L’analyse : l’art de l’amélioration.

Dans un ancien article que je viens de parcourir, j’avais présenté l’intéret que John Hartmann, chroniqueur échiquéen et critique de livres, portait aux bienfaits de l’analyse. Il avait évoqué Artur Yusupov qui avait écrit un chapitre (Analysis of your own’s games) dans un livre de Marc Dvoretsky (School of futur champions 1). Je ne résiste pas à l’envie de reprendre ce texte !

Artur nous dit que :

« … l’analyse de nos parties est le principal moyen de s’améliorer. Je suis convaincu que, sans une compréhension critique de celles-ci, il est impossible pour un joueur de se développer. Bien sûr, cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas effectuer d’autres formes de travail sur les échecs. Il faut étudier l’ouverture, les finales et le milieu de partie, et il est exceptionnellement utile d’étudier les parties des joueurs forts. Mais en général, ce sont nos propres exemples qui nous apprennent le mieux. Nos parties sont plus proches de nous que toutes les autres. Nous les avons jouées et avons essayé de résoudre les problèmes auxquels nous étions confrontés. L’analyse permet de vérifier et de clarifier les évaluations qui nous ont guidés pendant le jeu, et de déterminer où elles étaient incorrectes, où nous avons joué de façon imprécise. Parfois, l’adversaire nous punit pour nos erreurs, mais celles-ci restent souvent inaperçues et ne peuvent être révélées que par l’analyse. »

Déterminer les moments critiques

  • Est ce que votre coup est une erreur ? (comment ai-je pu perdre une pièce ?)
  • Est-ce que l’évaluation de la position a changé ? (je n’ai pas perdu de pièce mais j’ai détérioré ma position)
  • Est-ce que vous avez laissé échapper une opportunité de prendre l’avantage ? (je n’ai pas vu un coup tactique)

Être capable de reconnaitre ces moments lors de l’analyse devrait vous aider à les exploiter quand ils se présenteront dans vos parties futures. Ceci est très important : la partie bascule souvent sur ces coups-là.

Pourquoi est-ce que j’ai commis cette erreur ?

Une fois que vous avez repéré ces erreurs, il faudra progressivement trouver avec quels éléments elles sont associées. L’aide d’un coach est sans doute utile. Mais vous serez sur la bonne voie quand, par vous même, vous serez en mesure de détecter ces moments où la partie peut basculer.

Explorer de nouvelles possibilités.

Emporté par vos idées au cours de la partie, ou pressé par le temps, certaines variantes n’ont peut-être pas été poussées jusqu’au bout. Bonnes ou pas, ce sera le moment de les explorer ou de calculer une option que vous n’aviez pas vue au cours de la partie. Thèmes stratégiques, schémas tactiques… tout ce travail personnel vous permettra de mieux le mémoriser que tout autre moyen d’analyse.

Travail de l’ouverture.

Il faudra, à chaque partie, trouver un moyen d’améliorer son répertoire.

Il est évident que tout cette analyse s’effectue sans l’aide d’un ordinateur qui ninterviendra qu’en fin de parcours pour confirmer ou pas vos idées. Je pense que si la partie est analysée avec l’aide d’un coach celui-ci devrait interroger l’élève et le faire réfléchir sur ces points (et ne pas tout de suite lui dire « Ton coup n’est pas bon, tu aurais du jouer ta dame en b4 »). Je crois avoir lu quelque part que Jonathan Rowson jouait plusieurs fois de suite une position contre Artur (Yusupov !) quand il allait s’entrainer avec lui. S’il négociait mal sa position, Artur lui demandait de la revoir, et ils la reprenaient ensuite. Et ainsi de suite. Il est probable que la pratique à outrance de la tactique (aussi utile soit-elle), nous fait perdre cette aptitude à sentir le danger.

Si vous perdez la partie après avoir perdu votre dame, ne vous acharnez pas à analyser la suite… la priorité ce sera d’éviter à tout prix ce genre d’erreur ! Mais sur une partie compliquée, il est possible que ces moments soient nombreux et parfois complexes. Il faudra donc y passer du temps.

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