Points de détails importants


L’impression que cela stagne ? Résultats du récent tournoi qui n’honorent pas le travail des 3 derniers mois ? Du mal à gagner contre des adversaires avec -200 elo ? Il est peut-être temps de vérifier quelques uns de ces points :

  • Jouer plus de parties longues que de parties rapides
  • S’entrainer contre des adversaires (un peu) plus forts
  • 15 minutes de tactique tous les jours
  • Utiliser un échiquier (et pas un écran)
  • Pas plus de 10-20% de son temps total d’entrainement pour les ouvertures
  • Avoir un (des) partenaire(s) d’entrainement
  • Bien dormir et manger
  • Revoir le processus de réflexion (et se créer sa check-list)
  • Avoir un cahier d’entrainement
  • S’entrainer en étant concentré (pas de téléphone, pas de Facebook, on évite Metallica dans les écouteurs…)
  • Avoir un programme d’entrainement, aussi simple soit-il.
  • Se tenir à un entrainement régulier plusieurs fois par semaine (plutôt que 1 fois 3 heure par semaine)
  • S’offrir un coach
  • S’imprégner des parties des grands maitres.
  • Réviser les tactiques de base
  • Tenir à jour ce qui est mesurable (activité quotidienne, gains, heures de sommeil)
  • Conserver les parties de tournoi dans une base de données pour les exploiter
  • Analyser les parties longues
  • S’abonner aux Échecs sans peine !

Taper dans le dur !


On peut être tenté pour se préparer à un tournoi, ou afin d’envisager un progrès tangible, de s’entrainer comme une bête.

6 heures par jour, 10 problèmes issus des positions de Laszlo Polgar, 30 minutes avec les finales de Dvoretsky, et une 30+10 contre Lc0 suivi d’une heure d’analyse, tous les jours. Au minimum ! Sans compter la stratégie, les ouvertures, un open tous les 1 à 2 mois, les séances avec le coach…

Ramesh, lui, préconise 4 heure de travail sur des études, quotidiennement, par séries de 4 jours !!

Jusqu’où faut-il pousser le curseur ?

Steve Magness, spécialiste du « running », préconise ces lignes directrices pour sa discipline :

  • Facile la plupart du temps
  • Difficile occasionnellement
  • Avec des variations
  • Être dans le dur rarement

Si on adapte aux échecs, cela pourrait donner (du haut de mes 1600 elo !!!) :

Facile la plupart du temps : une série de 10 à 20 exercices tactiques résolus à 60-75%, quelques blitz, petit travail de compréhension des ouvertures, travailler une position spécifique contre un partenaire d’entrainement, se plonger dans un bouquin pendant 15-30 minutes. Au choix.

Difficile occasionnellement : exercices de finales, 60+30 contre un partenaire à +200 elo, un « Guess the move » pendant une heure, quelques études pendant 15-30 minutes. Une partie interclub peut en faire partie. On remarquera qu’il est plus facile de vendre à ses proches un match interclub qu’un : « Ce dimanche après midi, on ne me dérange sous aucun prétexte entre 14h30 et 18h : je bosse les structures de pions ! »

Avec des variations : on varie d’un mois à l’autre, on teste différentes méthodes, différentes difficultés, etc. On alterne, on adapte. On s’inspire des idées géniales des Echecs Sans Peine !

Être dans le dur, rarement : partie à l’aveugle, 1 à 2 heures de travail sur des études, méthode Stoïko pendant 1 heure. Un tournoi peut être incorporé dans cette catégorie.

Attention quand on durcit l’entrainement : ne pas se lasser ou se dégouter. On commence gentiment pendant 10 minutes, puis au bout de quelques jours (semaines), on passe à 20 minutes, puis 1 heure. On attaque les 5334 position de Laszlo : 1 à 2 positions à chaque fois (les premières sont assez faciles) en écrivant bien les variantes, puis on y passe 15, puis 30 puis 60 minutes, disons 1 fois par semaine. C’est déjà du calcul, pas la peine ce jour là d’y ajouter ses 20 à 50 positions de tactiques sur Lichess.

Les parties officielles, plutôt qu’un but ultime dans l’espoir de remporter la compétition ou d’améliorer son elo, devient le moyen de vérifier l’efficacité de son entrainement.

Les recherches montrent régulièrement que les personnes les plus robustes sont capables de percevoir les situations stressantes comme des défis plutôt que comme des menaces. Quand on trouve que les positions rencontrées lors d’un tournoi semblent moins difficiles à aborder que lors d’un entrainement, c’est qu’on est sur la bonne voie !

Comment progresser de 1200 elo en 9 mois !


Mieux que de la Maza (400 elo en 400 jours !) et sa (fameuse ?) méthode popularisée dans les années 1995-2000. Il semblerait d’ailleurs que de la Maza ait arrêté la compétition depuis. Ceci dit, il est sans doute plus facile de passer de 300 à 1500 elo en 9 mois (+1200 elo) que passer de 1200 à 2700 en 9 mois (ou de 1500 à 1900, +400 elo en 400 jours).

C’est en tout cas ce que nous annonce Alex Crompton sur son blog qu’on retrouve sur Lichess (section blog). J’avoue être un peu perplexe et/ou dubitatif, car si on cherche Crompton-elo-FIDE avec Google, on ne trouve rien. Sans doute un classement USCF ?

Bon, regardons malgré tout ce qu’Alex nous propose !

Avec 500 blitz en 1 mois (une bonne quinzaine par jour) quand il a découvert le jeu, il n’a pas dépassé 328 sur chess.com. Oh, Cruelle déception.

Un constat récurrent : à petit niveau (mais pas que), les parties se jouent et se gagnent sur un coup tactique. Il faudrait nuancer : le gain tactique (autant un mat qu’un gain matériel) peut se faire grâce à une brillante combinaison que Tal ne renierait pas. Ou simplement, broyé par son adversaire supérieur, le joueur n’a pas d’autre choix que de concéder une perte s’il veut rester encore dans le jeu. Parfois, c’est une pièce non protégée qui est capturée (perte sèche), ou protégée par un cavalier cloué.

Alex voit rapidement qu’il faut apprendre les tactiques de base, une par une, puis on les mélange, puis on recommence le tout.

Si le stock de tactiques se trouve partout, il faut alors utiliser les bons outils pour les répétitions actives espacées. Au choix : Chessable, et l’outil proposé par Chess Tempo (version payante). Pratiquer des exercices à petit niveau (en tout cas inférieur au niveau réel) permet de revoir souvent les mêmes schémas de base. Ne pas oublier Anki. Différents cours de tactiques existent sur Chessable : à chacun de choisir celui qui lui convient.

Les réglages autant sur Chessable que sur Anki devront permettre non pas un apprentissage de l’exercice mais bien du schéma. Les habitués de Chessable pourront aller voir les idées d’Alex pour les réglages (paragraphe : chessable settings)

Un des réglages qu’il faudrait prendre en compte serait le chronomètre : une dizaine de secondes.

Si voir le premier coup est important, il est tout aussi important de visualiser le reste de la combinaison jusqu’à sa conclusion.

Alex semble satisfait de Learn Chess the Right Way de Mme Polgar (qu’on trouve bien sur Chessable !)

Il est arrivé aussi à la conclusion qu’à notre niveau (dans les 1200-1500 elo j’imagine), on sort du livre d’ouverture vers le 8eme coup dans 95% des cas ! (pour moi j’ai plutôt l’impression que c’est vers le 6eme coup en moyenne, bien qu’ayant joué une fois une Caro-Kann -avec les noirs- variante d’échange jusqu’au 12ème coup en restant dans les meilleurs coups de la théorie). Bref, travailler jusqu’au 8ème coup (6ème ?) à partir de 1.e4 ou à partir de la suite logique de certaines ouvertures est probablement suffisant.

Un an plus tard !

Il essaye de résoudre en prenant un peu plus de temps à chaque exercice (du premier au dernier coup). A noter toutefois qu’il signale tout de même faire des sessions pendant lesquelles il met 15 minutes par exercice (3 à 4) pour le calcul (alors qu’on peut supposer en effet que les 10 secondes ne sont là que pour s’exercer à reconnaitre des schémas tactiques).


Si en effet en dessous de 1000-1200 elo, la tactique offensive est prépondérante, au delà de ce niveau la tactique défensive (la menace de se faire capturer une pièce par une fourchette ou à cause d’un clouage) devient primordiale. Et donc, détecter la menace de l’adversaire et s’assurer de la viabilité du coup candidat choisi est une priorité.

Alex publie régulièrement sur les blogs de Lichess en empruntant globalement la même démarche que les « Échecs sans peine », avec toutefois un peu plus de succès dans ses résultats (tout du moins dans sa courbe de progression) !! Il y confronte ses idées avec celles des autres « Chess adult improvers » (mettez ces trois mots dans l’ordre que vous voulez). C’est vrai que je n’ai jamais participé au podcast anglophone de Ben Johnson (qui vient de sortir un livre de synthèse de toutes ces interviews concernant the chess adult improvement !) Je suis d’ailleurs bien content de constater que dans ses 4 piliers de l’amélioration aux échecs, Ben en cite trois que j’ai déjà évoqués ici (Ben, si tu me lis…#ThePerpetualChessPodcast #Ispeakenglish).

Plan de route 2024


8 mn 30 s

Vous trouverez ci-dessous une synthèse/traduction d’une série de 7 articles (en anglais) du GMI suisse Noël Studer pour s’améliorer en 2024. Cet article a été repris sur ChessMood (plus ou moins partenaire avec Next Level Blog). Si vous avez que quelques heures par semaine à consacrer à votre passion préférée, ceci est pour vous. Par contre, si vous avez plus de temps, ceci est également pour vous.

-1-

SE DÉBARRASSER DE SES VIEILLES HABITUDES

Les résolutions de la nouvelle année sont rarement efficaces. Tout au plus quelques semaines. Souvent parce qu’on y injecte de nouveau nos vieilles mauvaises habitudes. Parfois, il est utile de tout stopper, faire table rase pendant 1 mois puis de commencer sur ces nouvelles bases.

On peut tenter d’appliquer ça aux échecs de trois façons :

  • Façon simple : lister ce qui nous semble inutile et stopper net ce qui apparait le plus inefficace (blitzer pendant 1 heure par jour ? enchainer les problèmes tactiques en les résolvant à l’instinct sans identifier le thème ? visionner encore une vidéo qui promet de révéler le secret d’une ouverture meurtrière ?) et s’en priver pendant 7 jours.
  • Façon moyenne : se tenir à une activité unique pendant 7 jours. Par exemple :
    • jouer et analyser ses parties
    • travailler un cours, un livre
    • résoudre (efficacement) des exercices tactiques
  • Façon difficile : la seule activité pendant 1 semaine serait, pourquoi pas, de s’informer sur les méthodes efficaces d’entrainement.

Une « vraie » détox se fait souvent sur 1 mois. Ici, le temps a été raccourci, car il ne s’agit pas simplement de changer un mode de vie, mais bien de changer d’entrainement. Ne pas s’entrainer pendant 1 mois pour mieux s’entrainer ensuite resterait un peu paradoxal ! On peut se motiver en s’accordant une récompense quand le challenge a été respecté, et se contraindre à une tâche ingrate quand il a échoué ! Impliquer ses proches dans ce projet d’une semaine force souvent à le réussir. Et enfin, afficher sur la glace de la salle de bain les raisons pour lesquelles on applique ce challenge-détox.

Les plus motivés pourront désinstaller leurs applications échiquéennes sur leurs portables ou installer des utilitaires bloqueurs de site. D’ailleurs sans aller jusque là, c’est peut-être le moment de faire le point sur les applications installées sur le portable.

-2-

AJUSTER SON ÉTAT D’ESPRIT

Pas facile, mais… se désintéresser de son elo serait également un challenge à effectuer ! Par contre, se dire en début d’année « Moi, dans 1 an j’ai +400 elo » n’est certainement pas un objectif intéressant. N’oublions que le niveau elo n’est que le reflet de ce que vous êtes. Changez ce que vous êtes, et votre elo changera !

Se fixer des objectifs d’entrainement est plus efficace :

  • Travailler son processus de réflexion pendant 1 mois.
  • Faire de moins en moins de parties en ligne (au profit d’acquisition de connaissances)
  • Faire à la suite 10 parties d’entrainement sans gaffe.
  • Se faire (enfin) son mini-répertoire d’ouverture à partir des parties sérieuses et/ou officielles déjà jouées
  • Réviser les motifs tactiques de base pendant 3 mois sans être distrait par mon portable
  • S’entrainer pour le prochain tournoi, gérer son stress au début d’une partie, entamer un livre de finales, etc.

Mélanger des objectifs liés au jeu (conserver un avantage en fin d’ouverture) à des objectifs plus généraux (faire un break le samedi et le dimanche pour faire du sport) est aussi valable.

Tout comme on essaye d’avoir des exercices tactiques assez durs pour les résoudre dans 60-75 % des cas, il faudrait avoir des objectifs qu’on puisse atteindre 2 fois sur 3. Si on les atteint tous, la barre n’est pas assez haute.

Se fixer des objectifs liés aux compétences/aptitudes donne plus de confiance. Concrètement :

  1. Se fixer toute de suite, là, maintenant, un objectif (la détox peut en être un !!!)
  2. En informer le même jour les personnes qui comptent pour vous ou qui s’intéresseront à votre projet
  3. S’attendre à ne pas atteindre votre objectif, ou un des objectifs.

Prendre plaisir à s’entrainer et à jouer est le signe que vous êtes sur la bonne voie !

3-

ÊTRE A L’AISE EN DEHORS DE LA ZONE DE CONFORT

Imaginez 12 tactiques à +300 ou +600 de votre niveau (testez sur Lichess). Si vous en réussissez moins de la moitié, l’exercice est assez dur. Puis mettez un problème tactique à +600 en mémorisant la position (3 minutes). Vous avez une heure pour proposer vos variantes sans échiquier ! C’est difficile ? Probablement, mais sans doute moins que devant une position face à un échiquier lors d’un tournoi. La sueur épargne le sang dit-on chez les militaires ! Lors d’une partie, il faudra se convaincre qu’on va inévitablement rencontrer une ou des positions difficiles et compliquées qui engendreront des erreurs. L’entrainement nous y prépare.

Il n’est sans doute pas facile de se lever 30 minutes plus tôt, d’écrire une lettre d’amour, ou de pratiquer 15 mn de gainage tous les jours. Mais quitte à commencer à faire quelques chose difficile dans la semaine, pourquoi pas commencer par ça ? Ce sera déjà un premier pas. Devant l’échiquier, on peut estimer qu’un entrainement « dur » consiste à résoudre des positions complexes selon son niveau ou à jouer contre un adversaire à +400 elo.

Aborder cette philosophie nous amène à faire des choix : on ne peut pas tout faire, tout travailler dans des journées qui n’ont que 24 heures. Il faut se méfier de ces conseils fréquemment rencontrés : « Les 5 livres indispensables pour le débutant » (déjà, si on en lit un en 1 an…), ou « Les 30 conseils pour gagner aux échecs » (sans toutefois nous préciser comment les appliquer tous en même temps !).

Établir des choix peut nous amener à axer son entrainement seulement sur quelques points (parmi d’autres) :

  • Maitriser 5 motifs tactiques de base
  • Travailler les finales selon son niveau
  • Bien appliquer les principes des ouvertures
  • Jouer ET analyser un maximum de parties longues

Alors oui, ce sera au détriment de la partie espagnole et du gambit Stafford, des dernières vidéos de Blitzstream et de Eric Rosen, et des 100 blitz hebdomadaires… Bref, il convient de faire la différence entre ce qui est agréable, et ce qui est essentiel. Cette simplification rend l’esprit plus libre et donne plus de souplesse à l’entrainement d’un joueur moyen qui n’a pas la possibilité de consacrer 8 heures par jour aux échecs.

-4-

L’ENTRAINEMENT RAISONNÉ

Il s’agit de se concentrer sur 20% des notions qui vont améliorer 80% des compétences (loi de Pareto). A savoir :

  • ouvertures, tactiques, stratégie, finales, parties et analyse
  • se limiter sur 20% des connaissances (en gros : il ne sert à rien de travailler une variante du 13eme coup d’une ouverture, ou de travailler un gambit que vous n’avez jamais rencontré)
  • bien choisir ses ressources bibliographiques.

Nous avons sans doute déjà appliqué ceci pour passer des examens : on délaisse les matières à faible coefficient pour se concentrer sur les matières à fort coefficient. Le temps d’entrainement devrait se répartir à peu de choses près en 3 parts égales : tactique, parties et analyse, et apprentissage théorique (ouverture, stratégie, finale). Pour les accros des ouvertures : si on désire consacrer plus de temps aux ouvertures, il faudra donc consacrer plus de temps au reste aussi !

Ce n’est peut-être pas ce qui va convenir à tout le monde, mais pour une première approche, cela devrait suffire : travailler ce qui est utile en dehors de sa zone de confort.

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PLANIFIER SON ENTRAINEMENT

Il reste à mettre le tout en œuvre. Un programme d’entrainement réaliste va nous aider à faire ce qu’on a décidé de faire. Il devra suivre les lignes directrices suivantes :

  • Être préparé en amont avec les documents nécessaires et le temps disponible
  • Entrainement quantifiable pouvant être évalué (ok ou pas)
  • Réaliste : être modeste dans la charge de travail et sa difficulté
  • Réparti au mieux avec la règle du 1/3 (cf ci-dessus)
  • Définir les plages horaires et la durée de l’entrainement

Le truc genre : « Bon, j’ai une heure devant moi, alors… stratégie ou finales ? Ah… tiens, on a le Tata Steel 2024 en direct … ouais, super ! » n’est pas un entrainement !!!

Par contre, ça, c’est un début de plan d’entrainement :

  • Lundi : 7h30-8h00 -> 12 exercices tactiques de la Stappenmethod
  • Mardi : 12h15-12h30 et 21h-21h30 -> exercices tactiques de finales de pions sur Lichess niveau -300
  • Mercredi : 20h-20h30 -> calcul sur une position avec un thème stratégique et 20h30-20h45 -> correction des exercices de la veille
  • etc.

Les étapes pour se créer un plan :

  1. Déterminer le temps disponible chaque jour, et donc par semaine. Viser simple au départ, ne pas surestimer sa disponibilité ni sa motivation : commencer en utilisant que le tiers de votre temps disponible. Puis diviser par trois (cf toujours la règle des 1/3 de la répartition des matières à travailler : tactique, parties, théorie). Selon la façon dont ce plan est appliqué lors de cette première semaine on pourra ajouter ou retirer du temps. Pour résumer : si vous pensez pouvoir dégager 9 heures par semaine, vous commencerez avec 3 heures à répartir entre la tactique, les parties, et la théorie. Progressivement, selon le suivi de votre planning, vous pourrez passez à 5 heures hebdomadaires puis 7, puis 9. Et enfin, plutôt prévoir 12 séances de 15 minutes dans la semaine, que 3 séances d’une heure.
  2. Déterminer comment les sessions d’entrainement peuvent se répartir dans la journée. Se garder le samedi et/ou le dimanche pour pratiquer autre chose (ou des tournois !!). Un retraité, un étudiant, un salarié, le tout mélangé avec une vie de famille, n’auront pas les mêmes contraintes. S’il n’est pas possible de prévoir sur l’année, on peut utiliser le dimanche pour planifier la ou les semaines à venir.
  3. Remplir les sessions hebdomadaires avec les matières à travailler : tactique (tous les jours, ou au moins deux fois par semaine), parties et analyses (1 partie longue genre 60+30 ou deux parties 15+10), théorie (pas plus de 10-20 % d’ouverture pour les 1200-1500 – plus au delà -, préférer les finales et leurs mises en pratique).

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SE PRÉPARER AUX OBSTACLES

Autant les anticiper dès le départ, car il y en aura. Imaginez 3 évènements qui peuvent venir interférer avec votre beau programme. Maladie, démotivation, surcharge de travail, déménagement, what else ? Pour chacun de ces trois événements, se demander comment on peut se débrouiller pour en diminuer la probabilité quand c’est possible, puis comment on peut les détecter avant qu’ils surviennent afin d’adapter le programme.

Le risque est d’arrêter son entrainement, non pas une fois (cela peut arriver) mais plusieurs fois de suite : c’est alors une mauvais routine qui s’installe, une mauvaise spirale. Un carnet de bord rempli quotidiennement, ou toutes les semaines, permet de mieux visualiser ces dérapages. Lorsque cela arrive, cela ne sert à rien de vouloir rattraper le temps perdu. Reprendre le programme gentiment, ne serait-ce que 10 minutes par jour, puis 20, puis 30 mn, etc. Peut-être naviguer à vue pendant quelques jours, avant de construire un nouveau programme si nécessaire. Et se débrouiller pour que cela ne se reproduise pas trop souvent !

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CROIRE EN SOI

Il est possible que certains d’entre vous se disent que tout ce qui précède ne les concerne pas. Trop vieux, pas le temps, à quoi bon, ça me suffit, je suis à mon max, j’ai déjà essayé tout ça, ou qu’il suffise de lire « Mon système » de Nimzovitch… Mais êtes vous sûr d’avoir utilisé les bonnes méthodes, consacré votre temps à ce qui est essentiel, ou de l’avoir pratiqué de façon régulière et persistante ?

Si ces derniers conseils sont suivis, l’amélioration suivra. Peut-être un simple gain de 50 elo, ou l’absence de gaffes, ou une simple confiance en ses capacités. Quel que soit l’age ou ses disponibilités (oui, bon… au moins plusieurs heures par semaine quand même !).

Beaucoup de notions techniques et pédagogiques sont nécessaires et il est normal de s’y perdre. N’hésitez pas à parcourir Next Level Chess (et à télécharger son E-book : « the Art of chess Training« ) et la conclusion du 7ème article, pour vous rafraichir la mémoire.

L’essentiel en 7 articles ! Bravo Noël pour ce travail de synthèse. Beaucoup de ces thèmes ont été traités sur le blog à partir de ses idées, mais pas que ! Citons : l’équipe de ChessDojo, Dvoretsky, Heisman, Yusupov, Tomic, ChessMI, Muñoz, Aagard, et tout ceux que j’oublie.

Progrès et perspectives


Comme cela a déjà été évoqué ici,, ou encore ici, travailler et s’entrainer aux échecs demande de la constance, de la persévérance, de la motivation, et une bonne dose de disponibilité. Je ne sais plus qui a dit que jouer aux échecs était la façon la plus efficace de perdre son temps ! Se créer un plan de travail le plus adapté soit-il, ne mènera à rien s’il n’est pas suivi régulièrement sur plusieurs semaines, plusieurs mois, plusieurs années. Les 500 derniers points elo des joueurs internationaux ont souvent été acquis en une dizaine d’années. Avec pourtant des capacités de travail et une formation qui dépassent largement ce que le simple pousseur de bois est en mesure de faire. Mais atteindre 1500 elo à partir de rien est désormais possible grâce aux chaines vidéos et à tous les autres supports pédagogiques existants.

Il est certain que des joueurs atteignent un bon niveau sans passer par de longues analyses ou sans y consacrer de longues et fastidieuses soirées d’apprentissage. Il existe des joueurs de haut niveau qui ont exclusivement travaillé les ouvertures pour atteindre leur norme de GMI, mais des joueurs de qualité n’ont ouvert leur premier livre d’ouverture qu’après avoir atteint 2400 elo… Les grandes idées quant aux méthodes d’apprentissages ou aux programmes d’entrainement sont parfois mises à mal par des exceptions. S’il est plus facile de dire ce qui ne fonctionne pas dans la plupart des cas, il est par contre moins évident de tracer un chemin pour arriver à ses fins dans un délai donné.

Grace au confinement et/ou à la série du Gambit de la Dame, l’arrivée de joueurs quasi autodidactes donne une autre perspective sur l’apprentissage. Le niveau atteint rapidement les 1300-1500 elo avec des joueurs ayant déjà bénéficié des acquis sur l’apprentissage et l’entrainement des dernières décades, facilement disponibles en ligne, ou dans des livres plus récents que « Mon système » de Nimzovitch (au contenu de qualité mais d’un style littéraire rébarbatif selon certains !).

Outre Atlantique, mais pas que, on observe l’émergence d’adult chess improvers : en gros, des joueurs classés 1400-1600 elo (elo de l’ancien temps… il va falloir que je m’habitue bientôt à dire entre 1500 et 1700 !) devenus des références dans l’entrainement des adultes à ce niveau. Ils nous font partager leurs parcours, insistant plus sur leurs méthodes que sur leurs objectifs. On les retrouve dans les podcasts de Ben Johnson (en attendant un équivalent en français ?).

Parallèlement, le développement des visio-conférences a fait entrer cet outil de façon courante dans nos pratiques quotidiennes (Zoom, Discord, et les autres). Les cours d’échecs en ligne se développent autour d’équipes performantes ayant élaboré des programmes tout aussi alléchants les uns que les autres. Alors qu’un cours particulier coute dans les 20 à 80 euros l’heure, il est alors possible pour 5 à 10 euros mensuels d’obtenir le support de GMI ou de coaches qui vous mettent en relation avec des joueurs de votre niveau, avec le même programme et le même objectif. Mais attention à ne pas céder trop facilement à la promesse de progrès rapides grâce à des guest stars titrées et de renommée internationale !

Le progrès aux échecs semble évoluer par paliers. Progression lente entre chaque palier grâce à un travail régulier et adapté, jusqu’à ce qu’un plafond soit atteint. Plafond de de verre pour certains et plafond en béton armé pour d’autres ! Le passage au palier supérieur demandant certainement un travail spécifique difficile.

Le travail acharné du calcul et de la tactique apparaissent souvent comme un pré-requis incontournable. En commençant à jouer vers 10 ans, ces techniques de réflexion s’acquièrent rapidement. Il n’est pas rare de voir de jeunes joueurs qui, sans avoir le coup du siècle, jouent de façon précise pendant toute la partie, faisant souffrir leur adversaire plus âgé et armé d’un elo pourtant supérieur de 100 à 200 points. Cette maitrise devient plus difficile à appréhender quand les échecs sont travaillés sérieusement pour la première fois à l’age adulte. Des adults chess improvers prévoient de ne travailler que la tactique pendant plusieurs années, avant de travailler les finales, puis la stratégie avant de conclure par le travail des ouvertures ! D’autres envisagent de ne travailler que les 5334 mats du livre de Lazlo Polgar !

De plus en plus de chaines style « Road to… » voient le jour. Road to GM, road to 1500… des youtubeurs/streamers semblant ne rien connaitre aux échecs il y a 6 mois, se retrouvent à un niveau plus qu’honorable sur Lichess ou Chess.com sans qu’on sache toutefois comment ils y sont arrivés , et quant à leur réel elo…. Bien coaché, à raison de 8h par jour, pourquoi pas !

Face à cet élan, la mondialisation s’installe progressivement : Chess.com, Aimchess, New in chess, Everyman chess et Chessable font partie du même groupe coté en bourse (si j’ai bien compris). Les joueurs de l’élite ne sont plus seulement des VRP d’échiquier électroniques, mais des hommes d’affaire accomplis ! Il existe même un partenariat entre chess.com et l’application de langue Duolingo !

Les notions de développement personnel font de plus en plus leur apparition dans les idées émises sur certaines chaines vidéos ou écoles d’échecs en ligne. Si leur utilisation ne peut pas être néfaste, il n’en reste pas moins que beaucoup de joueurs d’un niveau avancé n’ont jamais ouvert un seul livre traitant de ce domaine. Dans un monde agité qui recherche la performance, prendre du recul et optimiser son travail s’accorderont probablement avec ces méthodes issues du management.

En tout cas, les Échecs Sans Peine continuent de défricher le terrain.

Alors, pour 2024, quelle voie allez vous choisir ?