Points de détails importants


L’impression que cela stagne ? Résultats du récent tournoi qui n’honorent pas le travail des 3 derniers mois ? Du mal à gagner contre des adversaires avec -200 elo ? Il est peut-être temps de vérifier quelques uns de ces points :

  • Jouer plus de parties longues que de parties rapides
  • S’entrainer contre des adversaires (un peu) plus forts
  • 15 minutes de tactique tous les jours
  • Utiliser un échiquier (et pas un écran)
  • Pas plus de 10-20% de son temps total d’entrainement pour les ouvertures
  • Avoir un (des) partenaire(s) d’entrainement
  • Bien dormir et manger
  • Revoir le processus de réflexion (et se créer sa check-list)
  • Avoir un cahier d’entrainement
  • S’entrainer en étant concentré (pas de téléphone, pas de Facebook, on évite Metallica dans les écouteurs…)
  • Avoir un programme d’entrainement, aussi simple soit-il.
  • Se tenir à un entrainement régulier plusieurs fois par semaine (plutôt que 1 fois 3 heure par semaine)
  • S’offrir un coach
  • S’imprégner des parties des grands maitres.
  • Réviser les tactiques de base
  • Tenir à jour ce qui est mesurable (activité quotidienne, gains, heures de sommeil)
  • Conserver les parties de tournoi dans une base de données pour les exploiter
  • Analyser les parties longues
  • S’abonner aux Échecs sans peine !

Taper dans le dur !


On peut être tenté pour se préparer à un tournoi, ou afin d’envisager un progrès tangible, de s’entrainer comme une bête.

6 heures par jour, 10 problèmes issus des positions de Laszlo Polgar, 30 minutes avec les finales de Dvoretsky, et une 30+10 contre Lc0 suivi d’une heure d’analyse, tous les jours. Au minimum ! Sans compter la stratégie, les ouvertures, un open tous les 1 à 2 mois, les séances avec le coach…

Ramesh, lui, préconise 4 heure de travail sur des études, quotidiennement, par séries de 4 jours !!

Jusqu’où faut-il pousser le curseur ?

Steve Magness, spécialiste du « running », préconise ces lignes directrices pour sa discipline :

  • Facile la plupart du temps
  • Difficile occasionnellement
  • Avec des variations
  • Être dans le dur rarement

Si on adapte aux échecs, cela pourrait donner (du haut de mes 1600 elo !!!) :

Facile la plupart du temps : une série de 10 à 20 exercices tactiques résolus à 60-75%, quelques blitz, petit travail de compréhension des ouvertures, travailler une position spécifique contre un partenaire d’entrainement, se plonger dans un bouquin pendant 15-30 minutes. Au choix.

Difficile occasionnellement : exercices de finales, 60+30 contre un partenaire à +200 elo, un « Guess the move » pendant une heure, quelques études pendant 15-30 minutes. Une partie interclub peut en faire partie. On remarquera qu’il est plus facile de vendre à ses proches un match interclub qu’un : « Ce dimanche après midi, on ne me dérange sous aucun prétexte entre 14h30 et 18h : je bosse les structures de pions ! »

Avec des variations : on varie d’un mois à l’autre, on teste différentes méthodes, différentes difficultés, etc. On alterne, on adapte. On s’inspire des idées géniales des Echecs Sans Peine !

Être dans le dur, rarement : partie à l’aveugle, 1 à 2 heures de travail sur des études, méthode Stoïko pendant 1 heure. Un tournoi peut être incorporé dans cette catégorie.

Attention quand on durcit l’entrainement : ne pas se lasser ou se dégouter. On commence gentiment pendant 10 minutes, puis au bout de quelques jours (semaines), on passe à 20 minutes, puis 1 heure. On attaque les 5334 position de Laszlo : 1 à 2 positions à chaque fois (les premières sont assez faciles) en écrivant bien les variantes, puis on y passe 15, puis 30 puis 60 minutes, disons 1 fois par semaine. C’est déjà du calcul, pas la peine ce jour là d’y ajouter ses 20 à 50 positions de tactiques sur Lichess.

Les parties officielles, plutôt qu’un but ultime dans l’espoir de remporter la compétition ou d’améliorer son elo, devient le moyen de vérifier l’efficacité de son entrainement.

Les recherches montrent régulièrement que les personnes les plus robustes sont capables de percevoir les situations stressantes comme des défis plutôt que comme des menaces. Quand on trouve que les positions rencontrées lors d’un tournoi semblent moins difficiles à aborder que lors d’un entrainement, c’est qu’on est sur la bonne voie !

S’entrainer avec un moteur d’analyse


Matthew Sadler dans « The silicon road to chess improvement » nous donne ses idées pour (mieux ?) s’entrainer avec un moteur d’échecs. Elles sont également exprimées sur une chaine YT.Alors, certes, Jesse Kraaï nous dit que s’entrainer face à un moteur d’échecs revient à s’entrainer au tennis en envoyant la balle sur un mur (il préconise plutôt de s’entrainer face à des joueurs du même niveau), mais Matthew semble trouver un intérêt certain à se mesurer aux moteurs d’échecs. Peut-être est-ce mieux adapté à des joueurs au delà d’un certain niveau ? en tout cas cela semble lui avoir été profitable lorsqu’il s’est remis à jouer en 2013.

A noter qu’on peut trouver ici, pour les usagers de Chessbase, quelques conseils d’utilisation

PARTIES RAPIDES CONTRE STOCKFISH 15+10

BUT : travailler les ouvertures et la transition vers le milieu de partie. Matthew évoque Stockfish, mais il est probable que n’importe quelle autre moteur « moderne » fait l’affaire ! On ne va chipoter : ils sont pour la plupart à plus de 3000 elo…

Attention ! Vous allez perdre ! L’essentiel est d’assurer la fin de l’ouverture sans trop de dégâts. Suivre ses premiers coups lors d’une analyse avec ce moteur en arrière plan n’a rien à voir avec une partie contre lui. Ce qui était évident ne l’est plus, ce qui semblait facile à évaluer devient compliqué.

On s’arrête dès que la position semble perdue, ou vers le 15eme coup par exemple.

C’est le meilleur moyen pour détecter ses failles et le niveau de compréhension de l’ouverture. avant de la mettre en pratique avant un tournoi.

JOUER CONTRE Lc0 LIMITE A 1 COUP

Sur Lucaschess, il faut régler la profondeur à 1 coup, moins tactique avec ce réglage, au profit d’un style plus positionnel. Ce niveau ne plombe pas le jeu et permet d’avoir des positions gagnantes qu’il faut exploiter. Un peu moins dure que la technique précédente, mais peut-être plus pédagogique. Il semblerait que cela corresponde à un niveau de 2200 elo (à confirmer, car parfois les coups sont quand même un peu bizarre !).

Cela donne un adversaire faible en tactique, et pas terrible en défense et en finales, avec la possibilité de s’accrocher dans des positions favorables en espérant une faute pour peu qu’on ait l’initiative ou qu’on aille en finale. Le fait de pouvoir pratiquer ses compétences tactiques met ainsi en confiance.

Avec ce genre de test, Matthew a gagné 73 partie, en a perdu 17 et fait trois nulles. Un calcul simpliste nous oriente vers un niveau à 2800-2900 elo pour Lc0 avec ce réglage... toujours bizarre !

JOUER DES POSITIONS AU COURS D’UNE 15+10

Le but est de confirmer un avantage contre une défense acharnée et de s’entrainer à la défense contre un adversaire implacable.

Matthew recommande de jouer ces position des deux cotés pour bien appréhender la profondeur de calcul sur le long terme des moteurs utilisé.

JOUER PAR CORRESPONDANCE CONTRE UN MOTEUR

Comme dans toute partie par correspondance, cela permet de bien s’entrainer au calcul. Déterminer ses coups candidats, en retenir 1 à 3 selon les positions. Et aller le plus loin possible dans l’analyse et leurs variantes.

On règle le temps de réflexion du moteur sur quelques minutes, on le laisse jouer, et on réfléchit pendant 24h. On peut, bien évidemment raccourcir le délai à 1 heures si on veut aller plus vite !!!

L’inconvénient est qu’on risque d’y prendre gout et qu’une soirée entière peut être consacrée à l’analyse sur 1 coup (euh… pas sûr en ce qui me concerne !). Et bien évidemment, s’entrainer ainsi 15 jours avant un tournoi n’est pas l’idéal. Par contre il est possible qu’on se souvienne mieux des positions étudiées.

FAIRE DES MATCHS ENTRE DEUX MOTEURS SUR UNE POSITION D’OUVERTURE ET PROFITER DE LEURS PARTIES

Bref, on fait travailler les moteurs d’échecs à notre place. L’idéal serait de se faire affronter des moteurs au style différent. Sachant que SF est très performant en tactique, et mène des coups d’attrition à merveille. Face à un adversaire qui privilégie ses positions ou l’activité, cela devient intéressant.

Matthew préfère cette méthode pour découvrir de nouvelles lignes et vérifier la solidité des autres.

Si l’analyse de ces parties révèlent un coup bizarre, il suffit de recommencer un autre match entre les deux mêmes moteurs à partir de cette position.

On peut en tirer également profit pour déterminer le type de finales selon les ouvertures.

Sur une position particulière, indépendamment de l’ouverture, l’affrontement entre deux moteurs permet certainement de voir les plans à envisager (genre position avec un pion isolé dame, position avec un mauvais fou, position avec des roques opposés, etc.)

FAIRE UNE ANALYSE PROFONDE DE PLUSIEURS HEURES SUR UNE POSITION D’OUVERTURE !

On fait travailler l’ordinateur pendant au moins 6 heures.

Une variante semble bizarre ? On refait une analyse de position de 6 heures sur celle-ci.

Equilibrage


ChessMood est un site d’apprentissage : il vend du matériel à travailler et à étudier moyennant finances. Toutefois des articles intéressants sont fréquemment publiés et nous orientent sur les démarches à suivre. Avetik Grigorian nous donne ses conseils sur les grandes lignes d’un plan d’entrainement pour des joueurs de moins de 1700 elo (nouvel elo, donc anciennement 1500). Selon lui, si certains joueurs studieux de ce niveau ne progressent pas, on peut certainement en trouver les raisons dans leur pratique quotidienne :

  • ils se contentent de jouer sans étudier
  • ils étudient sans apprendre, ils apprennent ce qui ne sert à rien, ou étudient mal.
  • ils n’analysent pas leurs parties afin de fixer les erreurs.

Il s’agit alors de faire différemment :

  • Garder un équilibre entre l’étude, la pratique et l’amélioration
  • Étudier ce qu’il convient d’étudier
  • Savoir s’entrainer correctement
  • Corriger ses principales erreurs
  • Avoir une bonne approche globale

LE BON ÉQUILIBRE

Une progression suit ce cycle : étudier (les bases, les règles, les principes), puis pratiquer (ce qu’on vient d’étudier), puis corriger ses erreurs en analysant ses parties. Et recommencer. La répartition de ces phases sur le temps consacré aux échecs devrait ressembler à ça :

  • 35% étudier : avec un bon plan d’entrainement, de bonnes références, un bon encadrement.
  • 55% pratiquer : avec un partenaire d’entrainement ou pas, avec des objectifs, pas de bullets.
  • 10 % fixer ses erreurs : avec un coach, avec un bon diagnostic sur les erreurs,

Cela n’est pas précisé mais à mon avis le temps passé lors d’un tournoi ne compte pas.

En progressant au delà du niveau moyen, on étudie plus et on joue moins. Il faut être prudent sur ses ambitions : si les premiers 1000 points elo sont gagnés plus moins facilement, plus ou moins rapidement, le gain des 500 points suivant (1000 à 1500) sera moins facile et moins rapide. Oups, il faudra corriger avec la mise à jour. (n=0.6xelo+800)

APPRENDRE

L’apprentissage comprend les matières suivantes : calcul (tactique, mats, éviter les erreurs), ouvertures (appliquer et comprendre les principes des ouvertures, se créer un répertoire d’ouverture), stratégie (les principes simples suffisent : la tactique fera le reste pour un niveau 1500-1700), finales (stratégie, quelques positions caractéristiques).

Il est intéressant de trouver des vidéos de joueurs de plus de 2500 jouant contre des moins de 2000 afin de comprendre comment ils voient les erreurs.

La tactique, en dessous de 1700 elo, occupe 70% du temps de d’étude, l’ouverture 15% et les 15% restant devraient se répartir entre le milieu de partie et les finales.

PRATIQUER

Il faudrait passer 55% du temps consacré aux échecs à jouer.

Cela comprend les parties avec les partenaires d’entrainement, les parties en ligne (a minima des 5+3 mais ne pas négliger les parties lentes, les bullets sont à proscrire), et les autres (tournois, inter-clubs).

Euh… 5+3 c’est déjà rapide, non ? plutôt pour vérifier ses ouvertures à mon avis.

Les parties en ligne devront être jouées dans des conditions de concentration optimum. Se donner un nombre de parties à effectuer selon le temps disponible et la durée de la partie, tout en respectant 15 minutes de break entre chaque partie.

FIXER LES ERREURS

Il est difficile de comprendre les annotations de Stockfish telles que ?! (souvent un indication d’erreur stratégique). Au contraire, se contenter de comprendre en premier les ??, puis les ? est suffisant (pièces en prise, capture, mat en 2 coups). Si les parties lentes sont intéressantes pour mettre en place un bon processus de réflexion, les blitz montrent clairement nos faiblesses.

La méthode du bold/unbold trouve sa place ici.

Et ne pas oublier qu’il faut prendre autant de plaisir à jouer qu’à s’entrainer !!!

Quand tout va bien et que la courbe de progression est satisfaisante, il ne sert probablement à rien de modifier quoi que ce soit dans sa manière de travailler. Mais pour peu que cette courbe s’infléchisse ou que des lacunes commencent à apparaitre, il convient peut-être de revoir sa copie et d’ajuster le tir. Chaque joueur d’échec un peu sérieux consulte à peu près les mêmes livres que les autres joueurs, visionne les mêmes chaines vidéos, joue en ligne, consacre plusieurs heures par semaine à son jeu préféré. La seule différence : l’entrainement.

Il est certainement intéressant de chronométrer la répartition de son temps consacré aux échecs. Si on peut dégager 10 heures par semaine (10 heures… c’est plus facile pour illustrer la suite, mais cela fait tout de même dans les 1h30 par jour !), la répartition devrait être approximativement 3h30 pour l’étude, 5h30 pour la pratique, et 1 heure pour se corriger. Et dans le temps d’étude : 2h30 de tactique, 30 mn pour les ouvertures, et 30 minutes à répartir entre la stratégie et les finales.

Upgrader votre cerveau


Vos neurones méritent le meilleur : Noël Studer (encore lui) nous livre quelques unes de ses réflexions.

UTILISER VOTRE CORPS COMME UN CHAMPION

  • bien dormir
  • profiter du soleil et de la vie en extérieur
  • avoir une activité physique
  • manger sainement
  • avoir une vie sociale

Faites le point de vos routines quotidiennes et modifiez-en une, ne serait-ce que d’un petit rien. Puis deux…

NE SURCHARGEZ PAS VOTRE CERVEAU

Ne pas encombrer le cerveau avec des choses inutiles : il est fait pour avoir des idées, pas pour les garder !

Écrire quotidiennement ses taches de la journée (régler une facture, vérifier la pression des pneus, fêter un anniversaire) libère le cerveau pour mieux réfléchir au cours d’une partie.

APPRENDRE QUELQUE CHOSE DE NOUVEAU TOUS LES JOURS

Et pas seulement aux échecs : apprendre une nouvelle langue, une recette de cuisine, le dessin. Sans avoir peur d’échouer, et de recommencer.

Fan des ouvertures ? Travailler désormais les finales. Bon tacticien ? Négliger les problèmes, et apprendre une partie célèbre par semaine.

Ne pas oublier qu’on apprend en se trompant. Ne pas rester dans une zone de confort.

LIRE, LIRE ET ENCORE LIRE

Profiter des connaissances condensées par des experts dans des livres. En 10 heures de lecture, on a la synthèse de ce qu’ils ont mis plusieurs décades à formuler.

Que ce soit dans le développement personnel, le bien-être ou l’optimisation de nos ressources. Que ce soit la religion, la géopolitique ou la dérive des continents. Avec un livre ou un podcast.

Ne cherchez pas d’excuses (l’âge, la mémoire, le temps) : commencez tout de suite !