Les sept péchés capitaux aux échecs (Jonathan Rowson)


C’est qui Jonathan Rowson ? Ecossais, né en 1977, GMI depuis 1999, elo autour de 2561 et auteur de quelques livres sur les échecs. Celui qui nous intéresse aujourd’hui est « 7 deadly sins chess ». Une trentaine d’euros en version papier (pas trop de différence de prix entre la version anglaise et française, et j’ai préféré me lancer dans la version Kindle, une première en ce qui concerne ce genre de livre).

Plutôt que de nous montrer la bonne voie pour progresser, il s’attache surtout à aborder les défauts qui nous font stagner. (Un peu comme dans le « Réussir à échouer » de Paul Watzlawick, où on apprend notamment que plus ne veut pas dire mieux).

Quels sont ces sept péchés ?

  1. La mauvaise pensée : ou comment mal utiliser ses connaissances et son cerveau. On utilise mal des schémas tactiques, ou on les ignore faute de les connaitre. On utilise des analogies erronées. On applique bêtement des principes généraux. L’intuition fait défaut.
  2. L’aveuglement (temporaire ou pas) : la capacité à ne pas reconnaitre une position critique
  3. L’entêtement du résultat : comment perdre quand on pense gagner. Oublier le plaisir du jeu.
  4. Le matérialisme : considérer les pièces comme de vulgaires morceaux de bois avec une valeur d’échange. Ne pas considérer le jeu d’échec comme un tout : pièces en présence, temps, qualité de la position. Associer la perte d’une pièce à une erreur.
  5.  L’égoïsme (l’adversaire est aussi un être humain) : manque d’objectivité, pas de recherche des intentions de l’adversaire, influence de la présence de spectateur autour de l’échiquier.
  6. Le perfectionnisme : intimement lié à la recherche du meilleur coup dans un intervalle de temps donné. Entraine de vouloir jouer selon ce qui est recommandé dans les livres (aux dépends de l’expérience), de jouer comme les GMI. Le mieux est l’ennemi du bien. Aboutit au manque de temps.
  7. Le relâchement/l’imprécision : un peu la conséquence des 6 autres péchés. On perd le fil de la partie, submergé par ses émotions et son incapacité à trouver une bonne solution. L’art de la concentration ne doit pas être négligé.

Le texte est agrémenté de quelques parties, sans longues variantes. Les commentaires s’attachent surtout aux idées sous-jacentes, à la pensée des joueurs. La prétention de Jonathan est de présenter le jeu d’échecs comme quelque chose de complexe et de gratifiant, quelque chose qui dépasse certainement la pleine compréhension qu’on puisse avoir de ce loisir. Si ce sont bien ses propres idées, il s’appuie sur les commentaires de parties de joueurs réputés : Kasparov, Nunn, Silman, Watson, Yermolinsky, Dvoretsky, Yusupov, et Botvinnik, pour ne citer qu’eux.

A lire quelques pages afin d’avoir une idée du contenu, je me suis senti un peu comme Alice qui passe de l’autre côté du miroir. La découverte d’un monde dans lequel la tour parlerait à la dame, dans lequel des mécaniques complexes animeraient les pièces sur un échiquier en trois dimensions.

Si vous avez perdu le gout de jouer, ou que vous êtes lassé des cinquante exercices tactiques pratiqués quotidiennement, ou que vous vous posez la question : « 1500 elo… pour quoi faire ? », il est temps de vous investir dans ce livre. Le jeu d’échec a une âme et Jonathan Rowson l’a rencontrée.

 

 

 

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