Combien de temps…


… pour réfléchir sur un problème tactique. En fait cela dépend de l’âge du capitaine !

Vous jouez surtout des blitz ? On va dire une dizaine de secondes.

Vous êtes plutôt adepte des Open 90+30 ? On va dire 3-5 minutes.

Vous êtes dans une logique Woodpecker ou répétitions espacées : une dizaine de secondes.

Vous êtes dans une logique de travail sur le calcul : un certain temps.

(Merci à Noël Studer pour ces idées)

Être efficient ou efficace ? Huit conseils !


Pour un joueur adulte plus ou moins débutant, il est important d’exploiter au mieux l’entrainement : travailler ce qu’il convient de travailler sans perdre son temps et bien sûr prendre plaisir autant à s’entrainer qu’à jouer des parties sérieuses ou amicales. Contrairement au jeune padawan de moins de 20 ans, un adulte n’a pas les mêmes contraintes professionnelles, familiales ou associatives. Si on y ajoute qu’un ado peut consacrer 5 fois plus de temps aux échecs qu’un adulte qui retient 10 fois moins vite que lui… on se rend compte que la tâche se complique !

Quand on obtient le résultat escompté, on est efficace. L’efficience tient compte des moyens utilisés pour obtenir le résultat.

1) Travailler selon son elo : chaque niveau nécessite un travail particulier. Chess Dojo l’évoque (je ne suis pas actionnaire chez eux), Silman a fait un livre sur les finales niveau par niveau, Yusupov a fait une série selon 3 niveaux. Aucune utilité pour un joueur classé 1145 elo d’investir dans le livre des finales de Dvorestky ou d’apprendre par cœur des variantes d’ouverture jusqu’au 15ème coup.

2) Travailler ses faiblesses : de façon générale, elles appartiendront au protocole de réflexion (qui commence par la question : « Est-ce que le coup de mon adversaire est dangereux », et qui finit par : « Est-ce que mon coup ne dégrade pas ma position ? ») et à la tactique.

3) Optimiser son temps : parmi les principales faiblesses recensées dans chaque catégorie (ouverture, finale, stratégie, temps, tactique, protocole de réflexion) travailler les 3 à 5 plus fréquentes et uniquement celles-ci. D’où l’importance de tenir à jour des statistiques sur les échecs de résolution des exercices tactiques et sur les thèmes qui font perdre une partie.

5) Avoir un programme d’entrainement : cela évite de revoir la même chose tous les 3 mois (en dehors d’un programme de révision), de se contenter de travailler ce qui nous plait ou de chercher au dernier moment la feuille de partie qu’on désire analyser. Et ce qui est acquis, est acquis : inutile d’y revenir (mis à part un petit rafraichissement de mémoire).

6) Si on désire toutefois approfondir les ouvertures (après avoir assimilé les principes) : apprendre une ouverture nécessite qu’elle corresponde à 3 critères essentiels :

  • Peu de variantes
  • Facile à comprendre
  • Fréquemment rencontrée

Êtes vous sûr de vous lancer dans une ouverture qui ,dès le deuxième coup, vous mets face à 4 réponses possibles de votre adversaire, chacune engendrant ensuite 4 autres réponses possibles à votre troisième coup ? Travailler une ouverture prend plusieurs mois : bien la choisir évite de tout recommencer à zéro 3 mois plus tard.

7) Exploiter la technologie : la liseuse permet d’avoir tous ses bouquins dans quelque chose à peine plus grand qu’une (grande) main. Grace à un portable, et à Lichess, il est possible d’avoir sur soi en permanence ses parties enregistrées (parties en ligne, tournois) et leurs analyses, des exercices tactiques, la possibilité de jouer des positions d’entrainement (créées dans des études) contre Stockfish ou Maia. Pratique quand on voyage ou quand on veut profiter d’une pause éventuelle entre 12 et 14h à son travail. En outre il est souvent possible d’envoyer sur cette liseuse l’article que vous n’avez pas le temps de lire au moment où vous tombez dessus en surfant.

8) Relativiser la valeur du temps de travail : réfléchir sur une position pendant 10 minutes est plus profitable que jouer un blitz de 10mn, jouer une partie longue de 60+30 est plus profitable que de jouer 12 blitz de 10 minutes, travailler 15mn de tactique est plus profitable que travailler 15 minutes sur une ouverture, jouer une partie de GMI sur un échiquier en déplaçant les pièces est plus profitable que sur un écran en cliquant sur une souris. Enfin, le temps consacré à l’étude est mieux exploité dans une atmosphère propice à la concentration.

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Je n’ai pas le temps.


Il faut bien admettre que consacrer à notre jeu au moins une heure quodienne de façon efficace relève parfois du défi. La vie de famille, le boulot, les amis, [ajoutez ici ce que vous voulez]… Voici quelques pistes pour dégager des instants précieux.

Avoir un programme d’entrainement ne vous fait pas gagner du temps, mais cela optimise la façon dont vous l’utilisez ! Anticiper les exercices et le contenu de la séance, avoir une trace du travail précédent évite de revoir une même variante d’ouverture ou de rechercher la bonne page d’un bouquin.

Exploitez chaque moment : merci aux applications du téléphone (ou de la tablette) qui vous permettent désormais d’avoir accès à votre site préféré à chaque instant. Bref… que ce soit aux WC, sur une aire d’autoroute, avant de vous endormir, ou en remplacement de la pause cigarette (ah, oui : arrêtez les addictions tabagiques !), vous n’aurez plus d’excuses. Six fois dix minutes égalent une heure.

Choisissez le Cloud !!! Pas de logiciel sur votre ordinateur. Stockez tout sur Google Drive et mettez votre planning d’entrainement sur Google Agenda. Mettez vos parties dans les études que vous aurez créées sur Lichess. Exploitables en tout lieu dès que vous aurez un accès internet.

Optez pour une liseuse : toute votre bibliothèque dans quelque chose trois à quatre fois plus plat qu’un livre de poche. Et cerise sur le pompon : les livres d’échecs version Kindle (pour Amazon) sont en général moins chers que leur version papier. Autre avantage de la liseuse : le dictionnaire anglais-français intégré. Si vous hésitiez à franchir le pas dans la lecture des livres anglais : foncez.

A défaut d’un cahier d’entrainement, ayez un carnet d’entrainement que vous glisserez dans une poche de votre manteau ou votre valise. Investissez dans un jeu de voyage qui vous suivra partout. Mieux : développez le jeu en aveugle : plus besoin d’échiquier pour suivre une partie ou les variantes d’un problème tactique.

Après : avancez votre réveil de 15-30 minutes, limitez Facebook (Insta… Tik-Tok… Tweeter…), débranchez CNews et BfmTV. Et je ne vous parle même pas de Netflix (oui, bon… the Queen’s Gambit à la rigueur !)

S’il vous est difficile de dégager une fois par semaine un créneau d’une heure pour jouer une partie lente en ligne ou contre un moteur… tentez L’art de la négociation en famille (ou tout autre livre de ce genre). Là, je ne peux rien pour vous.

Programme d’entrainement.


Petit retour sur le programme d’entrainement simplifié que j’ai évoqué ici, avec quelques idées qui me sont venues à l’esprit (si, j’en ai un peu).

Le rythme de 4 sessions à appliquer en boucle permet de revoir en fait des notions récentes qu’on aurait vite tendance à oublier si on se contente de les revoir avec des intervalles assez longs. Cela évite de bachoter sur la  tactique non-stop, en laissant les finales de côté (le truc rébarbatif souvent négligé probablement), ou en revoyant de façon épisodique les ouvertures qui ont été mal négociées.

Il est important je pense, si on désire utiliser ce programme, de bien le formaliser : un beau tableau Excel, imprimé et consultable à tout moment, tout en se donnant la peine de noter ce qui a été travaillé au jour le jour.

Le principe de 4 sessions permettant de travailler la tactique, les finales, la stratégie et les ouvertures, ainsi que les moments consacrés à des parties, est la base. La répartition à l’intérieur de ces 4 sessions est à moduler en établissant ses priorités. Une calculatrice permet ensuite de remplir le tableau avec quelques petites règles de trois en fonction du temps qu’on désire consacrer. Uniquement en préparant ce planning, on a déjà la sensation d’avoir gagné 10 points elo !

Lorsqu’il s’agit d’étudier, mettez sur papier avec quels documents/supports vous désirez apprendre afin de ne pas vous disperser. Un coup un vieux bouquin que vous avez ressorti de votre bibliothèque, un coup une vidéo, un coup un article sur un site, un coup une autre vidéo… pas bon tout ça à mon avis.

Mettez en place ce programme quand ce sera le moment. Si votre travail, votre vie de famille ou toute autre cause ne vous permettant pas de dégager suffisamment de temps pour le faire (1 heure est probablement un minimum), contentez vous des tactiques sur l’application Lichess (salle d’attente chez le dentiste pour déstresser, WC, pause après le déjeuner en entreprise, avant de s’endormir…). Commencez un lundi.

1 heure, pas facile à dégager sur votre emploi du temps ? Si votre mode de vie est réellement incompatible avec une approche raisonnée et durable, bien évidemment le niveau et l’envie que vous aurez à jouer risqueront de stagner. Et il n’y a rien à se reprocher, cela peut être un choix respectable tant que vous éprouver du plaisir à pousser du bois.

Mais si vous désirez vous accrocher un peu, et voir votre elo grimper de quelques dizaines de points (centaines ?), vous pouvez vous lever 15 minutes plus tôt, et faire l’impasse sur Netflix… Avoir ce programme d’entrainement déjà établi en amont permet aussi de gagner du temps (plutôt que de se dire : « Voyons, qu’est que je travaille aujourd’hui ? » ou « Qu’est ce que j’ai fait de ce bouquin acheté en 2007 ?« ) En outre, il vaut mieux, malgré tout, s’y consacrer 30 mn par jour que 2 heures tous les 4 jours. Prévoyez la durée de base en fonction du temps que vous pourrez y consacrer a minima. Rien ne sert de prévoir des tranches de 30 mn sur une session de 2 heures (soit 4 tranches de 30 mn), si vous savez à l’avance que vous ne pourrez pas y consacrer plus de 15 minutes d’un coup. Dans ce cas, revoyez votre programme à la baisse avec 4 tranches de 15 minutes par session. Et puis le jour, ou la semaine, où vous pourrez y consacrer un peu plus : foncez !

La façon de travailler est une autre histoire. Concentration, processus de réflexion, échec-capture-menace, mémorisation, analyse approfondie de parties (sans lancer Stockfish au bout de 3 secondes !), lectures des parties des très bons joueurs, courbes de progression, tenue d’un cahier de travail, gestion du stress.

Avant de vous lancer sur un programme, vous serez peut-être intéressé pour connaitre vos points forts et vos points faibles ? Tentez « Echecs : le test » (en anglais : Chess Exam and Training Guide) de Khmelnitsky, ou les tests de Dvorestky. A moins que vous tombiez sur « Testez vous aux échecs » de Franck Loheac-Ammoun (d’occasion toutefois).

 

Conseils pas chers.


J’essaye ici de recenser les conseils pratiques à appliquer au cours d’une partie et qui me semblent essentiels. Même si j’ai l’impression que je me répète, mais perso, j’ai un peu l’impression que je perds justement une partie pour ne pas avoir suivi un ou plusieurs de ces conseils. Ceci dit, si vous êtes face à un adversaire supérieur, vous perdrez probablement, mais au moins avec les honneurs. Bien sûr, si vous vous êtes mis dans une situation désespérée, ces conseils ne permettront peut-être pas de gagner, mais de trouver une nulle, allez savoir !.

L’ouverture : avant de mémoriser les quelques 300 ouvertures et leurs variantes principales, appliquez les trois principes de base (Mobilisez toutes vos pièces, mettez votre roi en sécurité et prenez le contrôle du centre, et accessoirement empêchez votre adversaire de le faire ! ) tant que toutes les pièces ne sont pas activées et que le roi n’est pas en sécurité.  Si vous êtes à l’aise à la sortie de la plupart des ouvertures que vous rencontrez ou pratiquez, il est alors temps d’en travailler une ou deux en particulier. Mais, sans trop entrer dans les détails des variantes du 12ème coup !

Développer (développer, oui, mais intelligemment) : à part le roi et deux tours, plus aucune pièce sur la rangée de départ. Si on fait le compte, avec trois mouvement de pions et un roque en prime, au 9ème coup cela devrait être fait. Un coach russe (ça fait bien de dire un coach russe !) disait que les tours doivent être en communication au 8ème coup ! Exploiter les notions de tempo (faire d’une pierre deux coup, comme disait ma grand-mère).

A moins d’une option tactique à considérer, ne pas déplacer une pièce avant d’en avoir déplacé une autre. Attention : c’est parfois logique/normal dans certaines ouvertures comme la scandinave.

Roquer : pas une obligation. Si le centre est fermé, le roi est à l’abri malgré tout.

Repérer la menace : si le coup n’est pas une capture ni un échec, il faut se demander pourquoi l’adversaire a déplacé sa pièce (y compris lors de l’ouverture). Parfois il y a une réelle menace qui peut amener un désavantage rapide, des fois non. Avoir ce réflexe en s’habituant déjà à anticiper un second déplacement de la pièce adverse, puis quand c’est devenu un réflexe, se demander ce que l’adversaire peut faire s’il rejoue toute autre pièce dans la foulée. Penser tactique en premier, mais ne pas négliger les intentions stratégiques (sans oublier les contrôles de cases)

La menace : si l’adversaire rejoue tout de suite il y a mat, ou il met le roi en échec, ou il capture, ou il pose une fourchette imparable avec un cavalier. Se méfier des attaques à la découverte (l’échec en fait partie). Les coups prophylactiques sont essentiels.

Réfléchir avec deux coups candidats  : ce n’est pas un principe absolu car il peut y avoir une suite forcée qui s’impose dès le départ. Mais disons que lorsqu’on dit qu’il faut jouer le meilleur coup, cela oblige fatalement à en avoir deux au départ, et s’y tenir ! En pensant d’abord échec, puis capture puis menace (y compris dans les réponses). Il y a le coup candidat instinctif (rarement le meilleur à mon niveau ! ), et le(s) coup(s) candidat(s) qu’on trouve avec la trilogie échec-capture menace. Choisir un de ces deux coups. Peut-être pas le bon coup, mais ce sera LE meilleur pour vous. En tout cas, il est probable que votre adversaire (à peu près de votre niveau) ne voit pas la différence. Et enfin, ne pas s’aventurer sur des analyses trop longues : si 1.5 coup reste un minimum, au delà de 3 c’est probablement perdre du temps (à moins d’une suite forcée évidente).

Faire un test de sécurité avant de jouer votre coup :

  • Est-ce que ma pièce ne peut pas être capturée ? Est-ce qu’il n’y pas un échec intermédiaire qui ruinerait mon plan ?
  • Oui, vous l’avez déjà vérifié une fois. Eh bien recommencez !
  • Vous déplacez une dame ? Refaites-le une troisième fois.
  • Vous sacrifiez une pièce en vue d’une brillante combinaison ? Le test de sécurité est toujours ok, euh… vous êtes sûr de vous et de votre calcul ?

Le temps : estimer les temps moyens par coup selon le réglage de la pendule. Pendant une ouverture, le temps de réflexion devrait être assez court, mais toujours en respectant le processus de réflexion. Réfléchir d’abord sur les coups forcés et/ou avec échec/capture/menace, et limiter à deux coups candidats optimise la gestion du temps. Ne pas hésiter à utiliser un principe quand on n’a pas d’idée (comme : une colonne ouverte : hop, je déplace ma tour). Avoir un plan (aussi mauvais soit-il) fait gagner du temps. Ne pas passer 20 mn à trouver un gain tactique improbable. Mais ne pas être avare de son temps quand il s’agirait de deviner les intentions de l’adversaire.

(complément du 16/02/2021) Ne pas céder à la cadence rapide que votre adversaire serait tenté de vous imposer dans une partie longue. Disons que sur une partie telle 90+30, il devrait approximativement vous rester dans les 45 mn vers le 20ème coup, peu importe que votre adversaire réfléchisse vite et qu’il n’ait utilisé que 10 mn de son capital temps. Soit il est plus fort et il est logique qu’il envisage plus de solutions dans un temps plus court. Vous risquez de perdre, certes, mais donnez-vous le temps de réfléchir correctement jusqu’au bout. Soit il est de votre niveau (ou en dessous), et il est peu probable que ses capacités de réflexions soient extraordinairement supérieures aux vôtres (sauf si vous tomber sur l’ado qui progresse de 200 elo par an et qui est amené à devenir GMI !)

La tactique : à envisager s’il n’y a pas de menace. Repérer toute pièce non protégée et mal protégée. Une pièce est mal protégée quand  il y a plus d’attaquants que de défenseurs, quand elle est protégée par un roi, par une pièce clouée. Dans le cas d’une pièce protégée plusieurs fois (et attaquée plusieurs fois), si son premier défenseur a une valeur supérieure au premier attaquant, il y a soucis. Ne pas oublier que le roi ne peut reprendre qu’en dernier !

Et enfin, sans faire insulte à votre adversaire, si vous perdez une pièce, n’abandonnez pas trop tôt. A petit niveau, il est toujours possible que votre adversaire fasse aussi une erreur.