Pratiquer, apprendre (de ses erreurs), corriger, recommencer.


Un peu avant une récente partie d’interclubs, j’avais fait la remarque à mes partenaires qu’à petit niveau nous avions souvent tendance à pratiquer des échanges au lieu de maintenir une tension. Trois heures plus tard, j’échangeais des tours sans raison valable, et 3h20 plus tard je proposais à mon adversaire un échange de dames inutile et fatidique (pour moi) ! Repérer des erreurs c’est bien, les éviter c’est mieux.

En utilisant l’idée d’Avetik, j’ai établi cette liste à partir de mes récents défauts et dernières erreurs (en italique, les explications) :

  1. anticiper en priorité les déplacements des cavaliers, sur 2 (deux) coups : deux précautions valent mieux qu’une. La future fourchette est plus facile à parer deux coups avant, que juste avant quand c’est quasi imparable. Le corollaire : lorsqu’on est à portée de tir d’un cavalier, attention aux cases occupées par nos pièces afin de ne pas tenter un cavalier adverse surtout avec un roi et/ou une dame à côté.
  2. lors d’une incertitude entre deux coups qui semblent équivalents en terme d’avantage, choisir celui qui « questionne » l’adversaire : si cela semble évident à tête reposée sans stress, lorsqu’on est sous la pression et que, par exemple, une pièce est menacée, on a peut-être plutôt tendance à choisir un coup défensif ou le retrait de la pièce attaquée, laissant l’initiative à l’adversaire. Mais tout coup qui force l’adversaire à bouger une de ses pièces devrait être considéré.
  3. ne pas se laisser abuser par des menaces fantômes (visualisation) : j’ai l’impression que ces menaces fantômes sont souvent liées à une mauvaise visualisation et à une profondeur insuffisante de calcul (1,5 coups). Par défaut, cela amène à jouer un coup prophylactique inutile.
  4. réfléchir sur 1,5 coups au minimum systématiquement (cf les menaces fantômes au point précédent) : Ne pas envisager un coup candidat car on se dit « Ah non, je ne vais pas jouer ça car sinon mon adversaire va jouer ça », sans vérifier si la réponse adverse est viable, nous prive de coups intéressants.
  5. quand on peut mettre en échec, capturer ou menacer, rechercher tous les coups permettant de le faire : il peut arriver que plusieurs options existent quand, par exemple, il s’agit de prendre une pièce ou de poser un échec. L’établissement des coups candidats amène sur deux possibilités qui sont évaluées, mais aucune des deux ne semble valable et on passe à autre chose de l’autre côté de l’échiquier. Sauf qu’il n’y avait pas que deux possibilités et que notre cerveau n’a pas considéré la troisième qui était la bonne solution. Voir large plutôt que loin. En étendant cette notion : quand on désire capturer une pièce, vérifier aussi s’il n’y a pas possibilité de capturer son défenseur.
  6. Maintenir une tension au lieu d’échanger : je cloue un cavalier avec mon fou, et hop, le coup suivant je capture avec mon fou le cavalier pourtant protégé. Deux tours face à face à chaque extrémité d’une colonne ? Hop j’échange ! Et bien non… il faut, selon la position, plutôt maintenir une tension. Double, quadruple vérification aussi quand il s’agit d’échanger les dames : bien en assumer les conséquences parfois fatidiques. Cette tension amène des faiblesses chez l’adversaire pour peu que la position soit à notre avantage, il s’agira alors de rechercher une autre faiblesse !)

On peut établir une liste d’erreurs plutôt tactiques ou positionnelles (sur tel coup répondre avec la dame en f2, ou sur tel schéma de mat d’abord positionner le cavalier). Mais à mon avis, il est probablement plus important de comprendre pourquoi on a fait une erreur (pourquoi on n’a pas repris avec la dame en f2 ou pourquoi on n’a pas positionné le cavalier en premier), et de détecter le mécanisme qui n’a pas fonctionné. Ce n’est pas une check-list qu’il s’agit de mettre en place, encore que cela mériterait un développement à part, mais il s’agit bien de tirer une leçon d’erreurs commises afin de ne pas les reproduire.

Bon, j’en fais quoi de cette liste ? Mon prochain tournoi est dans 4 mois !

On la regarde tous les jours et on répète les points importants en se lavant les dents le matin (et le soir, si, si)

On peut utiliser cette liste lorsqu’on résout des problèmes tactiques. Mais on n’y touche pas. Pourquoi pas en créer une autre spécifiquement pour la tactique (quand je peux clouer, attirer une pièce pour la clouer, quand je peux capturer une pièce, vérifier comment la pièce est défendue).

Mise en pratique lors de parties d’entrainement

Parties d’entrainement avec un partenaire ou contre un moteur d’échecs, si possible avec un niveau supérieur de quelques centaines d’elo. La feuille est à côté de l’échiquier et on la consulte à chaque coup. Il est sans doute plus commode, quand la liste s’allonge, d’ordonner les erreurs à fixer selon les phases du jeu ou les situations (ouverture, milieu de partie, roques opposés, supériorité matérielle, centre fermé, finales de pions) ou le protocole de réflexion. Si, au départ, on peut se contenter d’idées générales (vérifier ce que peut faire l’adversaire s’il rejoue une deuxième fois la pièce qu’il vient de déplacer), il faudra certainement affiner par la suite (vérifier ce que la pièce menace et ce qu’elle ne protège/contrôle plus après ce déplacement), puis vérifier ce que la pièce menace et ce qu’elle ne protège/contrôle plus après ce déplacement et vérifier s’il n’existe pas une deuxième menace . Ne pas se noyer dès le départ avec une liste de 15 erreurs à ne pas commettre. A la fin de la partie, rechercher les erreurs, vérifier si elles appartiennent à la liste ou si elles ont été évitées justement grâce à cette liste.

Si on a tout faux et qu’on n’a pas tenu compte des précédentes erreurs : on laisse en gras.

Si on s’est trouvé dans la situation à risque (telle que deux tours face à face : cf point 6) et que la liste a permis d’éviter une erreur : on met en normal (= pas en gras !). Mais on n’efface pas la ligne correspondante.

Si aucune situation à risque correspondant à l’erreur s’est présentée pendant la partie : on laisse en gras.

Initialement, cela donne ça :

  1. anticiper en priorité les déplacements des cavaliers, sur 2 (deux) coups
  2. lors d’une incertitude entre deux coups qui semblent équivalent en terme d’avantage, choisir celui qui « questionne » l’adversaire
  3. ne pas se laisser abuser par des menaces fantômes (visualisation)
  4. réfléchir sur 1,5 coups au minimum systématiquement
  5. quand on peut mettre en échec, capturer ou menacer, rechercher toutes les coups permettant de le faire
  6. Maintenir une tension au lieu d’échanger

Et si j’ai résisté à la tentation de pratiquer un échange inapproprié, cela devient :

  1. anticiper en priorité les déplacements des cavaliers, sur 2 (deux) coups
  2. lors d’une incertitude entre deux coups qui semblent équivalent en terme d’avantage, choisir celui qui « questionne » l’adversaire
  3. ne pas se laisser abuser par des menaces fantômes (visualisation)
  4. réfléchir sur 1,5 coups au minimum systématiquement
  5. quand on peut mettre en échec, capturer ou menacer, rechercher toutes les coups permettant de le faire
  6. Maintenir une tension au lieu d’échanger

Il est possible que d’autres erreurs surviennent dans ces parties d’entrainement et il faudra les intégrer dans cette liste.

Les parties d’entrainement peuvent être centrées sur une ou deux erreurs afin de ne pas se disperser. Il est probable qu’en se concentrant spécifiquement sur un point ou deux après le coup de l’adversaire la mémorisation de l’erreur soir meilleure, avec par exemple :

  1. Est-ce que je peux capturer la pièce qui vient de se déplacer ou toute autre pièce ?

Et lorsque le point 1 est acquis (à savoir qu’il était possible de capturer une pièce et que cela a été intégré dans le choix des coups candidats, t ceci au cours de plusieurs parties), on passe à ceci :

  1. Est-ce que je peux capturer la pièce qui vient de se déplacer ou toute autre pièce ?
  2. Quel peut-être la prochaine case que cette pièce peut occuper si elle pouvait se déplacer de nouveau ?

Il est donc probable en se concentrant sur 1 à 2 points précis, que des parties soient perdues sur Chess.com ou Lichess car le temps viendra à manquer ou que d’autres erreurs feront leur apparition.

Et on recommence une autre partie d’entrainement.

Et on révise aussi avant chaque partie officielle (interclub, Open)

On peut compliquer le principe en mettant en gras et en MAJUSCULE le point qui n’a pas été appliqué ! Ainsi, si j’ai joué 5.h3 pour empêcher un Fg4 en ayant les blancs, sans raison valable, la ligne :

3. Ne pas se laisser abuser par des menaces fantômes (visualisation)

devient :

3. NE PAS SE LAISSER ABUSER PAR DES MENACES FANTÔMES (VISUALISATION)

Et puis si une erreur a été corrigée sur le long terme, pourquoi pas la retirer afin d’alléger la liste.

N’oublions pas que, généralement, on perd une partie parce qu’on a fait une erreur !

Si vous connaissez d’autres techniques d’entrainement pour corriger/fixer des erreurs, je suis preneur.

C’est pas clair ? Laissez un commentaire.

Cas de dopage dans le monde des échecs


5 mn 42 s

Steinitz me disait hier soir que si aucun des deux joueurs ne fait d’erreur, la partie est nulle. Et, le bougre, il a drôlement raison !

C’est une tactique de l’adversaire qui vous capture un cavalier non protégé ? Schlack : +3.

Parfois la perte d’un simple petit pion se fait hélas sentir en finale ? Schlack : 0-1.

Quand on est attentif du premier au dernier coup, en gros quand on se demande toujours si le dernier coup de l’adversaire n’est pas une menace et si notre coup candidat est sûr, les gaffes se raréfient. Le « Ah… zut, j’avais pas vu » n’a aucune excuse. Bref, si on détecte une menace, on la pare. Si on ne trouve pas de tactique gagnante dans un délai de réflexion raisonnable, on aborde le placement des pièces (développement, activation). Toute action qui ne suit pas trop ça entraine, dans le meilleur des cas, une stagnation de la position. Dans le pire des cas : l’évaluation de la position blanche peut dégringoler de +/- à -/+ (expérience personnelle récente) en un seul coup, sans avoir perdu la moindre pièce, ni qu’aucun gain tactique se profile dans les 3 à 4 prochains coups. Si l’adversaire exploite cette erreur de position, la situation devient compliquée ; on perd l’initiative, on reste sur la défensive et le boa constrictor vous étouffe petit à petit. Pire : le manque de temps, l’affolement, le défaut de technique défensive fait souvent commettre des erreurs de discernement, et le -0.5 des blancs (selon Stockfish) se transforme en -1.25. Quand la stratégie de l’adversaire prend le dessus, il n’est alors pas rare que la tactique suive, que la position s’effrite progressivement, puis que le château soit pris d’assaut. Partie perdue.

On peut d’ailleurs se demander si l’adage qui nous dit que le dernier qui fait une erreur perd, ne peut pas être étendu. Pourquoi y a-t-il eu erreur ? Oui, 5 coups avant l’abandon, on a perdu une qualité, ou on a laissé un pion s’approcher dangereusement de sa case de promotion. Mais est-ce qu’au départ, si on avait joué une ouverture à peu près correctement sans oublier de mettre son roi en sécurité, si on avait un peu mieux calculé un échange complexe en ne négligeant pas l’importance de la paire de fous, ce ne serait pas cette première erreur commise au 14ème coup (ou au 23ème !) qui nous a compliqué la vie 10 à 15 coups plus tard ? 

Heureusement, parfois, l’adversaire, classé entre 1200-1500 elo (sans doute aussi au dessus, mais de moins en moins fréquemment – à noter qu’à partir du 01/01/2024, il faudra lire de 1520 à 1700, si j’ai bien calculé -) n’est pas infaillible et c’est tout le plaisir des retournements de situation qui s’offre à nous. Savoir être patient, prendre son temps (perdu pour perdu, autant le prendre pour trouver le moins mauvais coup), reprendre les fondamentaux en anticipant les menaces, en donnant de la liberté aux pièces sans activité, et en repérant les faiblesses de l’adversaire. Faire douter… forcer psychologiquement votre opposant qui, pour accélérer la fin de la partie, va lancer une tactique mal calculée ou une attaque sans munition.

Des fois, c’est payant. Mais des fois, l’adversaire est dans un bon jour ou est nettement plus fort que son elo officiel.

Quoi qu’il en soit, ce sera le moment de revoir cette partie, de reconnaitre (sans l’aide d(un moteur d’analyse) les coups imprécis, inutiles, ou catastrophiques. Puis de remonter la partie afin de détecter une menace passée inaperçue. Enfin, cela serait intéressant de lister les catégories d’erreurs. Telles que :

  • Mauvaise anticipation d’une menace (pourquoi ? Manque de temps, pas réfléchi assez longtemps, négligence sur un éventuel sacrifice adverse ?)
  • Négligence sur la réponse de mon adversaire à mon coup (même questions que précédemment)
  • Mauvaise évaluation de ma variante (+,=, – ou peu clair peut suffire ; se dire qu’on est à +0.75 plutôt que +0.47 est probablement illusoire) : défaut de quiescence, problème de visualisation ? Savoir réfléchir a minima sur 1.5 coups, puis sur 2 à 2.5 coups suffit en général sur des suites non forcées.
  • Le bon coup n’a pas été parmi mes coups candidats : il est clair qu’il faut envisager tous les échecs, toutes les captures, toutes les menaces. Ce qui sous-entend qu’il faut bien observer l’échiquier : y a-t-il des alignements particuliers exploitables (clouage, enfilade) ? Des pièces pas ou mal protégées (une pièce protégée par le roi, équilibre entre les défenseurs et les attaquants, une pièce protégée par une pièce de plus haute valeur, une pièce protégée par une pièce clouée, etc.) ? Une de mes pièces est inactive ou pas développée ? Quelle menace ai-je négligée ? (cf ci-dessus)
  • Trop de temps consacré à une position qui n’est pas critique : pourquoi réfléchir 10 minutes sur une position qui donne l’avantage et qui offre au moins deux coups permettant de le conserver ?
  • Quel principe d’ouverture n’a pas été abordé ? Pourquoi suis-je tombé dans le piège de cette ouverture (échecs ? Capture ? Menace ?) ? A quel moment la théorie n’a pas été appliquée ?
  • Et ainsi de suite…

Une fois que tout ça a été travaillé, disséqué, Stockfish va montrer les meilleures options qu’il va falloir comprendre quand il ne s’agit pas d’un coup purement tactique. Se faire aider par un coach, ou un partenaire d’entrainement avec quelques centaines d’elo en plus est certainement bénéfique.

Le diagnostic est donc posé. Des négligences ont été mises en évidence qu’il faudra corriger grâce à des d’exercices adaptés qui seront intégrés dans un programme d’entrainement :

  • Tactique : Woodpecker ? revoir les tactiques de base sur Lichess avec le niveau de difficulté réglé sur -600 (fourchettes, suppression du défenseur, etc.), puis en augmentant la difficulté jusqu’à atteindre un taux de résolution oscillant entre 60 et 70 % ? Schémas de mat (Anastasie, mat du couloir, etc.) ?
  • Processus de réflexion : lors d’une partie d’entrainement, noter les coups candidats et comparer ensuite avec l’analyse. Après analyse par un moteur d’échecs (et sans avoir regardé la solution) si un coup est quantifié d’un ?!, d’un ? ou d’un ??, rechercher toutes les options non envisagées (et leurs variantes), rechercher comment ce mauvais coup aurait pu être puni s’il ne l’a pas été par l’adversaire. Vérifier qu’on n’a pas lancé une attaque sans l’aide de toutes ses pièces. Est-ce que le protocole échec-capture-menace a été mis en œuvre ?
  • Erreur stratégique : s’imprégner des notions d’équilibre matériel, d’activité (utilisation optimale des pièces : mauvais fous, tour sur colonnes ouvertes, cavaliers sur case forte, etc.), d’amélioration d’activité (se battre pour les cases fortes, conserver le contrôle d’une colonne, pousser un pion sur sa case de promotion avec une tour), de structures de pions (structures simples comme l’isolani, les pions passés, les pions pendants, puis après les structures plus complexes avec centre fermé Carlsbad, structure Caro-Kann), et accessoirement la notion d’espace.
  • Partie mal engagée en fin d’ouverture : revoir les tabias (la ligne principale d’une variante) avec Chessbase, comprendre pourquoi un des principes n’a pas été utilisé. Ne pas oublier que même lors d’une ouverture, le calcul et la tactique peuvent s’appliquer !
  • Finale perdue : revoir les bases, encore et encore avec Lichess notamment, au sujet de l’opposition, de la règle du carré, de la théorie avec les positions de Lucena et de Philidor. S’aider du livre de finales de Jeremy Silman.
  • Du mal à rester concentré au bout de 3 heures de jeu : vous savez , le « Allez hop, …, pfff… tant pis, je joue ça, on verra bien… » ! Penser à dormir la nuit, à prendre soin de sa santé, avoir un peu d’activité physique, à se sustenter correctement pendant une partie (le cerveau est un gros consommateur d’énergie).

Ce n’est pas fini ! Pour ne pas retomber dans les mêmes erreurs quelques semaines plus tard : noter les conclusions de tout ça quelque part afin de se rafraichir la mémoire.

Et puis toujours remettre sur le tapis le processus de réflexion, le calcul et la tactique, l’analyse, affiner le programme d’entrainement, participer à des tournois, apprendre/pratiquer/corriger, ne pas se décourager, trouver de l’intérêt autant dans les parties sérieuses que dans l’entrainement, s’abonner aux Échecs sans peine.

Et le rapport avec les cas de dopage ? Les analyses toxicologiques de certains joueurs sont formelles : on a trouvé chez certains d’entre eux de la Concentrine à action immédiate, du Motivex à effet retard, et du Perseveryl à libération prolongée. Tous les joueurs ont été remis en liberté.

A L’ANNÉE PROCHAINE !

!

Attention c’est pas facile
Car l’instrument n’est pas docile
Pour pouvoir y arriver
Faut travailler, travailler
Mais un beau jour t’y arrives

Plus ne veut pas dire mieux


On peut être tenté, quand notre niveau stagne, de se pencher sur différents aspects du jeu et de :

  • Plus travailler sur les ouvertures (se préparer à contrer le système de Londres, à développer la variante Scheveningue de la sicilienne avec l’attaque Sozine, apprendre jusqu’au 15eme coup de la théorie)
  • Augmenter le nombre de problèmes tactiques par session de travail.
  • Ajouter encore un livre dans sa bibliothèque.
  • Faire plus de blitz pour développer les réflexes et les automatismes.
  • Chercher un autre programme d’entrainement encore plus complet que celui actuellement utilisé.
  • Participer à plus de tournois (encore que cela ne soit pas franchement une mauvaise idée).
  • Passer plus de temps à analyser ses parties.

Mais si on en revient à l’entrainement aux échecs, il s’agit de trouver un bon équilibre entre :

  • La théorie et la pratique.
  • L’acquisition de connaissances et la correction des défauts.

Toutefois trouver un équilibre ne signifie pas pour autant qu’il faille faire 50% de chaque. A l’extrême, uniquement travailler le meilleur livre du monde depuis ces 10 dernières années, ne fera pas beaucoup progresser si on ne joue pas. Et si on ne travaille jamais la règle du carré et de l’opposition, il y aura un moment ou les finales ne seront jamais maitrisées.

Anecdote : sur un forum (anglophone), un joueur conseilla à un autre joueur de travailler l’opposition. Il lui fut demandé ce que la politique venait faire la-dedans !

La suite logique :

  1. Je travaille pendant quelques semaines ou quelques mois : théorie, exercices, révisions
  2. Je corrige mes erreurs
  3. J’évalue ma progression (elo, classement parties en ligne, tactique, nombre de ? et de ?? par analyse)
  4. Si le niveau progresse : passer au point 7
  5. Si le niveau stagne : passer au point 1
  6. Si le niveau stagne toujours au bout de quelques semaines à quelques mois : revoir les réelles faiblesses et revoir le programme d’entrainement. Puis aborder le point 1.
  7. Aborder d’autres faiblesses et repartir au point 1

Uniquement acquérir des connaissances, ou uniquement corriger ses défauts amène dans une impasse.

Il est alors temps de ré-équilibrer tout ça. Se focaliser sur un seul aspect ne pourra que freiner la progression.

Corriger ses erreur nécessite d’avoir un bon coach ou de s’entrainer avec un joueur un peu plus fort que vous. Ils seront aptes à montrer vos erreurs, vos failles, mais aussi à vous conseiller pour les corriger. Ensuite, il s’agit de s’intéresser à des éléments importants. Dans le cas des ouvertures : pourquoi s’attarder sur une variante que vous n’avez jamais rencontrée et négliger les tactiques de base ? Mais ne pas tout prendre au pied de la lettre : il est probablement profitable de trouver pourquoi, dans une ouverture (disons jusqu’au 5-8ème coup), on a été puni sur un mauvais coup, ou pourquoi on n’a pas été capable d’exploiter une erreur de son adversaire. Penser aussi à revoir ce qui ne va pas dans le processus de réflexion.

Une notion essentielle à assimiler : 75 % des blocages proviennent des erreurs commises plutôt qu’un manque de connaissances. Mais vous pouvez aussi perdre une partie sans avoir commis de réelles erreurs. Ce seront les ?! apportées par Stockfish ou (mieux !) les remarques de votre adversaire quand celui-ci a 100-150 elo de plus que vous. Certes, les erreurs tactiques sont facilement identifiables, mais des notions positionnelles et stratégiques ne peuvent pas être expliquées par un moteur d’analyse. Mais votre analyse ultérieure sera essentielle afin d’associer des positions avec vos erreurs et ainsi les repérer dans les parties futures.

D’après le chapitre 1. General improvement dans

« A guide to chess improvement » de Dan Heisman

L’analyse : l’art de l’amélioration.


Dans un ancien article que je viens de parcourir, j’avais présenté l’intéret que John Hartmann, chroniqueur échiquéen et critique de livres, portait aux bienfaits de l’analyse. Il avait évoqué Artur Yusupov qui avait écrit un chapitre (Analysis of your own’s games) dans un livre de Marc Dvoretsky (School of futur champions 1). Je ne résiste pas à l’envie de reprendre ce texte !

Artur nous dit que :

« … l’analyse de nos parties est le principal moyen de s’améliorer. Je suis convaincu que, sans une compréhension critique de celles-ci, il est impossible pour un joueur de se développer. Bien sûr, cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas effectuer d’autres formes de travail sur les échecs. Il faut étudier l’ouverture, les finales et le milieu de partie, et il est exceptionnellement utile d’étudier les parties des joueurs forts. Mais en général, ce sont nos propres exemples qui nous apprennent le mieux. Nos parties sont plus proches de nous que toutes les autres. Nous les avons jouées et avons essayé de résoudre les problèmes auxquels nous étions confrontés. L’analyse permet de vérifier et de clarifier les évaluations qui nous ont guidés pendant le jeu, et de déterminer où elles étaient incorrectes, où nous avons joué de façon imprécise. Parfois, l’adversaire nous punit pour nos erreurs, mais celles-ci restent souvent inaperçues et ne peuvent être révélées que par l’analyse. »

Déterminer les moments critiques

  • Est ce que votre coup est une erreur ? (comment ai-je pu perdre une pièce ?)
  • Est-ce que l’évaluation de la position a changé ? (je n’ai pas perdu de pièce mais j’ai détérioré ma position)
  • Est-ce que vous avez laissé échapper une opportunité de prendre l’avantage ? (je n’ai pas vu un coup tactique)

Être capable de reconnaitre ces moments lors de l’analyse devrait vous aider à les exploiter quand ils se présenteront dans vos parties futures. Ceci est très important : la partie bascule souvent sur ces coups-là.

Pourquoi est-ce que j’ai commis cette erreur ?

Une fois que vous avez repéré ces erreurs, il faudra progressivement trouver avec quels éléments elles sont associées. L’aide d’un coach est sans doute utile. Mais vous serez sur la bonne voie quand, par vous même, vous serez en mesure de détecter ces moments où la partie peut basculer.

Explorer de nouvelles possibilités.

Emporté par vos idées au cours de la partie, ou pressé par le temps, certaines variantes n’ont peut-être pas été poussées jusqu’au bout. Bonnes ou pas, ce sera le moment de les explorer ou de calculer une option que vous n’aviez pas vue au cours de la partie. Thèmes stratégiques, schémas tactiques… tout ce travail personnel vous permettra de mieux le mémoriser que tout autre moyen d’analyse.

Travail de l’ouverture.

Il faudra, à chaque partie, trouver un moyen d’améliorer son répertoire.

Il est évident que tout cette analyse s’effectue sans l’aide d’un ordinateur qui ninterviendra qu’en fin de parcours pour confirmer ou pas vos idées. Je pense que si la partie est analysée avec l’aide d’un coach celui-ci devrait interroger l’élève et le faire réfléchir sur ces points (et ne pas tout de suite lui dire « Ton coup n’est pas bon, tu aurais du jouer ta dame en b4 »). Je crois avoir lu quelque part que Jonathan Rowson jouait plusieurs fois de suite une position contre Artur (Yusupov !) quand il allait s’entrainer avec lui. S’il négociait mal sa position, Artur lui demandait de la revoir, et ils la reprenaient ensuite. Et ainsi de suite. Il est probable que la pratique à outrance de la tactique (aussi utile soit-elle), nous fait perdre cette aptitude à sentir le danger.

Si vous perdez la partie après avoir perdu votre dame, ne vous acharnez pas à analyser la suite… la priorité ce sera d’éviter à tout prix ce genre d’erreur ! Mais sur une partie compliquée, il est possible que ces moments soient nombreux et parfois complexes. Il faudra donc y passer du temps.

La Méthode Zugzwang (Daniel Muñoz)


« Commet optimiser sa préparation aux échecs »

Contrairement à ce que le titre n’indique pas (ou le contraire), il ne s’agit pas d’une méthode à proprement parler, ni d’un traité de tactique ! Autant dire que le choix du titre est plutôt bizarre.

Daniel est un joueur espagnol classé dans les 2100, collaborant avec Chessbase et entraineur FIDE. Universitaire, détenteur d’un master en Programmation neurolinguistique, ses compétences s’orientent vers la psychologie. Avec la collaboration du GMI Herminio Herráiz, il publie en 2017 : La méthode Zugzwang. Destinée à progresser aux échecs, elle est construite d’après la nature même du jeu et vise à travailler sur vos erreurs (je cite). Bref, tout un programme. Et d’ailleurs, il y en a un à la fin de l’ouvrage ! Ce livre ne s’adresse pas à des joueurs débutants et suppose d’avoir déjà un peu de pratique. Les conseils peuvent toutefois s’appliquer à tous les niveaux, pour peu que le joueur cherche à comprendre pourquoi il stagne malgré son travail.

J’aime bien sa définition de l’erreur (il fallait la trouver !) : Utilisation d’un paradigme utilisant une réflexion obsolète. J’aime aussi sa petite remarque : étudier les échecs ne veut pas dire s’entrainer. Et puis : Comment gagner des points elo ? Déjà en commençant par ne pas en perdre ! (en d’autre termes, quand le bateau coule, il vaut mieux chercher à boucher la voie d’eau que d’écoper)

Après avoir compris comment on utilise toujours les mêmes erreurs avec les mêmes (mauvais) résultats, il devient plus facile de se débarrasser de ses habitudes néfastes afin de rebondir sur un entrainement adapté.

Je ne manquerais pas de revenir sur ses propositions qui m’ont semblé complémentaires des idées de Dan Heisman. Je pense toutefois qu’il conviendrait de lire Heisman en premier dans la mesure où Daniel et Herminio proposent plus de parties commentées qui peuvent ralentir la lecture et qu’ils orientent le joueur vers un plan d’entrainement.

Ce livre est en espagnol, et est traduit en anglais. Il aurait été en tête des ventes des livres de sa catégorie si j’ai bien compris. Toujours est-il qu’il a été commenté que dans des forums et qu’il se fait un peu accroché ailleurs sur la traduction anglaise. Dommage pour quelque chose à 1.74 € en version Kindle. Il y a un blog, aussi en espagnol, mais grâce à Google traduction son accès est facilité. Une chaine YT existe également.