Les meilleurs livres d’échecs de l’univers et au delà.


Ils en ont débattu pendant presque une heure et demi sur Chess Dojo. J’avoue : j’ai eu la flemme de suivre leur discussion et je suis allé directement voir la conclusion. Le meilleur livre veut tout dire et ne rien dire. On parle d’ouverture ? de style littéraire ? de qualité d’impression ? De livres toujours en notation descriptive ? Encore en vente ? A moins de 10 € ?

Dans la mesure où ils ont aussi probablement un intéressement sur les liens Amazon qu’ils donnent en commentaire de leur vidéo, on peut légitimement se demander si le but n’est pas de recueillir un peu de trésorerie ! Et bien évidemment, ces livres ne sont pas en Français. Allez, Marc, Sylvain, Joachim, Julien, Kevin… donnez-nous vos top 10 francophones !

Il n’en reste pas moins que si vous recherchez un bouquin qui entre dans la catégorie de ceux qui sont listés ci-dessous, vous ne serez donc probablement pas déçus.

1. My Sixty Memorable Games, Fischer.

2. Test of Time, Kasparov. (382 € , d’occasion !!!)

3. New York 1924, Alekhine.

4. Tal Botvinnik 1960.

5. My Great Predecessors, Kasparov.

6. My System/Chess Praxis, Nimzovitch.

7. Grandmaster Preparation, Polugayevsky.

8. The Mammoth Book of the World’s Greatest Chess Games, Burgess.

9. Endgame Strategy, Shereshevsky.

10. Art of Attack, Vukovic.

On retiendra tout de même une majorité de recueils de parties, un livre sur le calcul, un sur la stratégie des finales, un autre sur la préparation des GMI, et le livre technique de Nimzovitch.

A quand une discussion de 1h26 sur les meilleurs livres de ces 10 dernières années sur la préparation et la façon de travailler au mieux les échecs pour des joueurs de petit niveau ?

Complexité de l’apprentissage


Les échecs sont un domaine d’activité complexe. Andrew Soltis évoque un système TMI : Too Much Informations (trop d’informations). Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) y fut déjà confronté en s’initiant à ce jeu, presque à en perdre la raison. Trois cents ans plus tard, la requête « How to be a good chess player » sur google nous donne plus de 64 millions de résultats en 0.5 secondes !! Et « What is the best chess book » sur Bing : plus de 500 000 résultats.

Il est vrai que lorsqu’une personne décide d’apprendre à jouer et de progresser, la tâche est immense et l’étendue des connaissances à acquérir complique cette pratique. L’empirisme et l’approche expérimentale ne seront pas les meilleurs moyens de progresser, car il existe trop d’informations dans lesquelles il est donc facile de se perdre.

Avec ses 64 cases sur lesquelles sont placées 32 pièces composées de 6 pièces différentes, le jeu d’échecs n’a pas encore été résolu comme l’a été le jeu de dames.

Les ouvertures : l’Oxford Companion to Chess dénombre pas moins de 1327 ouvertures ! Certes, entre celles qui sont anecdotiques ou dépassées, l’éventail se restreint. Mais vouloir les connaitre toutes, jusqu’au 10ème coup semble donc infaisable (13 270 positions). Se plonger dans la Sicilienne nous montre déjà l’étendue du répertoire. Et l’erreur serait pour un débutant de se plonger soit dans ce qui semble être l’ouverture la plus fréquemment utilisée, soit dans celle qui semble donner les meilleurs résultats, ou soit dans celle qui a un joli nom, tout en favorisant un travail de mémorisation au détriment d’une bonne compréhension des principes généraux des ouvertures. Le mirage de l’idée trompeuse qu’être bon dans les ouvertures assure une victoire grâce à ces connaissances, ou à quelques pièges, est un leurre.

La tactique : s’il est facile d’apprendre le principe de quelques tactiques théoriques, les mettre en pratique, et être capable de les reconnaitre afin de les exploiter est encore une autre affaire. On n’ose même pas faire l’estimation du nombre de positions tactiques qui ont été présentées dans les livres édités depuis que les premiers ouvrages dédiés à cet effet ont été publiés ! Cela doit probablement friser l’infini. On estime que les joueurs de très haut niveau ont en tête dans les 100 000 positions thématiques (notion de chunk à définir). L’erreur serait de survoler des exemples de clouage, d’attraction, de suppression du défenseur, ou de mat du couloir. Et de passer à autre chose sans travailler régulièrement la tactique.

Les finales : les tables de finales regroupent une très longue liste de positions dont on sait par avance si elles sont gagnantes ou pas (cf les tables de Nalimov). Seule l’informatique permet de recenser tout ça. Le travail des finales peut paraitre rébarbatif. Il serait dommage de négliger certaines techniques malgré tout faciles à acquérir et qui procurent une certaine aisance dans cette partie du jeu. L’austérité de ce calcul pur détourne probablement certains joueurs de cet aspect du jeu.

La théorie : il n’existe pas 1 livre unique sur la théorie des échecs ! Le choix est vaste lorsqu’on désire acquérir un manuel d’échecs. Chaque année de nombreux bouquins sortent afin de nous montrer le meilleur de telle ouverture, ou de nous (ré)apprendre la stratégie. Il est possible de recouvrir un mur entier de votre salle à manger avec tous ces bouquins, en français, en anglais, en russe, en allemand, en chinois… Le joueur débutant risque d’être attiré par des ouvrages au titre prometteur, en négligeant ceux qui promettent plutôt de progresser grâce à un travail long et acharné.

Les chaines Youtube : devenues une réelle activité échiquéenne, de nombreux joueurs (parfois de talent !) proposent leurs visions du jeu : analyses de parties, parties commentées selon les niveaux, exercices en direct, discussions, cours… en nombre d’heures, cela doit être tout aussi énorme que le nombre de positions tactiques exploitables sur Lichess !! C’est bien évidemment devenu un business attractif et si quelques joueurs de talent nous donnent des vidéos de qualité, on a parfois certaines chaines avec une qualité inférieure.

Les coaches : si on y ajoute les sites offrant des programmes d’apprentissage, le choix est vaste ! Il existe même des coaches rémunérés qui ne font que de l’initiation ! Grace à Internet, il est possible d’avoir un coach russe qui parle français et qui réside aux USA ! Les tarifs vont du simple au double, le niveau peut aller de 1700 elo à 2500 elo (intervalle approximatif). Choisir un coach n’aura jamais été aussi facile, mais complexe également.

Les parties : the Week in Chess recense (et met à disposition) toutes les parties officielles de haut niveau. Rien que l’édition 1476 du 6 mars 2023 contient pas moins de 6031 parties, soit plus de 300 000 parties par an ! La database de chessbase contient 8 millions de parties.

Le processus de réflexion : s’il peut être résumé en trois phases (je regarde s’il y a une ou plusieurs menaces, je choisis le meilleur de mes 2-3 coups candidats, je vérifie que mon choix est bon), ce processus reste éminemment complexe dans l’esprit humain avec ses quelques milliards de neurones. La visualisation (imaginer la position des pièces sur un échiquier au bout de 2-3 coups) lors de la recherche du meilleur coup est une aptitude parfois difficile à acquérir.

On se rend compte que mettre bout à bout à bout les idées intéressantes devient complexe pour peu qu’on ne se contente pas de jouer pour passer le temps. Le simple apprentissage scolaire ne suffit plus. Une des méthodes pour y arriver serait, aussi paradoxale soit-elle, de s’imprégner de toute ces donnée de manière sub-liminale. Dan Heisman préconise de lire les parties et de déplacer les pièces sur un échiquier (2 parties par jour, soit 730 par an, 2190 au bout de trois ans). Vishy Anand dit avoir lu plusieurs fois le même livre dans sa jeunesse et qu’imperceptiblement cela contribua à ses progrès.

Discutons entre adultes !


7 min 02 s

Verbatim, résumé et adaptation d’un podcast avec James Altucher, qui se replonge dans le jeu d’échecs après 20-30 ans d’arrêt. Pas d’elo enregistré sur la FIDE avant 2021, mais son niveau actuel (1850) le rend finalement plus accessible que certains joueurs classés 2300-2400 ! Pourquoi parler de ce podcast plutôt qu’un autre ? Tout simplement parce que j’avais déjà évoqué quelques unes de ses idées pour donner du sens à sa vie échiquéenne.

Ben Johnson, le podcasteur (?) se rend compte qu’avec un épisode hebdomadaire à préparer, il n’a pas réellement le temps de travailler sérieusement les échecs. Un peu d’ouverture, un peu de blitz, lecture rapide des livres de ses invités. Au détriment d’un travail de fond sur le calcul par exemple. Ceci dit, James Altucher se demande si travailler la tactique est synonyme d’amélioration, peut-être à petit niveau, mais cela ne suffit certainement pas quand on est avancé dans son parcours échiquéen. James reconnait que, bien qu’il ait joué de nombreux blitz pendant de nombreuses années (ce qui fut sa seule activité aux échecs au cours des dernière décennies), son niveau n’a pas évolué du tout grâce à ça. Il reconnait que lorsqu’il travaillait sérieusement, avec une pointe à 2204, ce fut avec un coach (john Federowicz), plusieurs fois par semaine et surtout sur des variantes d’ouvertures. Enfin il admet que son titre de maitre lui a probablement servi d’ascenseur social et professionnel. (euh, James… je ne vois rien sur ton titre sur le site de la FIDE ?)

La philosophie du plus-égal-moins

James se rend compte que depuis ces 20-30 dernières années beaucoup de choses ont changé, et qu’un joueur classé 2200 en 1990, n’a plus les mêmes compétences qu’un joueur au même niveau en 2020. Les outils informatiques ont fait progresser beaucoup de joueurs. Si la maitrise tactique et les ouvertures sont au top, la compréhension de la position dans une partie sont certainement capable de faire la différence. Une chose n’a pas changé : vous êtes au mieux de vos capacités entre 30 et 50 ans.

Plus : on a besoin d’un mentor, d’un coach qui va nous apprendre quelque chose. Avoir un coach (niveau 2500 !) plus agé que soi apporte beaucoup, notamment sur la compréhension d’une partie.

Égal : s’entrainer avec des joueurs de niveau équivalent (positions, analyses, parties lentes). L’analyse de parties lentes permet de mieux appréhender les subtilités d’une position et de les appliquer au cours d’une partie rapide.

Moins : transmettre son savoir à des personnes moins fortes. On ne comprend bien que ce qu’on est capable d’expliquer.

Woodpecker method : 1 heure de tactique par jour ! Mais cette méthode ne convient pas à tout le monde, à chacun de choisir. A cette méthode de répétition de positions identiques, on peut lui opposer les méthodes consistant à travailler de nouvelles positions (bon… je trouve que l’idée de travailler quotidiennement à la Woodpecker, avec des tests d’évaluation sur Lichess une fois par semaine, serait à explorer)

Il faut tout de même admettre que lorsqu’on rencontre une position au cours d’une partie, et que celle-ci active un processus lié à quelque chose que l’on a déjà vu, cela ne peut être que bénéfique. Lorsqu’on répète plusieurs fois quelques centaines de position, il est évident qu’on ne les retient pas toutes. Mais notre subconscient en retient les mécanismes. C’est en tout cas probablement plus profitable que passer son temps à jouer des bullets.

James évoque « King Indian Warfare » , d’Ilya Smirin (livre indispensable pour les pratiquants de la KID, recommandé pour qui voudrait s’y lancer, intéressant pour tous les autres selon Variantes), la série des « Decision making » de Gelfand et aussi Mauricio Flores Rios avec son « Chess Structures » (le seul qui soit accessible à des joueurs en dessous de 1500-1700 selon la discussion). Ce dernier livre ayant tout intérêt à être travaillé en parallèle avec les parties de Kasparov (par exemple). Les études sur les parties de champions doivent être instructives : pourquoi a-t-il poussé c4 ? pourquoi son coup (non commenté) est-il gratifié d’un point d’exclamation ? il est important d’en retenir la leçon.

S’améliorer nécessite de tout travailler, et pas simplement apprendre des ouvertures par cœur et pratiquer de la tactique 4 heures par jours. Compréhension des ouvertures, types de finales, convertir un avantage, etc.

L’effet bénéfique de ce qui est travaillé ne se voit pas tout de suite. il faut attendre plusieurs mois avant de déceler un léger progrès.

James peut passer 30 à 60 minutes sur une partie, mais en prenant soin de bien noter les concepts qui sont abordés dans celle-ci.

Les ouvertures : l’intérêt de comprendre les orientations d’une ouverture est de pallier au déficit de sa mémoire. Beaucoup de questions à se poser : est-ce une ouverture qui va favoriser l’attaque ? Est-ce que les roques vont être du même coté ? Est-ce qu’il va falloir être incisif dès le départ ou construire lentement son jeu ? Quelle va être la meilleure case pour mon(mes) fou(s) dans cette ouverture ?

Dans le domaine des ouverture, James est conscient que la plupart des coups logiques sont valables pour chaque camp. Et à moins de tomber dans un piège, si on joue les bon coups dictés par les traditionnels principes, on ne peut pas être en retard à la fin de celles-ci.

La notion d’espace, aussi importante soit-elle, ne trouve toute sa valeur que dans des parties de très haut niveau, sans doute beaucoup moins à petit niveau.

James cite une ouverture jouée par Magnus : 1. a4, puis 2. Ta3, etc… ! chaque coup qui s’ensuit a son explication, sauf que l’adversaire (pourtant classé 2700) a du mal a en saisir le sens.

Connaitre le niveau maximum d’un joueur adulte en progression est difficile à estimer. Certains GMI nous disent que 1800 est accessible à tout le monde, d’autre que 2400 avec un peu de travail est faisable ! Reste à définir la quantité de travail et de ce qu’on y incorpore. Travailler les parties de Kasparov c’est bien, mais comprendre comment, par quel processus intellectuel, il est arrivé à une position gagnante est souvent difficile.

Les joueurs passionnés d’informatique pourront se plonger dans « Game Changer : AlphaZero’s Groundbreaking Chess Strategies and the Promise of AI » de Sadler et Regan. Selon leur analyse (et si j’ai bien compris !) AlphaZero stabilise le centre et attaque en poussant le pion h. En face, cela modifie la structure de pions à un moment ou à un autre (le moindre pion du roque qui n’est plus sur sa case de départ met en danger la sécurité du roi), et 50 coups plus tard, la victoire se joue de ce coté. Même chose avec une poussée f2-f4 qui découvre le roi sur la diagonale a7-g1. Une des conclusions à tirer de ce livre est également que le roi est en perpétuel danger au cours d’une partie. En outre, ne jamais négliger un pion passé, fut-il encore sur sa case de départ.

Il serait intéressant de voir comment les GMI exploitent les faiblesses de leurs adversaires. C’est ce genre de détails qui permet de mieux garder un avantage sans avoir une excellente maitrise tactique. Sur ce dernier point, même dans des parties de GMI, les tactiques sont souvent sur quelques coups, ce sont rarement des suites forcées d’une douzaine de coups (Dan Heisman estime qu’une profondeur d’analyse d’un moteur d’échecs sur 2 coups équivaut à un niveau 1600-1800). Les questions à se poser : pourquoi est-ce que j’ai raté une opportunité ou pourquoi est-ce que je l’ai laissée à un adversaire ? En outre, il faut faut bien faire la différence entre faire une gaffe et ne pas voir un coup tactique (bref, il faut surtout devenir moins mauvais que devenir meilleur !)

James ne délaisse pas les vidéos dans son parcours. Il reconnait que certaines chaines sont réellement là pour l’ « entertainment » mais d’autres sont vraiment d’un grand intérêt. Il cite les analyses de Daniel Naroditsky, la série Banter Blitz (Chess24) de Sam Shankland qui ont de bonnes évaluations de position, et aussi les vidéos de Jesse Kraai dont il est l’élève.

Ses cours avec Jesse durent une heure, et consistent essentiellement en des analyses. Pas nécessairement sur une partie entière mais plutôt une position, avec une quinzaine de coups (autant dans ses parties, que dans celles de Kasparov ou d’une partie du tournoi des candidats par exemple). Dans les parties, que James estime avoir bien jouées, Jesse trouve des options nettement plus agressives que le petit coup défensif.

Tout comme certains joueurs mémorisent les ouvertures, James estime qu’il est utile de faire de même avec le milieu de partie : quoi faire avec un avantage d’espace, avec des pion suspendus ou isolés. Cela permet aussi de mieux aborder les finales. Il est probable que travailler des positions tactiques de finales permet de progresser à la fois en finale et en milieu de partie.

Le livre de Van Perlo, « Endgame tactics » est cité (a notamment reçu le prix du livre de l’année (2011) par la English Chess Federation. «  […] plus digeste que beaucoup d’autres bouquins sur le sujet et sans doute aussi instructif » selon Variantes. Jesse (Kraai l’évoque sur Chessdojo).

James est admiratif sur la vision du jeu des grands joueurs qui savent pertinemment s’ils ont une position gagnante s’ils ne font pas d’erreur.

Ceci dit, la tactique ne suffit pas à éliminer les gaffes à 100%. Il convient d’avoir sa check-list et de la consulter à chaque coup lors de parties d’entrainement, surtout lorsque les réflexes ne sont pas acquis ou que la mémoire commence à faire défaut (disons qu’elle est moins performante avec l’age !). Le conseil de James : en dessous de 1500-1600, si vous calculez plus de 2-3 coups, vous allez certainement tomber sur une mauvaise conclusion ! Soyez simples : plus vous calculez loin, plus vous avez de risques de vous tromper. Si vous suivez ce conseils et êtes vigilants sur les intentions de vos adversaires, vous ferez certainement plus de progrès qu’en vous acharnant sur la tactique.

S’offrir un coach est aussi une bonne idée. Certes, cela a un cout, mais il y a en de tout niveau et à des tarifs différents.

Jouer des parties longues (au moins 45+0) reste enfin une pratique profitable.

« How to study chess on your own » de Davorin Kuljasevic est également cité. Toutefois la critique récurrente sur ce livre est qu’il s’adresse essentiellement à des joueurs très ambitieux, disponibles et/ou au delà d’un certain niveau.

James nous rappelle qu’augmenter ses connaissances/compétences de 1% chaque jour, nous donne un résultat final 38 fois supérieur au bout d’un an (=1.01365 !), et de +34% chaque mois.

Il existe d’autres podcasts (ballado-diffusions !) de joueurs connus ou pas, d’auteurs connus ou pas, dans une optique de joueur adulte désireux de progresser. Toutefois la langue est quand même une barrière (merci les sous titres). D’autant plus que certains podcasts durent longtemps (1h23 pour la discussion avec James). Les plus courageux pourront aussi tenter des vidéos de plus de 3 heures avec Ben Finegold !!!

Ceci dit, les quelques conseils de James ne peuvent que nous être profitables. Jouer simple (2 coups !) et anticiper les menaces de l’adversaire, avoir sa check-list, travailler les structures de pions, tirer un enseignement de chaque partie de qualité, progresser de 1% chaque jour, choisir les bonnes chaines vidéos et les livres adaptés à son niveau. On peut aussi retenir que rien n’est écrit dans le marbre en matière d’amélioration aux échecs. Ce qui était valable il y a 20 ans ne l’est plus maintenant, ce qui valable pour un elo 1350, ne l’est pas pour un elo 1850, ce qui fonctionne pour un joueur 1200-1300 de 15 ans ne le sera pas pour un joueur 1200-1300 de 47 ans.

A guide to chess improvement (Dan Heisman)


Je viens de me rendre compte que depuis que j’évoque ce livre, je n’en ai jamais vraiment parlé ! Si ? Ah bon.

On peut le trouver en version liseuse pour 8-9 €, et version papier à une vingtaine d’euros.

Dan est donc un coach, qui a écrit des articles sur le site Chess Café : ce fut les Novice Nook (si je traduit bien : le coin des novices). Le soucis est que ce site est devenu payant depuis ! Clairement orienté vers des adultes débutants désireux de progresser, ces articles sont des conseils sur la façon de jouer, d’apprendre, d’appréhender le jeu. Il en a fait un condensé en sélectionnant ce qu’il a considéré comme étant les meilleurs articles (avec une révision du contenu) dans ce guide qui n’a aucun équivalent en français, et qui mériterait d’être traduit et d’avoir une deuxième édition depuis sa sortie en 2005.

L’idée de ces chroniques lui est venue d’une performance à 1600 d’un de ses élèves classé 1100 ! Il en a tiré des conclusions qu’il a confiées à Chess Café en 2001. Non seulement l’article a été un franc succès, mais il fut récompensé ultérieurement par la presse spécialisée ! D’autres articles suivirent jusqu’à ce que le responsable de ce site lui proposent de publier régulièrement : les Novice Nook.

Si vous être prêt à affronter les échecs réalistes, à recevoir des conseils de micro et de macro management du temps, à découvrir la sous-estimée notion de décompte tactique lors des échanges, et à répéter inlassablement ce mantra « Echec, capture, menace », alors ce livre est fait pour vous !

Pour Dan, progresser de façon efficace nécessite d’aborder les poins suivants :

  1. Identifier les faiblesses.
  2. Apprendre à réfléchir correctement.
  3. Apprendre de la théorie, en relation avec les faiblesses, de façon plaisante.
  4. S’entrainer et jouer (des parties lentes !) autant qu’on peut.
  5. Exploiter les erreurs qui apparaissent lors des entrainements et des parties pour les corriger.
  6. Accepter de se remettre en cause.
  7. Définir des objectifs raisonnables et réalistes.

Sans entrer sans les détails, voici les principaux thèmes abordés (sur presque 400 pages) :

  1. Amélioration générale
  2. Processus de réflexion
  3. Gestion du temps
  4. Compétences et psychologie
  5. Tactique et sécurité
  6. Les ouvertures
  7. La technique dans les finales
  8. Stratégie et jeu positionnel
  9. Choses diverses

Ce n’est donc pas un livre pour s’initier ou apprendre les échecs. Le lecteur est censé avoir les bases. Ce qui est intéressant dans tout ça, c’est que Dan s’intéresse surtout au pourquoi et au comment, sans nous abreuver de longues analyses ni de variantes compliquées. De nombreux livres sont évoqués afin de compléter ses propos (mais d’autres plus récents méritent probablement notre attention). De toute façon, vous avez déjà des bouquins sur la tactique, les ouvertures et la stratégie pour encombrer votre bibliothèque et votre mémoire. Les deux premiers chapitres, à eux seul, sont certainement capables de vous faire progresser plus qu’un livre censé vous livrer les secrets d’un grand champion ou vous garantir une victoire grâce à un gambit destructeur !

Retrouvez tout au long de ce blog les différents moments où j’ai évoqué les propos de Monsieur Heisman. Retrouvez-le également sur chess.com de façon ponctuelle.

Les plus courageux (la prise de son n’est pas terrible) pourront également tenter ses vidéos.

« Ne vous souciez pas de votre elo : travaillez vos compétences et votre niveau suivra »

Ordinateur et entrainement aux échecs


Dans son livre « Study Chess Made Easy » (si on devait traduire : L’étude des échecs en toute simplicité), Andrew Soltis évoque souvent l’usage de l’ordinateur pour l’entrainement. Selon lui, s’entrainer consiste à jouer contre des humains et des programmes avec des formes et des temps variés. Un Cyber-partner est utile pour plusieurs raisons :

  • disponible à toute heure
  • adaptable et paramétrable pour tout niveau (cf les moteurs de Lucaschess)
  • possibilité de rejouer une position (même si on a fait un mauvais coup)
  • travail à l’infini à partir d’une position (ouverture, finale)
  • choix du temps de réflexion

Mais il convient de prendre certaines précautions :

  • Le niveau de votre adversaire informatique devrait vous permettre de pouvoir gagner au moins 25% de vos parties (correspondant environ à une différence de 200 elo)
  • Au delà d’1 point d’écart sur une position, soit vous arrêtez pour recommencer, soit vous continuez à jouer en changeant de couleur afin de profiter de la position supérieure. Si à nouveau l’écart est en votre défaveur, vous rechangez de camp, etc.
  • Entrainez vous à jouer contre de mauvaises ouvertures (exemple, jouez les noirs contre 1.e4 e5 2. Dh5).
  • Si vous avez du mal à détecter les menaces, certains programmes permettent de les signaler.
  • Ne pas abuser de la reprise de coup, mais inversement n’appliquez pas la règle pièce touchée, pièce jouée (le redoutable miss-click !)
  • Profitez de certains modes qui rendent les programmes faillibles et capables de faire des erreurs de débutant.

Le travail des finales

Un moteur d’échecs est un excellent outil pour pratiquer des finales simples et élémentaires parfois rébarbatives (comme R+F+C contre R, dont le seul intérêt consiste à travailler la visualisation).

Profitez de positions (quelques coups avant un mat) à l’avantage d’un camp dans des parties de qualité, afin de les jouer contre un programme.

Gagner une finale avec un avantage très léger (1 à 2 pions) est probablement une compétence à développer. Contre un programme, il ne s’agira pas de jouer pour un gain tactique, mais bien de savoir exploiter un avantage, de définir un plan (il y en a parfois plusieurs à votre disposition).

On peut utiliser une finale de joueurs de haut niveau, la jouer contre un programme, puis comparer ensuite avec la façon dont les deux adversaires se sont affrontés dans cette partie.

D’abord s’entrainer avec un avantage de deux pions, dans des positions diverses et variées autant que complexes, puis ensuite avec un avantage de 1 pion. Limitez au départ les finales avec des dames qui compliqueront trop la position.

Enfin, il sera temps d’aborder des finales avec un équilibre matériel : les considérations positionnelles trouvent alors toute leur importance.

Jouer et rejouer ces positions !

Les milieux de partie

Choisir une position parmi les quelques livres de stratégie, ou de jeu positionnel. Régler le programme à votre niveau ou un peu au dessus et jouer une dizaine de coups à une cadence lente. Ensuite comparer avec les explications du livre.

On le voit, les façons d’exploiter les programmes d’échecs sont multiples. Même s’ils ne remplacent pas un humain, leur disponibilité, leur aptitude à ne pas se lasser de jouer toujours la même position (fut-elle perdante !), associées à l’emploi de livres correspondants à votre entrainement en font de précieux outils.

N’hésitez pas à nous faire partager votre expérience dans ce domaine !

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