonction de vos objectifs (à mon avis, un seuil de 0.66 à 0.75 points est probablement suffisant à petit niveau, 1 point si vous débutez). Surtout pour les débutants, si une erreur est dépistée tous les 4 à 5 coups, il faut sérieusement penser à revoir le processus de réflexion et travailler la tactique. Ou régler le seuil d’erreur sur une valeur un peu plus haute ! Inversement, si le moteur d’analyse ne détecte rien… affinez les options.

Etape 4 : le bilan.

Il est temps de se poser des questions. Avez-vous correctement évalué la position ? Aviez vous choisi un bon plan? ? Combien d’erreurs tactiques ? (pièce perdue ou tactique ratée, partie qui se prolonge alors qu’un mat en 3 coups était jouable). Il très important de verbaliser cette étape, de l’écrire.

Pour chaque partie, noter trois choses que vous avez apprises. Par exemple :

  1. Pour cette ouverture, l’échange des fous n’est pas à craindre.
  2. Dans des situations tactiques, ou désespérées, toujours regarder s’il est possible de mettre le roi adverse en échec.
  3. Dans une finale complexe R+P, il est parfois utile de bloquer un ilot de pions avant de déplacer son roi.

Repérez les failles dans votre processus de réflexion, diagnostiquez les tactiques ratées, les moments de la partie pendant lesquels vous avez été faibles (ouverture, milieu de jeu, finale). Puis, lorsque les parties de votre tournoi ont été analysées, ajustez votre programme d’entrainement en conséquence.

Il est utile de soumettre votre analyse finale à un joueur (au moins de votre niveau) afin de limiter des biais (récursivité). Par exemple : s’autoflageller pour ne pas avoir trouvé un mat en 5 coups (avec des variantes et sous-variantes compliquées), alors qu’un mat en 7 était possible avec une suite forcée plus simple. Les forums permettent de publier ces analyses, si tant est que quelqu’un y prête un œil attentif et bienveillant. C’est une arme à double tranchant.

Comme on peut le voir, une analyse sérieuse prend du temps. Pour un tournoi, c’est une bonne semaine de travail en perspective. Hors tournoi, vos parties longues en ligne (au moins des 30 minutes) méritent cet effort. Dans une moindre mesure, les parties plus rapides ne doivent pas être négligées.

Certes cette activité est chronophage, mais c’est pour cette raison qu’il y a si peu de Grand maitres !!

Stejpan nous développe tout ça sur Hanging Pawns : « How to detect and correct your middlegame mistakes » et « How to analyse chess games« 

Etape 5 : et après ?

Le gain, si gain il y a, est probablement sur le long terme. Dans la mesure où l’intérêt est finalement de se corriger, cela nécessite d’accorder son programme d’entrainement à ces analyses. En comptabilisant les types d’erreurs (tactique – offensive ou défensive, soucis visualisation, stratégie, finale – de tours, de pions -, ouverture – avec les blancs, les noirs -) on peut ainsi porter ses efforts sur les points faibles. De façon encore plus simple : trouver la dernière erreur qui vous fait perdre une partie. Faites-le sur au moins 10 parties et regardez ce qui s’en dégage.

Vous aussi vous analysez ? Dans quelle mesure cela vous a-t-il aidé à progresser ?

Les conseils de Todd (2)


Le moment fatidique arrive : il va falloir (ou pas) capturer ou se laisser capturer une pièce.

  1. ÉCHANGE

Le but d’un échange est multiple :

  • Gagner un temps
  • Ouvrir/fermer une colonne (diagonale ou colonne)
  • Éliminer un défenseur
  • Pour toute autre raison que vous jugez valable !

Il est intéressant d’échanger :

  • Quand vous avez un avantage matériel : échangez les pièces mais pas les pions.
  • Quand vous avez moins d’espace que votre adversaire.
  • Quand vous subissez une attaque (surtout les dames !)
  • Quand cela simplifie une position à votre avantage (notamment dans une finale)

Il n’est pas intéressant d’échanger :

  • Quand vous avez un retard matériel (mais capturez les pions, ces futurs candidats à la promotion)
  • Quand vous avez plus d’espace
  • Quand vous attaquez
  • Quand cela arrange l’adversaire

Quand il y a plusieurs captures, commencez à prendre avec la pièce la plus faible (si c’est possible). N’hésitez pas à modifier l’ordre des captures quand la position est complexe et que vous ne trouvez pas comment faire.

3. DÉCOMPTE

On ne le répétera jamais assez : comptez toujours combien il y a d’attaquants et de défenseurs. Autant pour les pièces que pour les cases. S’il y a plus d’attaquants que de défenseurs : la pièce peut être capturée ou la case contrôlée. Se méfier toutefois lorsque des pièces de différentes valeurs s’échangent. Une dame, aussi bien protégée soit-elle, est malgré tout en danger si elle est attaquée par un pion ! Vérifiez bien l’ordre des captures.

D’après Chess Strategy Workbook (Todd Bardwick)