S’entrainer avec un moteur d’analyse


Matthew Sadler dans « The silicon road to chess improvement » nous donne ses idées pour (mieux ?) s’entrainer avec un moteur d’échecs. Elles sont également exprimées sur une chaine YT.Alors, certes, Jesse Kraaï nous dit que s’entrainer face à un moteur d’échecs revient à s’entrainer au tennis en envoyant la balle sur un mur (il préconise plutôt de s’entrainer face à des joueurs du même niveau), mais Matthew semble trouver un intérêt certain à se mesurer aux moteurs d’échecs. Peut-être est-ce mieux adapté à des joueurs au delà d’un certain niveau ? en tout cas cela semble lui avoir été profitable lorsqu’il s’est remis à jouer en 2013.

A noter qu’on peut trouver ici, pour les usagers de Chessbase, quelques conseils d’utilisation

PARTIES RAPIDES CONTRE STOCKFISH 15+10

BUT : travailler les ouvertures et la transition vers le milieu de partie. Matthew évoque Stockfish, mais il est probable que n’importe quelle autre moteur « moderne » fait l’affaire ! On ne va chipoter : ils sont pour la plupart à plus de 3000 elo…

Attention ! Vous allez perdre ! L’essentiel est d’assurer la fin de l’ouverture sans trop de dégâts. Suivre ses premiers coups lors d’une analyse avec ce moteur en arrière plan n’a rien à voir avec une partie contre lui. Ce qui était évident ne l’est plus, ce qui semblait facile à évaluer devient compliqué.

On s’arrête dès que la position semble perdue, ou vers le 15eme coup par exemple.

C’est le meilleur moyen pour détecter ses failles et le niveau de compréhension de l’ouverture. avant de la mettre en pratique avant un tournoi.

JOUER CONTRE Lc0 LIMITE A 1 COUP

Sur Lucaschess, il faut régler la profondeur à 1 coup, moins tactique avec ce réglage, au profit d’un style plus positionnel. Ce niveau ne plombe pas le jeu et permet d’avoir des positions gagnantes qu’il faut exploiter. Un peu moins dure que la technique précédente, mais peut-être plus pédagogique. Il semblerait que cela corresponde à un niveau de 2200 elo (à confirmer, car parfois les coups sont quand même un peu bizarre !).

Cela donne un adversaire faible en tactique, et pas terrible en défense et en finales, avec la possibilité de s’accrocher dans des positions favorables en espérant une faute pour peu qu’on ait l’initiative ou qu’on aille en finale. Le fait de pouvoir pratiquer ses compétences tactiques met ainsi en confiance.

Avec ce genre de test, Matthew a gagné 73 partie, en a perdu 17 et fait trois nulles. Un calcul simpliste nous oriente vers un niveau à 2800-2900 elo pour Lc0 avec ce réglage... toujours bizarre !

JOUER DES POSITIONS AU COURS D’UNE 15+10

Le but est de confirmer un avantage contre une défense acharnée et de s’entrainer à la défense contre un adversaire implacable.

Matthew recommande de jouer ces position des deux cotés pour bien appréhender la profondeur de calcul sur le long terme des moteurs utilisé.

JOUER PAR CORRESPONDANCE CONTRE UN MOTEUR

Comme dans toute partie par correspondance, cela permet de bien s’entrainer au calcul. Déterminer ses coups candidats, en retenir 1 à 3 selon les positions. Et aller le plus loin possible dans l’analyse et leurs variantes.

On règle le temps de réflexion du moteur sur quelques minutes, on le laisse jouer, et on réfléchit pendant 24h. On peut, bien évidemment raccourcir le délai à 1 heures si on veut aller plus vite !!!

L’inconvénient est qu’on risque d’y prendre gout et qu’une soirée entière peut être consacrée à l’analyse sur 1 coup (euh… pas sûr en ce qui me concerne !). Et bien évidemment, s’entrainer ainsi 15 jours avant un tournoi n’est pas l’idéal. Par contre il est possible qu’on se souvienne mieux des positions étudiées.

FAIRE DES MATCHS ENTRE DEUX MOTEURS SUR UNE POSITION D’OUVERTURE ET PROFITER DE LEURS PARTIES

Bref, on fait travailler les moteurs d’échecs à notre place. L’idéal serait de se faire affronter des moteurs au style différent. Sachant que SF est très performant en tactique, et mène des coups d’attrition à merveille. Face à un adversaire qui privilégie ses positions ou l’activité, cela devient intéressant.

Matthew préfère cette méthode pour découvrir de nouvelles lignes et vérifier la solidité des autres.

Si l’analyse de ces parties révèlent un coup bizarre, il suffit de recommencer un autre match entre les deux mêmes moteurs à partir de cette position.

On peut en tirer également profit pour déterminer le type de finales selon les ouvertures.

Sur une position particulière, indépendamment de l’ouverture, l’affrontement entre deux moteurs permet certainement de voir les plans à envisager (genre position avec un pion isolé dame, position avec un mauvais fou, position avec des roques opposés, etc.)

FAIRE UNE ANALYSE PROFONDE DE PLUSIEURS HEURES SUR UNE POSITION D’OUVERTURE !

On fait travailler l’ordinateur pendant au moins 6 heures.

Une variante semble bizarre ? On refait une analyse de position de 6 heures sur celle-ci.

Equilibrage


ChessMood est un site d’apprentissage : il vend du matériel à travailler et à étudier moyennant finances. Toutefois des articles intéressants sont fréquemment publiés et nous orientent sur les démarches à suivre. Avetik Grigorian nous donne ses conseils sur les grandes lignes d’un plan d’entrainement pour des joueurs de moins de 1700 elo (nouvel elo, donc anciennement 1500). Selon lui, si certains joueurs studieux de ce niveau ne progressent pas, on peut certainement en trouver les raisons dans leur pratique quotidienne :

  • ils se contentent de jouer sans étudier
  • ils étudient sans apprendre, ils apprennent ce qui ne sert à rien, ou étudient mal.
  • ils n’analysent pas leurs parties afin de fixer les erreurs.

Il s’agit alors de faire différemment :

  • Garder un équilibre entre l’étude, la pratique et l’amélioration
  • Étudier ce qu’il convient d’étudier
  • Savoir s’entrainer correctement
  • Corriger ses principales erreurs
  • Avoir une bonne approche globale

LE BON ÉQUILIBRE

Une progression suit ce cycle : étudier (les bases, les règles, les principes), puis pratiquer (ce qu’on vient d’étudier), puis corriger ses erreurs en analysant ses parties. Et recommencer. La répartition de ces phases sur le temps consacré aux échecs devrait ressembler à ça :

  • 35% étudier : avec un bon plan d’entrainement, de bonnes références, un bon encadrement.
  • 55% pratiquer : avec un partenaire d’entrainement ou pas, avec des objectifs, pas de bullets.
  • 10 % fixer ses erreurs : avec un coach, avec un bon diagnostic sur les erreurs,

Cela n’est pas précisé mais à mon avis le temps passé lors d’un tournoi ne compte pas.

En progressant au delà du niveau moyen, on étudie plus et on joue moins. Il faut être prudent sur ses ambitions : si les premiers 1000 points elo sont gagnés plus moins facilement, plus ou moins rapidement, le gain des 500 points suivant (1000 à 1500) sera moins facile et moins rapide. Oups, il faudra corriger avec la mise à jour. (n=0.6xelo+800)

APPRENDRE

L’apprentissage comprend les matières suivantes : calcul (tactique, mats, éviter les erreurs), ouvertures (appliquer et comprendre les principes des ouvertures, se créer un répertoire d’ouverture), stratégie (les principes simples suffisent : la tactique fera le reste pour un niveau 1500-1700), finales (stratégie, quelques positions caractéristiques).

Il est intéressant de trouver des vidéos de joueurs de plus de 2500 jouant contre des moins de 2000 afin de comprendre comment ils voient les erreurs.

La tactique, en dessous de 1700 elo, occupe 70% du temps de d’étude, l’ouverture 15% et les 15% restant devraient se répartir entre le milieu de partie et les finales.

PRATIQUER

Il faudrait passer 55% du temps consacré aux échecs à jouer.

Cela comprend les parties avec les partenaires d’entrainement, les parties en ligne (a minima des 5+3 mais ne pas négliger les parties lentes, les bullets sont à proscrire), et les autres (tournois, inter-clubs).

Euh… 5+3 c’est déjà rapide, non ? plutôt pour vérifier ses ouvertures à mon avis.

Les parties en ligne devront être jouées dans des conditions de concentration optimum. Se donner un nombre de parties à effectuer selon le temps disponible et la durée de la partie, tout en respectant 15 minutes de break entre chaque partie.

FIXER LES ERREURS

Il est difficile de comprendre les annotations de Stockfish telles que ?! (souvent un indication d’erreur stratégique). Au contraire, se contenter de comprendre en premier les ??, puis les ? est suffisant (pièces en prise, capture, mat en 2 coups). Si les parties lentes sont intéressantes pour mettre en place un bon processus de réflexion, les blitz montrent clairement nos faiblesses.

La méthode du bold/unbold trouve sa place ici.

Et ne pas oublier qu’il faut prendre autant de plaisir à jouer qu’à s’entrainer !!!

Quand tout va bien et que la courbe de progression est satisfaisante, il ne sert probablement à rien de modifier quoi que ce soit dans sa manière de travailler. Mais pour peu que cette courbe s’infléchisse ou que des lacunes commencent à apparaitre, il convient peut-être de revoir sa copie et d’ajuster le tir. Chaque joueur d’échec un peu sérieux consulte à peu près les mêmes livres que les autres joueurs, visionne les mêmes chaines vidéos, joue en ligne, consacre plusieurs heures par semaine à son jeu préféré. La seule différence : l’entrainement.

Il est certainement intéressant de chronométrer la répartition de son temps consacré aux échecs. Si on peut dégager 10 heures par semaine (10 heures… c’est plus facile pour illustrer la suite, mais cela fait tout de même dans les 1h30 par jour !), la répartition devrait être approximativement 3h30 pour l’étude, 5h30 pour la pratique, et 1 heure pour se corriger. Et dans le temps d’étude : 2h30 de tactique, 30 mn pour les ouvertures, et 30 minutes à répartir entre la stratégie et les finales.

Pratiquer, apprendre (de ses erreurs), corriger, recommencer.


Un peu avant une récente partie d’interclubs, j’avais fait la remarque à mes partenaires qu’à petit niveau nous avions souvent tendance à pratiquer des échanges au lieu de maintenir une tension. Trois heures plus tard, j’échangeais des tours sans raison valable, et 3h20 plus tard je proposais à mon adversaire un échange de dames inutile et fatidique (pour moi) ! Repérer des erreurs c’est bien, les éviter c’est mieux.

En utilisant l’idée d’Avetik, j’ai établi cette liste à partir de mes récents défauts et dernières erreurs (en italique, les explications) :

  1. anticiper en priorité les déplacements des cavaliers, sur 2 (deux) coups : deux précautions valent mieux qu’une. La future fourchette est plus facile à parer deux coups avant, que juste avant quand c’est quasi imparable. Le corollaire : lorsqu’on est à portée de tir d’un cavalier, attention aux cases occupées par nos pièces afin de ne pas tenter un cavalier adverse surtout avec un roi et/ou une dame à côté.
  2. lors d’une incertitude entre deux coups qui semblent équivalents en terme d’avantage, choisir celui qui « questionne » l’adversaire : si cela semble évident à tête reposée sans stress, lorsqu’on est sous la pression et que, par exemple, une pièce est menacée, on a peut-être plutôt tendance à choisir un coup défensif ou le retrait de la pièce attaquée, laissant l’initiative à l’adversaire. Mais tout coup qui force l’adversaire à bouger une de ses pièces devrait être considéré.
  3. ne pas se laisser abuser par des menaces fantômes (visualisation) : j’ai l’impression que ces menaces fantômes sont souvent liées à une mauvaise visualisation et à une profondeur insuffisante de calcul (1,5 coups). Par défaut, cela amène à jouer un coup prophylactique inutile.
  4. réfléchir sur 1,5 coups au minimum systématiquement (cf les menaces fantômes au point précédent) : Ne pas envisager un coup candidat car on se dit « Ah non, je ne vais pas jouer ça car sinon mon adversaire va jouer ça », sans vérifier si la réponse adverse est viable, nous prive de coups intéressants.
  5. quand on peut mettre en échec, capturer ou menacer, rechercher tous les coups permettant de le faire : il peut arriver que plusieurs options existent quand, par exemple, il s’agit de prendre une pièce ou de poser un échec. L’établissement des coups candidats amène sur deux possibilités qui sont évaluées, mais aucune des deux ne semble valable et on passe à autre chose de l’autre côté de l’échiquier. Sauf qu’il n’y avait pas que deux possibilités et que notre cerveau n’a pas considéré la troisième qui était la bonne solution. Voir large plutôt que loin. En étendant cette notion : quand on désire capturer une pièce, vérifier aussi s’il n’y a pas possibilité de capturer son défenseur.
  6. Maintenir une tension au lieu d’échanger : je cloue un cavalier avec mon fou, et hop, le coup suivant je capture avec mon fou le cavalier pourtant protégé. Deux tours face à face à chaque extrémité d’une colonne ? Hop j’échange ! Et bien non… il faut, selon la position, plutôt maintenir une tension. Double, quadruple vérification aussi quand il s’agit d’échanger les dames : bien en assumer les conséquences parfois fatidiques. Cette tension amène des faiblesses chez l’adversaire pour peu que la position soit à notre avantage, il s’agira alors de rechercher une autre faiblesse !)

On peut établir une liste d’erreurs plutôt tactiques ou positionnelles (sur tel coup répondre avec la dame en f2, ou sur tel schéma de mat d’abord positionner le cavalier). Mais à mon avis, il est probablement plus important de comprendre pourquoi on a fait une erreur (pourquoi on n’a pas repris avec la dame en f2 ou pourquoi on n’a pas positionné le cavalier en premier), et de détecter le mécanisme qui n’a pas fonctionné. Ce n’est pas une check-list qu’il s’agit de mettre en place, encore que cela mériterait un développement à part, mais il s’agit bien de tirer une leçon d’erreurs commises afin de ne pas les reproduire.

Bon, j’en fais quoi de cette liste ? Mon prochain tournoi est dans 4 mois !

On la regarde tous les jours et on répète les points importants en se lavant les dents le matin (et le soir, si, si)

On peut utiliser cette liste lorsqu’on résout des problèmes tactiques. Mais on n’y touche pas. Pourquoi pas en créer une autre spécifiquement pour la tactique (quand je peux clouer, attirer une pièce pour la clouer, quand je peux capturer une pièce, vérifier comment la pièce est défendue).

Mise en pratique lors de parties d’entrainement

Parties d’entrainement avec un partenaire ou contre un moteur d’échecs, si possible avec un niveau supérieur de quelques centaines d’elo. La feuille est à côté de l’échiquier et on la consulte à chaque coup. Il est sans doute plus commode, quand la liste s’allonge, d’ordonner les erreurs à fixer selon les phases du jeu ou les situations (ouverture, milieu de partie, roques opposés, supériorité matérielle, centre fermé, finales de pions) ou le protocole de réflexion. Si, au départ, on peut se contenter d’idées générales (vérifier ce que peut faire l’adversaire s’il rejoue une deuxième fois la pièce qu’il vient de déplacer), il faudra certainement affiner par la suite (vérifier ce que la pièce menace et ce qu’elle ne protège/contrôle plus après ce déplacement), puis vérifier ce que la pièce menace et ce qu’elle ne protège/contrôle plus après ce déplacement et vérifier s’il n’existe pas une deuxième menace . Ne pas se noyer dès le départ avec une liste de 15 erreurs à ne pas commettre. A la fin de la partie, rechercher les erreurs, vérifier si elles appartiennent à la liste ou si elles ont été évitées justement grâce à cette liste.

Si on a tout faux et qu’on n’a pas tenu compte des précédentes erreurs : on laisse en gras.

Si on s’est trouvé dans la situation à risque (telle que deux tours face à face : cf point 6) et que la liste a permis d’éviter une erreur : on met en normal (= pas en gras !). Mais on n’efface pas la ligne correspondante.

Si aucune situation à risque correspondant à l’erreur s’est présentée pendant la partie : on laisse en gras.

Initialement, cela donne ça :

  1. anticiper en priorité les déplacements des cavaliers, sur 2 (deux) coups
  2. lors d’une incertitude entre deux coups qui semblent équivalent en terme d’avantage, choisir celui qui « questionne » l’adversaire
  3. ne pas se laisser abuser par des menaces fantômes (visualisation)
  4. réfléchir sur 1,5 coups au minimum systématiquement
  5. quand on peut mettre en échec, capturer ou menacer, rechercher toutes les coups permettant de le faire
  6. Maintenir une tension au lieu d’échanger

Et si j’ai résisté à la tentation de pratiquer un échange inapproprié, cela devient :

  1. anticiper en priorité les déplacements des cavaliers, sur 2 (deux) coups
  2. lors d’une incertitude entre deux coups qui semblent équivalent en terme d’avantage, choisir celui qui « questionne » l’adversaire
  3. ne pas se laisser abuser par des menaces fantômes (visualisation)
  4. réfléchir sur 1,5 coups au minimum systématiquement
  5. quand on peut mettre en échec, capturer ou menacer, rechercher toutes les coups permettant de le faire
  6. Maintenir une tension au lieu d’échanger

Il est possible que d’autres erreurs surviennent dans ces parties d’entrainement et il faudra les intégrer dans cette liste.

Les parties d’entrainement peuvent être centrées sur une ou deux erreurs afin de ne pas se disperser. Il est probable qu’en se concentrant spécifiquement sur un point ou deux après le coup de l’adversaire la mémorisation de l’erreur soir meilleure, avec par exemple :

  1. Est-ce que je peux capturer la pièce qui vient de se déplacer ou toute autre pièce ?

Et lorsque le point 1 est acquis (à savoir qu’il était possible de capturer une pièce et que cela a été intégré dans le choix des coups candidats, t ceci au cours de plusieurs parties), on passe à ceci :

  1. Est-ce que je peux capturer la pièce qui vient de se déplacer ou toute autre pièce ?
  2. Quel peut-être la prochaine case que cette pièce peut occuper si elle pouvait se déplacer de nouveau ?

Il est donc probable en se concentrant sur 1 à 2 points précis, que des parties soient perdues sur Chess.com ou Lichess car le temps viendra à manquer ou que d’autres erreurs feront leur apparition.

Et on recommence une autre partie d’entrainement.

Et on révise aussi avant chaque partie officielle (interclub, Open)

On peut compliquer le principe en mettant en gras et en MAJUSCULE le point qui n’a pas été appliqué ! Ainsi, si j’ai joué 5.h3 pour empêcher un Fg4 en ayant les blancs, sans raison valable, la ligne :

3. Ne pas se laisser abuser par des menaces fantômes (visualisation)

devient :

3. NE PAS SE LAISSER ABUSER PAR DES MENACES FANTÔMES (VISUALISATION)

Et puis si une erreur a été corrigée sur le long terme, pourquoi pas la retirer afin d’alléger la liste.

N’oublions pas que, généralement, on perd une partie parce qu’on a fait une erreur !

Si vous connaissez d’autres techniques d’entrainement pour corriger/fixer des erreurs, je suis preneur.

C’est pas clair ? Laissez un commentaire.

Combien de temps…


… pour réfléchir sur un problème tactique. En fait cela dépend de l’âge du capitaine !

Vous jouez surtout des blitz ? On va dire une dizaine de secondes.

Vous êtes plutôt adepte des Open 90+30 ? On va dire 3-5 minutes.

Vous êtes dans une logique Woodpecker ou répétitions espacées : une dizaine de secondes.

Vous êtes dans une logique de travail sur le calcul : un certain temps.

(Merci à Noël Studer pour ces idées)

Cas de dopage dans le monde des échecs


5 mn 42 s

Steinitz me disait hier soir que si aucun des deux joueurs ne fait d’erreur, la partie est nulle. Et, le bougre, il a drôlement raison !

C’est une tactique de l’adversaire qui vous capture un cavalier non protégé ? Schlack : +3.

Parfois la perte d’un simple petit pion se fait hélas sentir en finale ? Schlack : 0-1.

Quand on est attentif du premier au dernier coup, en gros quand on se demande toujours si le dernier coup de l’adversaire n’est pas une menace et si notre coup candidat est sûr, les gaffes se raréfient. Le « Ah… zut, j’avais pas vu » n’a aucune excuse. Bref, si on détecte une menace, on la pare. Si on ne trouve pas de tactique gagnante dans un délai de réflexion raisonnable, on aborde le placement des pièces (développement, activation). Toute action qui ne suit pas trop ça entraine, dans le meilleur des cas, une stagnation de la position. Dans le pire des cas : l’évaluation de la position blanche peut dégringoler de +/- à -/+ (expérience personnelle récente) en un seul coup, sans avoir perdu la moindre pièce, ni qu’aucun gain tactique se profile dans les 3 à 4 prochains coups. Si l’adversaire exploite cette erreur de position, la situation devient compliquée ; on perd l’initiative, on reste sur la défensive et le boa constrictor vous étouffe petit à petit. Pire : le manque de temps, l’affolement, le défaut de technique défensive fait souvent commettre des erreurs de discernement, et le -0.5 des blancs (selon Stockfish) se transforme en -1.25. Quand la stratégie de l’adversaire prend le dessus, il n’est alors pas rare que la tactique suive, que la position s’effrite progressivement, puis que le château soit pris d’assaut. Partie perdue.

On peut d’ailleurs se demander si l’adage qui nous dit que le dernier qui fait une erreur perd, ne peut pas être étendu. Pourquoi y a-t-il eu erreur ? Oui, 5 coups avant l’abandon, on a perdu une qualité, ou on a laissé un pion s’approcher dangereusement de sa case de promotion. Mais est-ce qu’au départ, si on avait joué une ouverture à peu près correctement sans oublier de mettre son roi en sécurité, si on avait un peu mieux calculé un échange complexe en ne négligeant pas l’importance de la paire de fous, ce ne serait pas cette première erreur commise au 14ème coup (ou au 23ème !) qui nous a compliqué la vie 10 à 15 coups plus tard ? 

Heureusement, parfois, l’adversaire, classé entre 1200-1500 elo (sans doute aussi au dessus, mais de moins en moins fréquemment – à noter qu’à partir du 01/01/2024, il faudra lire de 1520 à 1700, si j’ai bien calculé -) n’est pas infaillible et c’est tout le plaisir des retournements de situation qui s’offre à nous. Savoir être patient, prendre son temps (perdu pour perdu, autant le prendre pour trouver le moins mauvais coup), reprendre les fondamentaux en anticipant les menaces, en donnant de la liberté aux pièces sans activité, et en repérant les faiblesses de l’adversaire. Faire douter… forcer psychologiquement votre opposant qui, pour accélérer la fin de la partie, va lancer une tactique mal calculée ou une attaque sans munition.

Des fois, c’est payant. Mais des fois, l’adversaire est dans un bon jour ou est nettement plus fort que son elo officiel.

Quoi qu’il en soit, ce sera le moment de revoir cette partie, de reconnaitre (sans l’aide d(un moteur d’analyse) les coups imprécis, inutiles, ou catastrophiques. Puis de remonter la partie afin de détecter une menace passée inaperçue. Enfin, cela serait intéressant de lister les catégories d’erreurs. Telles que :

  • Mauvaise anticipation d’une menace (pourquoi ? Manque de temps, pas réfléchi assez longtemps, négligence sur un éventuel sacrifice adverse ?)
  • Négligence sur la réponse de mon adversaire à mon coup (même questions que précédemment)
  • Mauvaise évaluation de ma variante (+,=, – ou peu clair peut suffire ; se dire qu’on est à +0.75 plutôt que +0.47 est probablement illusoire) : défaut de quiescence, problème de visualisation ? Savoir réfléchir a minima sur 1.5 coups, puis sur 2 à 2.5 coups suffit en général sur des suites non forcées.
  • Le bon coup n’a pas été parmi mes coups candidats : il est clair qu’il faut envisager tous les échecs, toutes les captures, toutes les menaces. Ce qui sous-entend qu’il faut bien observer l’échiquier : y a-t-il des alignements particuliers exploitables (clouage, enfilade) ? Des pièces pas ou mal protégées (une pièce protégée par le roi, équilibre entre les défenseurs et les attaquants, une pièce protégée par une pièce de plus haute valeur, une pièce protégée par une pièce clouée, etc.) ? Une de mes pièces est inactive ou pas développée ? Quelle menace ai-je négligée ? (cf ci-dessus)
  • Trop de temps consacré à une position qui n’est pas critique : pourquoi réfléchir 10 minutes sur une position qui donne l’avantage et qui offre au moins deux coups permettant de le conserver ?
  • Quel principe d’ouverture n’a pas été abordé ? Pourquoi suis-je tombé dans le piège de cette ouverture (échecs ? Capture ? Menace ?) ? A quel moment la théorie n’a pas été appliquée ?
  • Et ainsi de suite…

Une fois que tout ça a été travaillé, disséqué, Stockfish va montrer les meilleures options qu’il va falloir comprendre quand il ne s’agit pas d’un coup purement tactique. Se faire aider par un coach, ou un partenaire d’entrainement avec quelques centaines d’elo en plus est certainement bénéfique.

Le diagnostic est donc posé. Des négligences ont été mises en évidence qu’il faudra corriger grâce à des d’exercices adaptés qui seront intégrés dans un programme d’entrainement :

  • Tactique : Woodpecker ? revoir les tactiques de base sur Lichess avec le niveau de difficulté réglé sur -600 (fourchettes, suppression du défenseur, etc.), puis en augmentant la difficulté jusqu’à atteindre un taux de résolution oscillant entre 60 et 70 % ? Schémas de mat (Anastasie, mat du couloir, etc.) ?
  • Processus de réflexion : lors d’une partie d’entrainement, noter les coups candidats et comparer ensuite avec l’analyse. Après analyse par un moteur d’échecs (et sans avoir regardé la solution) si un coup est quantifié d’un ?!, d’un ? ou d’un ??, rechercher toutes les options non envisagées (et leurs variantes), rechercher comment ce mauvais coup aurait pu être puni s’il ne l’a pas été par l’adversaire. Vérifier qu’on n’a pas lancé une attaque sans l’aide de toutes ses pièces. Est-ce que le protocole échec-capture-menace a été mis en œuvre ?
  • Erreur stratégique : s’imprégner des notions d’équilibre matériel, d’activité (utilisation optimale des pièces : mauvais fous, tour sur colonnes ouvertes, cavaliers sur case forte, etc.), d’amélioration d’activité (se battre pour les cases fortes, conserver le contrôle d’une colonne, pousser un pion sur sa case de promotion avec une tour), de structures de pions (structures simples comme l’isolani, les pions passés, les pions pendants, puis après les structures plus complexes avec centre fermé Carlsbad, structure Caro-Kann), et accessoirement la notion d’espace.
  • Partie mal engagée en fin d’ouverture : revoir les tabias (la ligne principale d’une variante) avec Chessbase, comprendre pourquoi un des principes n’a pas été utilisé. Ne pas oublier que même lors d’une ouverture, le calcul et la tactique peuvent s’appliquer !
  • Finale perdue : revoir les bases, encore et encore avec Lichess notamment, au sujet de l’opposition, de la règle du carré, de la théorie avec les positions de Lucena et de Philidor. S’aider du livre de finales de Jeremy Silman.
  • Du mal à rester concentré au bout de 3 heures de jeu : vous savez , le « Allez hop, …, pfff… tant pis, je joue ça, on verra bien… » ! Penser à dormir la nuit, à prendre soin de sa santé, avoir un peu d’activité physique, à se sustenter correctement pendant une partie (le cerveau est un gros consommateur d’énergie).

Ce n’est pas fini ! Pour ne pas retomber dans les mêmes erreurs quelques semaines plus tard : noter les conclusions de tout ça quelque part afin de se rafraichir la mémoire.

Et puis toujours remettre sur le tapis le processus de réflexion, le calcul et la tactique, l’analyse, affiner le programme d’entrainement, participer à des tournois, apprendre/pratiquer/corriger, ne pas se décourager, trouver de l’intérêt autant dans les parties sérieuses que dans l’entrainement, s’abonner aux Échecs sans peine.

Et le rapport avec les cas de dopage ? Les analyses toxicologiques de certains joueurs sont formelles : on a trouvé chez certains d’entre eux de la Concentrine à action immédiate, du Motivex à effet retard, et du Perseveryl à libération prolongée. Tous les joueurs ont été remis en liberté.

A L’ANNÉE PROCHAINE !

!

Attention c’est pas facile
Car l’instrument n’est pas docile
Pour pouvoir y arriver
Faut travailler, travailler
Mais un beau jour t’y arrives